Nous étions seuls, le tigre et moi, au milieu de la forêt, séparés par les barreaux de la cage. Je le considérai un instant et il me sembla que le seul oeil qui vivait dans son mufle, son grand oeil vert et phosphorescent était une lampe qui éclairait non seulement la clairière devant lui et les arbres qui l'entouraient, mais aussi les profondeurs de mon âme.
Mais ce qui me troublait profondément, c'était la correspondance que j'établissais entre le chant de l'oiseau et mon propre désir intérieur de voir la lumière. Moi aussi, je sentais que le soleil levant était proche, que les ombres du mal allaient se dissiper dans la forêt de mes pensées et j'aurais voulu pouvoir regarder, du haut d'un cocotier poussé en plein ciel de l'âme, la naissance de mon soleil.