La conversation a été quelques instants enjouée. On a plaisanté sur l'interminable valse-hésitation de la veille. On a moqué un des convives, le plus bruyant, qui avait réussi le tour de force d'être successivement le virulent avocat des deux thèses contradictoires. Il avait passé la première partie de la soirée à tenter de les dissuader de prendre la route (le mois de juillet rédhibitoire, etc.) et s'était acharné en fin de soirée, avec la même passion, à leur vanter les charmes du Tishka en été. Puis le silence s'était de nouveau installé. Le silence et aussi une espèce de gravité. Ils tenaient tous au fond, dans cette histoire, à ne pas se laisser aller à la moindre émotion, à rester au bord d'eux-mêmes, à faire comme si c'était une virée. Une simple virée dans le Sud saharien. Qu'était-ce d'autre d'ailleurs ?