Citations sur Notre Mère la Guerre, tome 3 : Troisième complainte (23)
Le passé a ses malices que nos destins ne peuvent éviter.
Vous verrez une chose quand la guerre sera finie, mon lieutenant : on essaiera de leur raconter, et c'est nous qui aurons tort !
Quand ils nous féliciteront pour nos charges héroïques et qu'on leur avouera avoir juste crevé de trouille dans nos trous pendant des années, ils n'en voudront pas de notre petite vérité !
Vous parlez d'un bizness ! Je me demande si je vais pas réclamer l'aviation, tiens, pour finir la guerre! Je maniais plutôt pas mal le cerf-volant quand j'étais loupiot.....
Des fois j'me dis : si la guerre dure tant, c'est qu'une fois qu'elle vous a touché, c'est elle qui vous nourrit et vous ne pouvez plus vivre sans.
Croyez-moi, le jour où elle s'arrêtera, elle fera peut-être encore plus de morts après. On les verra moins, c'est tout.
On s'est foutu sur la gueule pendant un bon millénaire et, d'un coup d'un seul, faudrait qu'on soit copains !
Croyez-moi, mon lieutenant, le Rosbif c'est tout que du fourbe, et quand c'est dans la place, ça s'accroche au moindre arpent, pire qu'un morpion ! C'est pas de leur faute, notez, c'est une mentalité d'îlien : ça se sent toujours à l'étroit, alors faut que ça pousse les murs ! Parole de marin !
La maréchal des logis Fernand Desloches continuera de se battre jusqu'au bout, malgré la rancoeur, l'aigreur, la solitude, le découragement, la peur...
Il se battra encore parce qu'il ne sait plus faire que ça, parce qu'il en a déjà trop vu, et qu'il serait insupportable que ce fût vain.
Les soldats auront beaucoup de choses à dire après la guerre. Mais j'ai bien peur qu'on ne les écoute pas, ou pire, qu'on les écoute mal. Alors, entraîné par ces silences, le soldat se taira lui aussi. Ou pire, il racontera mal, ouvrant la porte aux renoncements préparant les futurs recommencements.
Hé, mon cochon ! T'es bien à l'abri des balles, embusqué dans ton usine, toi ! Et, tu voudrais qu'on te donne encore plus de sous ?!
- C'est pas pour la grève qu'on fait ça, beau soldat ! Écoute, c'est pour la paix aussi ! C'est pour toi ! Et pour ta femme, et pour tes gosses ... A bas la guerre !
Oui, Desloches a raison : les soldats auront beaucoup de choses à dire après la guerre. mais j'ai bien peur qu'on ne les écoute pas, ou pire, qu'on les écoute mal. Alors entraîné par les silences, le soldat se taira lui aussi. Ou pire, il racontera mal. Ouvrant la porte aux renoncements, préparant les futurs recommencements.
Alors on a dit non, pas moyen. S'il veut alimenter sa boucherie, Nivelle a qu'à y porter sa viande tout seul !