AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de carolectrice


Le sillon, c'est celui qui recueille le "sang impur" évoqué dans "La Marseillaise" (l'auteure vit entre Marseille et Istanbul !), mais c'est aussi la traduction de "Agos", le nom du journal fondé par Hrant Dink, écrivain turc d'origine arménienne aux positions pacifistes assassiné en pleine rue par des nationalistes.
C'est ce destin-là que la narratrice-auteure, Française installée à Istanbul, tente de saisir en déambulant dans une ville coupée en deux par le Bosphore, tiraillée entre ses deux identités, européenne et asiatique, en multipliant les mises en abîme...
De cette Constantinople déchue où plane comme une ombre menaçante le génocide dont on ne doit pas prononcer le nom, où l'on tait ses origines par peur de se retrouver en prison, où la moindre publication peut vous valoir un procès, la narratrice fait le tour, avec un ton ironique et précis, suivant les écrivains au tribunal, portant haut les contradictions d'un pays étouffé par la censure et écartelé par ses minorités opprimées. Elle passe ses journées au café pour écrire, passant d'une rive à l'autre, interrogeant ses connaissances et amis aussi bien que les garçons de café, rendus mutiques par la peur et la paranoïa.
"Le Sillon" c'est le roman vrai des grands auteurs turcs persécutés, tels Elif Shafak (La Bâtarde d'Istanbul), Orhan Pamuk ou encore Asli Erdogan, des objecteurs de conscience, des journalistes et dessinateurs de "Charlie Hebdo" morts pour la liberté, de tous ces héros qui se battent contre la censure et les extrémismes religieux avec leur plume.
Sur ce, je m'en vais de ce pas lire La Bâtarde d'Istanbul !
Commenter  J’apprécie          94



Ont apprécié cette critique (9)voir plus




{* *}