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Citations sur Presque toutes les femmes (33)

Je souris toujours
Tout le monde croit que je suis une enfant heureuse
Une adolescente heureuse.
Une mère heureuse, une prof heureuse, une romancière heureuse.
Et Viva la commedia!
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Le temps passe. Je suis mariée, et il se trouve que j’aime mon mari. Le temps passe encore, et je ne me lasse pas de lui. Rarement j’ai connu un tel accord des corps, des cœurs et des esprits. Je lui suis fidèle. Nous avons deux filles : des merveilles.
Résumons. Je suis entrée dans l’ordre. Le bon, le dur, du béton. L’hétéronormé. J’en suis presque un modèle : je ne suis plus polyamoureuse, je vis avec mon époux, notre union a été célébrée dans les formes, nous croissons et nous nous reproduisons.
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Je ne suis pas une mauviette, je serre les dents et la poignée de mon épée avant de lancer joyeusement le texte. Mais lorsque je dois confier à Suzanne ma passion pour la Comtesse : « Que tu es heureuse… À tous moments, la voir, lui parler… L’habiller le matin (rires redoublés), la déshabiller le soir (chahut), épingle à épingle », je voudrais rentrer sous terre. Il était prévu que, chenapan audacieux, je pousse un grand soupir sur « déshabiller » et que, mimant le fantasme provoqué par la Comtesse, je défasse une à une les épingles qui tenaient le voile occultant la ravissante gorge de Suzon – puisque après tout, Chérubin a l’âge des émois amoureux qui rendent désirables et quasi interchangeables toutes les femmes. Aux répétitions, j’en rajoutais, faisais durer l’effeuillage, jouais avec les épingles, piquant parfois, très légèrement, la poitrine de Suzon, qui surjouait le plaisir ou la colère, selon l’inspiration. Devant le public, paralysée par les quolibets, je zappe la mise en scène. Suzanne, surprise, attend, les spectateurs aussi. Une nausée, une fatigue terrible m’accablent. Immobile, geste suspendu, je parais imbécile.
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Étrangement, la plongée dans l’artifice est une découverte du réel : un univers de paillettes, certes, mais où se côtoient des « vedettes » et des techniciens, des starlettes et des costumiers, les puissants et le petit peuple qui leur est plus ou moins soumis, bref, un monde à mille lieues de celui de mon enfance, passée parmi des professeurs fils d’instituteurs et habitant dans une école – assez loin du monde réel, en somme.
J’ai pour mon âge un salaire qui me paraît assez astronomique, mais supporte de moins en moins la persona, ou, pour être plus moderne, le faux self que m’imposent mes différents rôles de comédienne ou d’animatrice d’émissions de télé bling-bling, tous ces expédients pour survivre que je prenais pour une étape vers des programmes moins racoleurs, mais non. Je comprends que je suis étiquetée. Définitivement coincée dans un rôle que j’ai à peine choisi.
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Nous nous regardons : elle paraît terriblement farouche. Attirante, aussi. Douce, puissante, inflexible. Je lui ôte ses lunettes noires. Elle semble ne plus respirer. Je l’embrasse à nouveau, plus fougueusement qu’au café, l’attire sur le lit, la câline en dézippant son jean noir. Elle ne bouge pas. J’envoie voler mes talons, ma robe, et ris de son effarement lorsqu’elle découvre mon porte-jarretelles. N’en a-t-elle jamais vu autrement qu’en photo ? Elle tremble et cite Barthes. Je ris de plus belle, tente de lui couper la parole par un nouveau baiser. Quelques caresses encore : Valmont est à son affaire. Mais voilà que ma Présidente (ou ma Merteuil ?) se lève, comme importunée. Et part en hâte, sans explication.
 
Le lendemain, en cours, je l’attends, cœur battant. Elle m’ignore. D’abord interdite par sa posture hautaine, je lis du mépris et m’empresse de la mépriser en retour. Vous manquez de couilles, petite allumeuse : tel est le message muet que mes poses dégagées et mes regards amusés lui envoient. Ou bien… c’était donc cela ? Un jeu de dupes pour moquer mon attirance pour les femmes ?
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Bravache, je lui réponds que je me fiche des diktats de la mode : qui a dit qu’une femme devait être maigre ? L’est-elle, elle ? Je la déshabille et envoie voler ma robe teinte. Elle rit. De moi, de mes arguties, de mon bide. Ai-je vraiment cru qu’il me suffirait de changer de canons esthétiques pour être séduisante tout en étant boudinée ? (Je me souviens, des décennies plus tard, des termes exacts de sa repartie.) — Tu ne m’aimes plus alors ? — Si on allait au cinéma ? On marche en silence vers le centre-ville. Claudine veut revoir Cria cuervos , mais je n’en démords pas : ce sera À la recherche de Mister Goodbar . Quand le noir se fait, Claudine s’efface dans le fauteuil, dans l’ombre. Je voudrais caresser sa main, elle la retire. Il faudrait mourir, là, tout de suite. Ma détresse m’effare. Dans le noir, quand je pleure, rien ne se voit. Je pense à courir, loin d’elle, de son regard, de son dégoût.
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Je ne savais pas très bien ce qu’elle entendait par « perverses » – et combien je regrette aujourd’hui de ne pas le lui avoir demandé, tout simplement. Mais le mot fit l’effet escompté : celui d’une bombe. Ma vie était toujours un innommable bordel, mieux valait éviter les êtres toxiques. Fussent-ils des femmes qui m’attiraient.
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Qu’elles soient malveillantes. Injustes. Jalouses. Sont-elles jalouses ou suis-je paranoïaque ? Cette question me ronge. Je suis peut-être folle, après tout.
Cet indécidable augmente mes maladresses : je suis empotée et gaffeuse, comme une gamine qui, redoutant de fâcher mais ne voulant pas se faire piétiner, agit en dépit du bon sens. Je suis souvent tétanisée de trouille quand je dois prendre la parole devant une femme plus âgée que moi – une prof, une formatrice : toute femme ayant autorité sur moi.
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Autant mes relations avec les hommes sont faciles – trop, sans doute, mais enfin harmonieuses –, autant du côté des femmes… Ma mère, mes grands-mères, les amies avec qui je me fâche bêtement, mes profs qui parfois me saquent, les vendeuses dans les magasins, les directrices de casting… Je m’entends mal avec les femmes.
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Donc, je continue, je fais l’amour avec plaisir, certes, mais sans aucun entrain. L’appétit vient en mangeant, mais je me mettrais volontiers à la diète. Bref, plusieurs relations simultanées, et pas de grand amour. Je vous rassure, cela ne me pose aucun problème moral, tous ces hommes en même temps. Il existe des hommes polygames, je suis une femme polyandre. Pour les râleurs, les exclusifs, c’est à prendre ou à laisser.
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