Citations sur La naine (116)
- Tu crois pas que non ! La Nène est amoureuse du Jean maintenant !
- Qué Jean ?
- Le Jean ! Celui qui est tant sale ! Enfin tu sais bien : celui qui travaille à l’imprimerie !
- Moun Diou ! Laisse-moi m’asseoir que ça me coupe les jambes !
Elle dut, la Miane, se mettre les mains sur la tête :
- Mais tu imagines un peu les enfants que ça va faire ça ?
Et l’Uiaoudo dut branler du chef affirmativement, accablée. Après quoi, courageusement, elle reprit son paquet de « Croix » pour aller porter de seuil en seuil la scandaleuse nouvelle.
J'appris qu'une ride visible au grand jour ne se perçoit pas sous les doigts lorsqu'on la caresse.
Après avoir vu en fleur ces aspidistras alors que pourtant, sur la place, ils étaient toujours parfaitement verts et stériles, j'étais prêt à croire n'importe quoi.
L'effroi permanent devint mon partage. Mais j'avais quatorze ans et le vol d'une mouche suffisait à m'émerveiller.
Insomniaque depuis la plus tendre enfance, la lecture me soutenait jusqu'à des trois heures du matin. Si j'étais en train de lire, la plus belle fille du monde pouvait croiser ma route, je ne levais pas mes yeux.
J'étais absent au monde pour cause de lecture. Je lisais d'ailleurs n'importe quoi. L'enchaînement magique des mots, même s'il était imparfait, médiocre ou vulgaire, ce dont parfois j'avais l'intuition, me tenait lieu de tout bonheur.
Aussi m’ouvris-je, à coups de poing une fenêtre sur le rêve. Il m’était tombé du ciel, en mon extrême nécessité, une incroyable aubaine : j’aimais lire. Lire me remplaçait tout. Je le faisais partout : en marchant, en mangeant, aux latrines.
Chez nous, lorsqu'on veut exprimer le passé douteux ou simplement inconnu d'une femme dont on n'a pu suivre la vie limpide depuis la naissance, on dit qu'elle a été cantatrice.
Nous avions un corbillard haut sur pattes, maigre comme une vieille fille, ......
Il était attaqué d'autant de vers que les dépouilles qu'il avait, depuis lors, voiturées.
Il craïnait disait les anciens.
C'est à dire qu'il grinçait à fendre l'âme.
Il couvrait, par ses protestations de vieillesse, les sanglots et les cris de souffrance de ceux qui avaient aimé son passager.
On lui confiait aussi la garde du bébé dans son landau pendant que les mères couraient les magasins. Mais ça, c'était après lui avoir bien recommandé de ne pas se pencher sur le berceau, afin que le lardon, brusquement réveillé, ne mourût pas de saisissement.
Lorsque la naine quittant la pénombre de la boutique s'engageait sous les érables, c'étaient les gradins d'une arène sauvage qui la guettaient. Mesurer quatre-vingt-huit centimètres de haut, en dépit de l'habitude qu'on en avait, et de surcroît traîner dans son histoire tant de morts par accident, cela n'était indifférent à personne. Ça alarmait. On faisait en sorte de la cacher aux femmes enceintes, aux mariées de fraîche date. On interdisait aux écoliers de croire que parce qu'elle était de leur taille et qu'elle portait un tablier et un nœud dans ses cheveux, elle était semblable à eux. On n'y avait pas grand mal d'ailleurs. Sa grosse tête effrayait les enfants.
Je ne craignais pas les piqûres d’orties. Mes grand-mères m’avaient appris très jeune à les supporter et même à les provoquer. Elles m’en frottaient vigoureusement les fesses malgré mes hurlements. Elles les paraient de vertus mystérieuses, en faisaient des soupes, des omelettes, des gratins.