Ne le dis pas à maman… Comme si elle ne le savait pas. Elle le sait mais a choisi d'aimer son mari plutôt que de protéger sa fille. Mari qui, soit dit en passant, n'a pas daigné se déplacer à son chevet la nuit de son décès.
Antoinette (Toni) a deux papas. Celui adorable qui joue au “jeu de la famille heureuse” inventé par sa mère pour faire bonne figure à l'extérieur. Et celui qui, pendant des années, va la battre et la violer jusqu'à ce qu'elle tombe enceinte.
Sa mère, quant à elle, gardera le silence et l'image de l'homme séduisant qu'elle avait rencontré autrefois, même quand la justice déclarera le père coupable.
Au-delà de l'histoire tragique de Toni, ce témoignage pointe les failles de l'école, qui n'a pas vu la détresse de la petite fille et à choisi de renvoyer Toni après l'avortement, des hôpitaux, qui n'ont pas questionné outre mesure la tentative de suicide de Toni, de la famille élargie qui a choisi, malgré les faits, de soutenir le père et de couper les ponts avec la fille, la laissant seule avec sa souffrance, sa honte et sa peur. Et enfin, le sous-titre (les abus d'un père, la trahison d'une mère) et tout le livre met en exergue les failles de la mère, qui n'a ni su ni voulu protéger sa fille.
Ne le dis pas à maman. Elle le savait, maman, mais elle n'a rien fait. Si maman n'entend pas, qui le fera ? Si maman ne protège pas, qui le fera ? La plupart des enfants victimes d'inceste parlent (ou tentent de mettre des mots sur l'indicible) à leur mère ou à quelqu'un de très proche, dès la première agression. Si cette personne n'entend pas la détresse de l'enfant, celui-ci interiorisera pour longtemps que ce n'est pas la peine d'en parler, personne ne les croira.