AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Journal d'un lecteur (51)

Lorsqu’on se sent bien plus proche de la fin que du début, on réalise que cet amas de distorsions, méandres et raccourcis qu’est la vie ne vaut que par les derniers souvenirs qui subsistent, lesquels n’altèrent pas le passé, ne descellent pas le présent, mais pèsent de subtile et inexorable manière sur ce qui reste d’avenir.

La démarche de Niembsch (répétition, quête de l’immobilité, abolition du temps, traversée des apparences jusqu’à l’avènement d’un nouveau langage, débarrassé des scories du sens) m’a bouleversé, fasciné, tout en comprenant dès la première lecture qu’elle ne sera pas mienne.

J’aimerais que l’on se souvienne de moi comme de quelqu’un qui a fait quelque chose des « recoins de la perte », pas seulement pour lui-même, mais – au moins tout autant – pour autrui.
Commenter  J’apprécie          00
* « Maintenant que je commence à pressentir la certitude d’une fin, j’apprécie d’autant mieux tout ce à quoi je me suis habitué: mes livres préférés, les voix, les présences, les goûts, l’environnement, en partie parce que je sais que je ne serai pas toujours là. »

Rien d’autre, rien de plus – et, surtout, pas mieux!

* « Les amis que j’ai en mémoire sont figés dans le temps, comme saisis par une pellicule photographique. Ils ont l’âge qu’ils avaient la dernière fois que je les ai vus: je ne suis pas sûr qu’ils me reconnaitraient aujourd’hui. Ils sont ce que je sais du passé. »

Tout comme il en va, simultanément, de « l’influence de l’avenir » sur ce dernier, comme le disait si bien le Morel de Bioy s’adressant à sa bien-aimée Faustine (comme j’aimerais savoir ce qu’en diraient de cela Claire, Branca, Isa, Françoise, Zaïra, Martine, Sirlene, Alain, Hélio, Guilhem, Thierry, François et quelques autres!)

* Qu’est-ce le Brésil pour moi (outre la patrie choisie, celle dont nous rêvons tous que la vie nous en fera un jour don) sinon « la distance en soi, l’archétype de l’ailleurs »?

* « Ma nouvelle chambre / est vaste, plus vaste en tout cas / que ne sera mon tombeau. » (Bakr-al-Sayyab, poète irakien cité par Manguel)

Je m’efforce de ne pas trop y penser, L’agir (dans ce qu’il accomplit, voire dans sa possibilité même) est à ce prix.

* Si « nous ne voyons que ce que nous nous attendons à voir », si nous sommes si souvent incapables de comprendre que « le moindre cadeau du hasard » vaut toutes les richesses du monde, c’est parce que, épris de finitude même si nous passons notre temps à nous persuader du contraire, « nous ne choisissons que ce qui demeure », peut-être seule manière de « contrebalancer l’absence », celle qui ne s’incarne ni en ceci ni en cela, qui n’a ni nom ni visage…
Commenter  J’apprécie          00
Borges disait quelque part (en parlant d’un brave, ce qui n’étonnera que ceux qui ne l’ont pas lu, ou connu) que dans la vie d’un humain il n’y a qu’un instant qui compte pour de vrai, celui où l’on sait une fois pour toutes QUI l’on est. Il se peut néanmoins qu’il y en ait un autre, illimité celui-ci, où l’on comprend que nos vies ne sont que l’envers de quelque chose qu’on ignore. Il peut parfois arriver – sans qu’on sache comment ni, surtout, pourquoi – qu’on le découvre, mais c’est si rarement le cas… Peut-être alors qu’être brave, ou couard, ou tout simplement « étant » ne tient qu’à la distance de l’endroit rêvé, ou haï, ou nié que l’on ne parcourra, enfin libre, qu’une fois happé par la lente lumière blanche.

