Citations sur Journal d'un vampire en pyjama (376)
"Pour endiguer l'angoisse, j'imagine le cambriolage de la banque de sperme par un gang de veuves. Elles sont 5, armées de pistolets et de glacières. Elles ont mis du rouge à lèvres et se sont bien coiffées parce que c'est un rendez-vous terriblement romantique . Elles vont enfin devenir mères "
Ici, j'ai droit à rien, si ce n'est me reposer. Je suis installé dans un aquarium sans eau. Des poissons exotiques sous vide viennent prendre ma température. Deux grandes fenêtres rectangulaire m'offrent un fantastique belvédère sur le Panthéon. Le reste n'est que linoléum, placards en plastique et lit télécommandé. Heureusement, il y a un vélo d'appartement.
Je laisse mes habits de chanteur de rock dans un sac identique à celui qui j'ai récupéré après la mort de ma mère et j'enfile l'uniforme du prisonnier médical : le pyjama en papier.
Le rasoir s'arrête, l'opération tête d’œuf est terminée. mes cheveux sont par terre, l’infirmier les balaye discrètement. C'est une nouvelle bizarrerie mélancolique de voir ses cheveux tomber dans une poubelle. Il est temps de regarder le vampire en pyjama dans la glace.
Ben ça va. Je m'assume en Eggman. Un Kinder à tâches de rousseur. On dirait encore plus un vieil enfant, ou un jeune Nosferatu. Avec mon menton enflé, j'inaugure un look de petit frère Bogdanov chauve.
J'observe mon reflet dans le miroir que j'utilise pour me raser. Mes joues sont devenues des bajoues. Ô joie de la cortisone. Je suis entrain de me transformer en hamster. J'aurais pu devenir une chauve-souris comme n'importe lequel vampire, mais non, quand on est un petit roux, on vire plutôt hamster.
Si je me sors de tout ça, je deviendrai un autre homme. Je sens déjà la métamorphose opérer. Moi qui ai tant rêvé de chimères, géant, monstres amoureux et autres sirènes, me voici au combat pour un retour à la normalisé. Le plus intense des comtes de fées (...) Pour moi l'amateur de rêves, le plus beau cadeau serait de pouvoir revivre "comme tout le monde".
Je me bats comme un lion contre cette maladie que je comprends à peine. Même si pour l'instant je ne suis qu'un chat avec un pyjama trop grand qui ne dupe personne, pas même moi.
Quand j'étais petit, je croyais que les pompes funèbres vendaient des chaussures pour les morts. Des modèles vernis, neufs pour toujours, qui auraient le droit de faire mal aux pieds.
Mais minuit sonne déjà et le vampire que je suis doit retourner dans son pyjama. Demain, c'est biopsie de peau et transfusions. Et débrouille toi pour ne pas t'écrouler. Je tente de garder un stock de joie au creux de ma nuit. J'en aurai besoin pour franchir le glacier médical demain matin.
Aujourd'hui j'assiste à ce prodige en direct: mon corps repousse! Je me suis vu mourir, je me vois renaître. Bientôt, je deviendrai un autre moi. Libre de tout recommencer. Cette idée pulvérise la mélancolie. (p.247)
Puisque je suis prisonnier de mon propre corps, je dois plus que jamais apprendre à m'évader par la pensée. Organiser ma résistance en mobilisant les ressources de l'imagination. Je vais travailler dur au rêve de m'en sortir. Il me faudra une volonté en fer forgé. Un truc de marathonien. Foulée après foulée. Rythme et constance. (...) Doser l'espoir au jour le jour. Transformer l'obscurité en ciel étoilé. (...)