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EAN : 9782080257932
464 pages
Flammarion (25/08/2021)
3.52/5   24 notes
Résumé :
Dans cette autobiographie traversée de passions et de détresses, Héléna Marienské raconte une vie passée à l'ombre des femmes, figures familiales ou rivales, autant que dans leur lumière, celle des femmes désirées ou follement aimées. Chacune à sa manière lui aura révélé celle qu'elle est : une femme libre, qui abrite résolument en elle plusieurs autres. Nous, peut-être ?

"Une dépression sévère, il y a deux ans. Un chagrin sans fond m'avait emplie tou... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
L'amour a tellement de visages

Héléna Marienské a décidé de tout dire, de ne rien cacher de sa vie amoureuse. Son autobiographie est, au-delà du récit de ses multiples rencontres amoureuses, un plaidoyer brûlant pour la liberté que les hétéros et les homos rejettent.

«Ça ne va pas être simple, cette vie. Pas simple à raconter non plus. Moi qui mens toujours, par réflexe pavlovien pour échapper à l'inquisition maternelle, mais aussi par habitude acquise et cultivée — jeu, amour de la fiction — comment dire la vérité, rien que la vérité, toute la vérité je le jure?» Nous voilà prévenus d'entrée, l'histoire ou plutôt les histoires qui font cette autobiographie sont passées au tamis de la littérature, de l'envie de donner une cohérence à un parcours, mais aussi d'offrir une belle perspective, celle d'une femme libre.
Pour la narratrice — qui s'appelle Nathalie Galan et deviendra Héléna Marienské — il aura fallu franchir bien des obstacles pour parvenir à s'émanciper et à oser tout dire, avec une bouleversante sincérité.
C'est vers sept ans, du côté de Montagnac, que la fillette découvre avec son amie Ange comment fonctionne son corps. Une première expérience de la sensualité qui est un encouragement à poursuivre cette exploration. À quinze ans, elle fait l'amour avec Claudine et comprend très vite combien les sentiments peuvent être fluctuants. Quand elle revient d'un séjour à Londres, où elle a trompé son exil en se jetant sur les fish and chips, les pizzas et les rhubarb pies, Claudine ne veut plus d'elle. La "grosse" se rabat alors sur les hommes, mais sans pour autant s'y attacher. Ce n'est que quatre ans plus tard, en arrivant à Paris, qu'elle retrouvera les bras d'une jeune femme, Albertine. Mais là encore, la liaison sera brève. Alors, elle navigue à vue. Sa vie amoureuse est un chaos, du coup elle se tourne vers une analyste lacanienne orthodoxe, Mme Michelangeli. Car son bilan est peu reluisant: "J'ai épousé en premières noces, à vingt ans, un amateur de nymphettes, Daniel. Il a l'âge de mon père mais lorsque je rencontre Michelangeli, je suis à vingt-trois ans déjà une vieille chose à ses yeux. À qui parler? J'ai rompu en visière avec mes parents, je n'ai aucune amie. Je veux divorcer et comme mon époux me complique la tâche, je multiplie les aventures — c'est l'époque merveilleuse de l'insouciance pré-sida. J'ai arrêté mes études et je n'ai aucun métier." La psy lacanienne va réussir à mettre un peu d'ordre dans ce capharnaüm sentimental, éloigner les relations toxiques et faire entrer sa patiente dans un cercle vertueux. Elle trouve l'homme idéal, se marie, donne naissance à deux filles merveilleuses et connait vingt ans de bonheur. Un bonheur qui se dédouble grâce à la littérature qui va provoquer le réveil de la belle endormie. Albertine a publié un livre dans lequel elle raconte leur rencontre et évoque un regret. Il n'en faut pas davantage pour que Nathalie éprouve la nécessité de la revoir. La passion est toujours là, mais Albertine n'entend pas bouleverser sa vie. Elle se consolera alors avec Coline, avec qui elle va partager sa vie et son petit chien. Ce dernier, qu'elle promène dans le Marais, va lui permettre de faire bien des rencontres, d'engranger de nouvelles expériences. Jusqu'à excéder Coline qui la renvoie. La traversée du désert qui suit sera de courte durée. Jusqu'au jour où elle croise Naomi. "Je ne maîtrisais plus rien. J'aimais à quarante-cinq ans d'un amour adolescent. Naomi était rodée aux histoires de coeur et de corps avec les femmes, tandis que je les découvrais avec émerveillement. Albertine avait été inaccessible, je m'étais comportée comme une idiote avec Coline, mais cette fois, j'aimais. J'aimais et voulais vivre avec Naomi un amour complet. Je le désirais avec frénésie: j'avais à nouveau dix-sept ans, l'appétit de plaisirs et des effusions sentimentales qui vont avec. Cristallisation, idéalisation, aveuglement amoureux tout ensemble. Égarements du coeur et de l'esprit."
Las, cette histoire prendra fin comme les précédentes. Avant que de nouvelles rencontres ouvrent la voie à de nouvelles relations. Cet amour non-exclusif des femmes est raconté, entrecoupé de souvenirs d'enfance, d'une carrière à la télévision commencée par hasard en tant que coco girl et abrégée après un étonnant tournage en ex-Yougoslavie qui va tourner au fiasco, les années d'études supérieures et celles d'enseignante ou encore les figures familiales qui ont marqué la romancière. À la clé de cette autobiographie, le souci de tout dire, de se livrer, de plaider pour davantage de tolérance et d'ouverture d'esprit, y compris chez les gays et les lesbiennes. Car, comme les hétéros, c'est d'abord leur propre pré carré qu'ils entendent défendre, refusant de partager leur sexualité.
Depuis Fantaisie-Sarabande et Les ennemis de la vie ordinaire, Héléna Marienské avait ouvert la voie. Avec Presque toutes les femmes, elle parachève son plaidoyer d'une plume aussi libérée qu'elle-même.