Publicités

REPORT THIS ADCONFIDENTIALITÉ
Publié dans Vases communicants | 1 Comment »

JOURNAL D’UN AFFRANCHI (CCCCCCLXXXIX): Dialogues épars (9): Alberto Manguel: « Journal d’un lecteur » (première partie)
31 août 2021 par Rougier

wp-16304051856978592806594427622928.jpg

(sauf indication contraire, toutes les citations – en italique et entre guillemets – en sont extraites)

* Par amour, le narrateur de « L’invention de Morel » de Bioy Casares accepte, même en sachant qu’il y allait de sa vie, de se glisser dans une réalité que l’on appellerait de nos jours « virtuelle » (mais que Manguel appelle « perpétuelle »), finit par y parvenir et en paie le prix. D’un autre côté, si l’immortalité n’est que « persévérance de la mémoire », comment ne pas voir que de fait c’est ce même narrateur qui a gagné, à jamais? Qu’aurais-je fait à sa place? Probablement la même chose, ce qui m’aurait offert à la fois l’impossible bonheur et le regret de ne pas pouvoir tracer ces lignes…

* Entrevoir « la bibliothèque comme doppelgänger », savoir faire de la lecture (« cette tâche confortable, solitaire, lente et sensuelle ») une vraie « conversation » est sans doute un privilège, et il est de notoriété publique que je suis pour leur abolition à tous. Je ne crois néanmoins pas vous surprendre en avouant que celui-ci serait à n’en pas douter le dernier de la liste…
Commenter  J’apprécie          00
Nous considérons qu'il va de soi que ce qui nous enchante doit enchanter les autres; en réalité, nous finissons tous par nous apercevoir que notre cercle personnel de lecteurs complices, de ceux qui partagent nos amours intimes est très réduit.(Onze amis assistent aux funérailles de Braz Cubas lorsqu'il commence le récit de sa triste existence; onze seulement.)
Commenter  J’apprécie          20
Je n'aime pas qu'on me résume un livre. Tentez moi à l'aide d'un titre ,d'une scène ,d'une citation ,oui, mais pas de toute l'histoire .Amis enthousiastes, quatrièmes de couverture, enseignants et histoires de la littérature sabotent une grande partie de notre plaisir de lecture en révélant l'intrigue. Et, l'âge venant , la mémoire aussi peut gâcher le plaisir d'ignorer ce qui va se passer. Je me rappelle à peine ce que c'était de ne pas savoir que le docteur Jekyll et Mr Hyde étaient la même personne ,ni que robinson Crusoé allait rencontrer Vendredi,
Commenter  J’apprécie          30
Mes lectures colorent non seulement mon expérience du monde mais aussi celle de la page lue. Je suis souvent surpris de retrouver la voix d'un auteur que j'ai lu chez un autre tout différent, à des continents et des âges de distance. ( p.241)
Commenter  J’apprécie          120
Pour Machado de Assis (de même que pour Diderot et Borges), la page de titre d'un livre devrait comporter les deux noms de l'auteur et du lecteur, puisque tous deux en partagent la paternité. (p. 230)
Commenter  J’apprécie          20
"Le plus grand défaut de ce livre c'est toi, lecteur", déclare Machado de Assis sur un ton accusateur, arrivé à la moitié des -Mémoires posthumes de Braz Cubas- (que je suis en train de lire une fois de plus)."Tu es pressé de vieillir et le livre progresse avec lenteur; tu aimes les récits directs et animés, les styles aisés et réguliers, et ce livre ainsi que
mon style sont pareils aux ivrognes, ils virent à droite et à gauche, ils avancent et s'arrêtent, se plaignent, crient, rient aux éclats, menacent le ciel, glissent et tombent.." (p. 230)
Commenter  J’apprécie          10
Marguerite Yourcenar : "Le véritable lieu de naissance est celui où l'on a porté pour la première fois un coup d'oeil intelligent sur soi-même : mes premières patries ont été des livres. " (p. 209)
Commenter  J’apprécie          30
J'éprouve une si grande affection pour les-Mémoires posthumes de Braz Cubas- que je suis toujours surpris de constater combien peu de mes amis les ont lus. Nous considérons qu'il va de soi que ce qui nous enchante doit enchanter les autres; en réalité, nous finissons tous par nous apercevoir que notre cercle personnel de lecteurs complices, de ceux qui partagent nos amours intimes, est très réduit. (p. 232)
Commenter  J’apprécie          10






    Lecteurs (262) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (5 - essais )

    Roland Barthes : "Fragments d'un discours **** "

    amoureux
    positiviste
    philosophique

    20 questions
    861 lecteurs ont répondu
    Thèmes : essai , essai de société , essai philosophique , essai documentCréer un quiz sur ce livre

    {* *}