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Citations sur Journal d'un lecteur (51)

En espagnol, le mot signifiant attente, espera, a la même racine qu’espoir, esperanza. A propos de l’expression, sala de espera ( salle d’attente ) , Gide s’émerveille, dans son journal: quelle belle langue que celle qui confond l’attente et l’espoir.
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Titre pour un essai : "la bibliothèque comme Doppelgänger." (p. 33)
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A comparer avec cette observation de Stevenson : "Notre mission dans la vie n'est pas de réussir, mais de continuer à échouer sans perdre le moral." (p. 164)
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Les livres que je prends au lit, le soir, et ceux que je trie dans la bibliothèque durant la journée sont des livres différents. Les premiers m'imposent avant que je m'endorme leur temps et leur longueur, le rythme de narration qui leur sont propre ; les autres sont soumis à mes notions personnelles d'ordre et de catégories et m'obéissent presque aveuglément (il arrive qu'ils se révoltent et que je doive les changer de place sur l'étagère). (p. 39)
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Des savants ont imaginé qu'avant la naissance de l'Univers existait un état de potentialité où le temps et l'espace se trouvaient en suspens, "dans un brouillard de possibilités", selon la formule d'un commentateur, jusqu'au big-bang. Une telle existence latente ne devrait étonner nul lecteur, pour qui tout livre existe comme en rêve jusqu'à ce que les mains qui l'ouvrent et les yeux qui le parcourent en éveillent les mots. Les pages que voici représentent ma tentative de rendre compte de quelques-uns de ces éveils.
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Ces derniers temps, néanmoins, la profession d'écrivain a acquis des caractères autrefois propres à celles de commis voyageur ou d'acteur du répertoire, et l'on attend des écrivains qu'ils se produisent en représentations uniques dans des lieux reculés pour y chanter les mérites de leurs propres livres en lieu et place de balais-brosses ou d'encyclopédies. (p. 13)
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« L’amitié, ce rapport sans dépendance, sans épisode et où entre cependant toute la simplicité de la vie, passe par la reconnaissance de l’étrangeté commune qui ne nous permet pas de parler de nos amis, mais seulement de leur parler, non d’en faire un thème de conversations (ou d’articles), mais le mouvement de l’entente où, nous parlant, ils réservent, même dans la plus grande familiarité, la distance infinie, cette séparation fondamentale à partir de laquelle ce qui sépare devient rapport. Ici, la discrétion n’est pas dans le simple refus de faire état de confidences (comme cela serait grossier, même d’y songer), mais elle est l’intervalle, le pur intervalle qui, de moi à cet autrui qu’est un ami, mesure tout ce qu’il y a entre nous, l’interruption d’être qui ne m’autorise jamais à disposer de lui, ni de mon savoir sur lui (fût-ce pour le louer) et qui, loin d’empêcher toute communication, nous rapporte l’un à l’autre dans la différence et parfois le silence de la parole.

Il est vrai que cette discrétion devient, à un certain moment, la fissure de la mort. Je pourrais m’imaginer qu’en un sens, rien n’est changé: dans ce « secret » entre nous capable de prendre place, sans l’interrompre, dans la continuité du discours, il y avait déjà, du temps où nous étions en présence l’un de l’autre, cette présence imminente, quoique tacite, de la discrétion finale, et c’est à partir d’elle que s’affirmait calmement la précaution des paroles amicales. Paroles d’une rive à l’autre, parole répondant à quelqu’un qui parle de l’autre bord et où voudrait s’accomplir, dès notre vie, la démesure du mouvement de mourir. »

(Maurice Blanchot: L’amitié)
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« Et le jardin de lys est toujours sur l’autre bord du fleuve. Que l’âme demande si c’est loin, on lui répondra: sur le bord du fleuve, pas celui-ci, mais celui-là. »
(Alejandra Pizarnik)
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C’est avec un pincement au coeur (plutôt gros que petit) que je me rends compte que le jour de prendre congé de vous est arrivé. En effet, je pars dans moins de deux semaines au Brésil, pays où j’a vécu, travaillé et milité pendant presque 13 ans et d’où est originaire ma compagne (nous nous sommes rencontrés à Paris en 1987 et ne nous sommes jamais quittés depuis). Je ne sais pas quand je rentrerai (ni si, à vrai dire…lol). Le fascisme, le vrai, le tatoué, à la fois grotesque et terrifiant (comme il avait raison, le père Brecht!) y est au pouvoir depuis 2018. Il voit, certes, se dresser contre lui tout ce que le pays compte de démocrates – y compris une partie de la bourgeoisie -, mais nous savons tous qu’il n’y a rien de plus dangereux qu’une bête blessée. J’ai donc décidé – contre l’avis des camarades sur place, lesquels, prenant en compte tant le danger lié à la répression accrue qu’au Covid19 pas du tout jugulé dans un pays où 18% à peine de la population est vaccinée, m’ont exhorté à ne pas m’y rendre pour le moment – que ma place est (plus encore qu’en 2019, plus que jamais même) à leurs côtés, et nulle par ailleurs. Je ferai cinq longs séjours dans des campements de paysans sans terre situés dans quatre états différents et deux autres, assez fournis en activités militantes aussi, chez les Yanomamis et les Guajajaras. Tout est déjà organisé et planifié, j’espère pouvoir au mieux contribuer, dans la mesure de mes modestes moyens, à la victoire de notre cause commune – devoir de tout militant internationaliste.