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Reçu dans le cadre d'une Masse Critique, je tiens à remercier Babelio ainsi que les éditions Flammarion pour l'envoi de ce roman.

Paru le 25 août dernier, " Presque toutes les femmes " de Héléna Marienské est un roman autobiographique lumineux autour de personnages féminins où la notion de désir est omniprésente.

Suite à un épisode dépressif sévère, Héléna Marienské se lance dans l'écriture d'une autobiographie et raconte sa relation aux femmes. Elle y décrit son rapport aux femmes de sa famille tout d'abord, puis à ses rencontres amoureuses. Par son regard, elle y analyse la complexité et les mystères des rapports féminins. Cette mise à nue est bouleversante.

p. 12 : " Ça ne va pas être simple, cette vie. Pas simple à raconter, non plus. Moi qui mens toujours, par réflexe pavlovien pour échapper à l'inquisition maternelle, mais aussi par habitude acquise et cultivée - jeu, amour de la fiction -, comment dire la vérité, rien que la vérité, toute la vérité je le jure ? "

Fille de profs communistes, elle se plonge très tôt dans la lecture des romans de Colette, et tombe amoureuse à l'âge de sept ans d'Ange, une amie d'école. Après des échecs sentimentaux, elle finit par se ranger auprès d'un mari doux et fidèle pendant vingt ans. Mais lorsqu'elle retrouve par hasard une vieille amie de prépa, c'est l'électrochoc ! Heureusement (ou pas) sa psy Madame Michelangeli.

p. 35 : " - Votre problème, c'est les femmes ! "

Les masques tombent dans ce roman au style éclaté où se mêlent détresses et passions. L'identité bisexuelle est, pour Marienské, un territoire de conflits et d'incompréhensions.

Jovial, énergique et émouvant ce roman est une ode à la liberté d'aimer !


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Je n'avais pas été émue depuis longtemps. Totalement dénudée, son parcours à mille vies nous donne la force d'exister. Une belle rencontre

