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Citations sur Un refrain sur les murs (17)

Tant de recommandations impératives lues dans des magazines, entendues dans des émissions de télévision, ou chez des voisines, régurgitées par le gosier de ma mère et qui tombent dans mes oreilles complices, pas dupes, mais quoi ? Elle et moi nous confirmons ainsi que nous avons compris comment marche le monde, les vrais gens, tout en sachant que nous passerons notre vie dans la marge si moelleuse des spectateurs.
(p. 47)
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Comment pouvait-elle feindre une joute sur le bouddhisme alors qu’elle connaissait à peine cette philoophie ? Si, peut-être, ici ou là, à la télévision, un débat, une émission du dimanche, mais de là à entretenir une conversation. Etait-ce cela, pérorer, vivre en société ? Ne pas craindre la médiocrité et le ridicule ? S’autoriser l’approximation pour obtenir le plaisir, tout simpe, tout ludique, de l’échange ?
Etait-elle folle ?
Ou bien, simplement, était-elle en vie ?
(p. 112)
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(...) je n'ai aucun don pour la conversation. Les mots me hantent à longueur de journée, en valse incessante. Mais lorsqu'il s'agit de les amener dehors, ils me paraissent vains, de fumeuses musiques de restaurants, qui inondent et embrouillent.
(p. 73)
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Isabelle
Vacances ? Le gouffre, oui. Le tourbillon. Peut-on parler de vacances quand on a écrit sur sa liste de choses à faire, en soignant les pleins et les déliés pour que les secondes s’écoulent un peu plus : « prendre RDV chez le Dr Normand pour prescription d’antidépresseurs … » ?

Romane
Envie de hurler ! Putain ! Cette chambre, ça suffit. Mon enfance en mausolée. La peinture écaillée, les petits anges ! Ils ont vu ma gueule, les petits anges ? (…)Je vais leur faire la peau. L’heure est venue. Plus personne pour m’en empêcher. Plus de maman maniaque dans le secteur qui retiendrait ma main d’agressive, d’enfant à problème, de gueule qui l’ouvre, de ventre qui vrombit (…)
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Dans mes années de repli, j'aurais, je le sais, inventé un compas à acheter, une règle pour mon fils, un crayon à papier pour ma fille. Tout plutôt que de rester pantoise devant un homme, liquéfiée et confondue. J'aurais trimballé cette "honte" avec moi jusqu'à la maison et aurais rougi toute seule en déballant l'achat inutile de son sac en plastique, preuve intangible de m lâcheté. (p.168)
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Les talons mi-hauts d'Isabelle, claquèrent sur le bitume. Ils quittaient parfois les trottoirs trop étroits pour s'enfoncer dans le goudron tiède de la rue. La nuit n'était pas encore dans la place, mais elle s'approchait, main douce et enveloppante qui prend son temps pour vous étreindre. La chaleur pesait et et le silence aussi. So What était beau. Sa longue silhouette flânait avec un déhanché un peu animal qu'Isabelle n'avait pas encore remarqué. Il flottait dans une chemise en lin bleu ciel et un jean élégant. Ses yeux ronds souriaient doucement.
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Sur le seuil de la chambre de ma fille, So What s'insurge. Certes, j'ai raison. Certes, il n'y a rien à dire à des balivernes pareilles, mais si on crée pas un peu d'inutile dans ce monde, de l'inutile gratuit bien sûr (car l'inutile lucratif ne manque pas "achetez du vide, braves gens !") on va l'encourager dans sa pente naturelle, l'efficacité, le profit, la performance. Selon lui (So What) il faut dresser des statues en l'honneur de l'inutile, du bavardage, des fadaises et du chahut : Il est de notre devoir de citoyen de continuer de parler pour ne rien dire, et à brasser de l'air ! Si !
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Romane : Oui je l'ai admiré ma mère. Petite et puis quelques années encore. Jusqu'à ce que ses quinze tonnes de banalités me sautent à la figure. Icône de l'incapacité à bousculer, à désobéir, à mordre. L'anonymat érigé en victoire
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Isabelle soupira. Son œil frémit. Elle s'en voulait d'être ainsi suspendue aux mots d'un homme, son cadet de surcroît, comme s'il était le principal, ou l'inspecteur d'académie. Pourtant c'était bel et bien ainsi qu'elle fonctionnait. Quand elle n'était pas immobile et qu'elle avançait un peu, chaque pas craignait l'explosion de la mine, attendait la note, espérait la moyenne, le regard de son père, ou de Pierre (son ex mari père de ses deux enfants Romane et Adrien), ou de Dieu. Elle s'en voulait et se dit qu'un jour, elle aimerait avancer sans l'appel d'un autre ou d'une autre. Seule.
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Isabelle transpirait presque. Elle savait, elle devinait, que si on lui adressait la parole, à elle, l’invisible, c’était à cause de cette nudité d’août. Sans ses enfants, sans son travail, sans sa mère à porter, elle ne pouvait que regarder nulle part et l’homme avait su saisir les secondes offertes par cet espace ouvert. (page 40)

IL n’y aura jamais de cohue pour voir ce que nous valons Isabelle. Ni nos proches, ni la société, si même les artistes (les artistes attendront qu’il y ait quelques lignes dans la rubrique Faits divers du journal local, le jour de notre suicide ou de notre dérapage, pour commencer à s’intéresser à nous…). Alors pour ceux qui nous aiment il faudra donner un petit coup de pouce. Sinon nous ne pourrons pas leur en vouloir de ne pas avoir deviné ce que nous nous évertuions à cacher. Un jour il faudra les aider un peu. p 174

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