Nous avons, je le crois vraiment, passé de bons moments ensemble, parfois même bien plus que cela – si je n’en dis pas davantage c’est parce que la sentimentalité à deux sous n’est absolument pas la spécialité de la maison. Pour ces échanges (et ils ne furent ni rares, ni pauvres), je vous remercie à toustes, du fond du coeur. Twitter a toujours été pour moi ce qu’il se doit d’être, ni plus ni moins, à savoir un réseau social au sens plein du terme, ni confessionnal, ni table de dissection, ni divan de psychanalyste, et encore moins une juxtaposition de sous-groupes, sous-familles et sous-coteries, mais un ensemble d’une incroyable diversité et richesse permettant à chacun de butiner comme il l’entend et de piocher dans ce qui semble le plus proche. J’ai toujours tenu à partager avec TOUS ce qui, à mon sens, appartient au domaine public (mes lectures, mes écrits, mes engagements – qu’ils soient politiques ou autres -, mes coups de coeur touchant à la littérature, à l’art, au cinéma, à la musique, aux voyages – et mes détestations itou), en écartant soigneusement ce qui relève du domaine strictement privé, lequel n’a pas, à mon sens, pas sa place sur Twitter, du moins sur nos TL. C’est comme cela que j’ai toujours fonctionné, tout en comprenant parfaitement qu’il puisse y avoir d’autres manières d’envisager les choses, ce que j’accepte tout à fait. Nous ne nous sommes, bien entendu, tous connus physiquement, et compte tenu de l’extraordinaire variété humaine du bloc d’abonné(e)s, nous ne nous serions peut-être pas tous aimés en avançant dans la connaissance. Ce que je sais, c’est que j’ai toujours traité tout le monde (sauf les fafs, les rouges-bruns et les néolibéraux intégristes) avec un respect où l’affect eut souvent sa place – la réciproque étant, dans l’immense majorité des cas, pleinement vraie aussi, et c’est ce qui compte.

Il m’arrive d’évoquer la citation du Che à propos d’un récit de Jack London qui lui revint un jour à l’esprit « où le héros, appuyé sur un tronc d’arbre, s’apprête à finir dignement sa vie ». Pour des raisons, non pas religieuses, mais éthiques et, disons-le comme cela, également politiques, je me suis toujours tenu aussi loin que faire ce peut de l’idée du suicide (alors que je peux la comprendre chez autrui, pour autant qu’on puisse comprendre l’acte le plus personnel, le plus intime touchant un être humain, acte qu’à mon sens l’on peut encore moins « expliquer »), et c’est plus que jamais le cas. Mais je pense aussi qu’il y a une grande différence entre « se suicider » et « finir dignement sa vie », surtout à mon âge. Je n’ai rien d’un héros, mais s’il m’est arrivé, quand ce fut nécessaire, d’être assez courageux, il conviendra cette année de remplacer « courageux » par « téméraire », attribut s’appliquant à celle ou celui qui ne se soustrait pas à son destin, seule chose au monde à laquelle je crois, alors que ce n’est le cas ni de cette puissance « supérieure », toute puissante et omnisciente (quel que puisse être le nom qu’on lui donne), ni du hasard, fût-il « objectif ».

Nous resterons connectés, mais relativement peu, soit parce que, pour d’évidentes raisons, il y a plein d’endroits où je me trouverai sans connexion, soit parce que, même là où j’en disposerai, je n’aurai pas toujours le temps d’en profiter.

En attendant, je vous souhaite le meilleur et, surtout, la paix du dedans, avec soi-même comme avec le monde, seule permettant, tout à la fois, d’essayer de l’accepter et d’oeuvrer à la changer.

Que Dame Fortune vous accompagne!
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« Se dire adieu, c’est nier la séparation, c’est dire: on joue à prendre congé aujourd’hui, mais nous nous retrouverons demain. Les hommes inventèrent l’adieu parce qu’ils se savent quelque part immortels, bien qu’ils s’éprouvent contingents et éphémères. » (Borges)
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