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Critique de Baudelaire13


Publiées en 1821, à titre posthume, « Les Soirées de Saint-Pétersbourg  ou entretiens sur le gouvernement temporel de la Providence » sont, sans nul doute, l'oeuvre maîtresse de Joseph de Maistre.

Réunis lors d'un été dans une maison de campagne au bord de la Néva, trois personnages (un sénateur russe, un chevalier et un comte français) vont se livrer à une discussion mêlant histoire, philosophie et théologie. A travers eux, Maistre exprime de façon frappante, voire provocatrice, sa vision de l'homme et du monde - vision en opposition frontale avec celle ayant cours en Occident depuis la Révolution française.
Sa bête noire est donc, on ne saurait s'en étonner, le Siècle des Lumières : « Il faut absolument tuer l'esprit du XVIIIe siècle » disait-il.

D'où une attaque en règle, un renversement, une démolition de tout ce qui constitue le credo moderniste:
- Le Progrès (idole qui n'existe pas);
- les Libertés (qui ne sont qu'errements);
- les Droits de l'homme (simples fantasmes);
- la Tolérance (maligne faiblesse);
- la Démocratie (pure et dangereuse illusion)…
Et de s'en prendre aux « philosophes » pernicieux de l'époque: Locke, Montesquieu, Rousseau, et, en premier chef, Voltaire dont il fait un portrait au vitriol que résume l'alexandrin: « Paris le couronna, Sodome l'eût banni. »

Pour Maistre, en effet, la raison humaine, dégradée par le péché originel, étant imparfaite et viciée, ne peut réussir à fonder un système politique cohérent et irréfutable (les innovations sont vaines et récusables à l'infini); il vaut donc mieux s'en remettre à la Tradition, monarchique et catholique, qui a fait ses preuves au cours des siècles.
C'est en acceptant l'ordre providentiel, avec le puissant levier de la prière, et donc la souffrance inhérente à ce monde que l'homme, nécessairement injuste et pécheur, pourra se régénérer - expier ses fautes et celles de ses semblables (c'est pourquoi , « la guerre est divine »!)
Le tout dans un style de haut vol, héritier des grands prosateurs du XVIIe siècle assaisonné d'ironie assassine (voltairienne, si j'ose dire!…)

« Ce soldat animé de l'Esprit-Saint » comme l'appelait Baudelaire (qui l'admirait à l'égal d'Edgar Poe) eut une influence certaine tout au long du XIXe siècle: dans le domaine littéraire, outre l'auteur des « Fleurs du Mal », le légitimiste Balzac revendiqua l'héritage maistrien: nombre d'idées contre-révolutionnaires de notre auteur peuvent ainsi se retrouver dans « La Comédie humaine ». Dans le domaine proprement politique, il est avéré que Charles Maurras, le fondateur du mouvement royaliste « L' Action française », a pris à son compte certaines de ses positions.

Joseph de Maistre? S'il fallait le définir, on pourrait dire de lui qu'il fut l'impie - l'athée de toute pensée progressiste!



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