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Critique de horline


Ian Manook n'est pas Pierre Loti. Il pose un autre regard sur les pécheurs d'Islande du début du XXe siècle. Un regard qui n'a rien d'esthétique ni de romantique puisqu'à travers une fiction richement documentée il raconte ce qu'il y a de moins glorieux et de plus sombre dans ces campagnes de pêche à la morue qui voient s'éloigner des côtes françaises les islandais de Paimpol pendant six mois.
L'auteur s'attachant à rendre sensible l'itinéraire de ces pêcheurs dans sa dimension sociale et politique, on découvre des marins amarrés à presque rien naviguant entre deux drames, le pire de l'existence qu'ils mènent c'est la dureté et la maltraitance érigées en mode de fonctionnement élémentaire à bord des goélettes, conséquence du cynisme des appétits des armateurs.

Il y a donc de la noirceur et un sentiment d'impuissance qui embrassent le récit mais l'humanisme et le volontarisme qui animent les protagonistes éloignent la tentation du misérabilisme. Dans ces eaux receleuses de désastres, l'auteur a su se tenir à bonne distance de tout ce qui lesterait son histoire. Les personnages dotés d'une noblesse morale et de caractère sont attachants, l'écriture particulièrement immersive nous laisse voir ce que les légendes préfèrent ignorer et le texte dense est mené magistralement.
J'ai véritablement été fascinée par la précision du langage, des phrases réfléchies capables de renvoyer des images qui transpercent les yeux, pénètrent l'esprit et trouvent facilement prise sans que la langue soit spécialement travaillée ou sonore. En aventurier qu'il a été, Ian Manook donne richesse à un texte en décrivant parfaitement les paysages minéraux, ces falaises de basalte baignées par des eaux noires toujours menaçantes qui attendent leur heure en léchant les rochers des côtes islandaises.

Ce roman à la puissance incomparable n'est certes qu'une fiction mais l'exactitude de ses évocations l'érige en véritable recueil commémoratif.
Lecture passionnante.
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