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Un livre touchant et fort qui raconte, au fil des portraits de femmes et de filles, comment l'auteure a pris conscience du manque causé par l'absence d'amours féminines, comment elle a renoué avec ses désirs de jeunesse, comment elle s'est assumée pleinement bisexuelle, au grand dam parfois de ses amantes, voire de la communauté lesbienne. Quelle femme !
Une histoire de famille aussi, de femmes dures, endurcies, rendues incapables d'aimer leurs filles. La souffrance de la mère mal-aimante et le traumatisme qu'elle a subi jeune fille sont particulièrement révoltants.
J'ai aussi appris beaucoup sur les relations amoureuses et le désir entre femmes, sur la tolérance, la douceur, la révolte, le rejet, l'acceptation.
Ajoutons que c'est très bien écrit, et que les références littéraires tissent des liens avec la vie.
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Une sortie LGBTQIA+ pour la rentrée littéraire qui fait du bien ! L'auteure raconte ses passions et désespoirs sentimentaux et l'acceptation/affirmation de sa bisexualité avec une écriture tendre et saisissante.
On vagabonde de romances en romances avec un plaisir irrépressible !
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Citations et extraits (33) Voir plus Ajouter une citation
Je ne suis pas une mauviette, je serre les dents et la poignée de mon épée avant de lancer joyeusement le texte. Mais lorsque je dois confier à Suzanne ma passion pour la Comtesse : « Que tu es heureuse… À tous moments, la voir, lui parler… L’habiller le matin (rires redoublés), la déshabiller le soir (chahut), épingle à épingle », je voudrais rentrer sous terre. Il était prévu que, chenapan audacieux, je pousse un grand soupir sur « déshabiller » et que, mimant le fantasme provoqué par la Comtesse, je défasse une à une les épingles qui tenaient le voile occultant la ravissante gorge de Suzon – puisque après tout, Chérubin a l’âge des émois amoureux qui rendent désirables et quasi interchangeables toutes les femmes. Aux répétitions, j’en rajoutais, faisais durer l’effeuillage, jouais avec les épingles, piquant parfois, très légèrement, la poitrine de Suzon, qui surjouait le plaisir ou la colère, selon l’inspiration. Devant le public, paralysée par les quolibets, je zappe la mise en scène. Suzanne, surprise, attend, les spectateurs aussi. Une nausée, une fatigue terrible m’accablent. Immobile, geste suspendu, je parais imbécile.
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Le temps passe. Je suis mariée, et il se trouve que j’aime mon mari. Le temps passe encore, et je ne me lasse pas de lui. Rarement j’ai connu un tel accord des corps, des cœurs et des esprits. Je lui suis fidèle. Nous avons deux filles : des merveilles.
Résumons. Je suis entrée dans l’ordre. Le bon, le dur, du béton. L’hétéronormé. J’en suis presque un modèle : je ne suis plus polyamoureuse, je vis avec mon époux, notre union a été célébrée dans les formes, nous croissons et nous nous reproduisons.
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Nous nous regardons : elle paraît terriblement farouche. Attirante, aussi. Douce, puissante, inflexible. Je lui ôte ses lunettes noires. Elle semble ne plus respirer. Je l’embrasse à nouveau, plus fougueusement qu’au café, l’attire sur le lit, la câline en dézippant son jean noir. Elle ne bouge pas. J’envoie voler mes talons, ma robe, et ris de son effarement lorsqu’elle découvre mon porte-jarretelles. N’en a-t-elle jamais vu autrement qu’en photo ? Elle tremble et cite Barthes. Je ris de plus belle, tente de lui couper la parole par un nouveau baiser. Quelques caresses encore : Valmont est à son affaire. Mais voilà que ma Présidente (ou ma Merteuil ?) se lève, comme importunée. Et part en hâte, sans explication.
 
Le lendemain, en cours, je l’attends, cœur battant. Elle m’ignore. D’abord interdite par sa posture hautaine, je lis du mépris et m’empresse de la mépriser en retour. Vous manquez de couilles, petite allumeuse : tel est le message muet que mes poses dégagées et mes regards amusés lui envoient. Ou bien… c’était donc cela ? Un jeu de dupes pour moquer mon attirance pour les femmes ?
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Bravache, je lui réponds que je me fiche des diktats de la mode : qui a dit qu’une femme devait être maigre ? L’est-elle, elle ? Je la déshabille et envoie voler ma robe teinte. Elle rit. De moi, de mes arguties, de mon bide. Ai-je vraiment cru qu’il me suffirait de changer de canons esthétiques pour être séduisante tout en étant boudinée ? (Je me souviens, des décennies plus tard, des termes exacts de sa repartie.) — Tu ne m’aimes plus alors ? — Si on allait au cinéma ? On marche en silence vers le centre-ville. Claudine veut revoir Cria cuervos , mais je n’en démords pas : ce sera À la recherche de Mister Goodbar . Quand le noir se fait, Claudine s’efface dans le fauteuil, dans l’ombre. Je voudrais caresser sa main, elle la retire. Il faudrait mourir, là, tout de suite. Ma détresse m’effare. Dans le noir, quand je pleure, rien ne se voit. Je pense à courir, loin d’elle, de son regard, de son dégoût.
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Étrangement, la plongée dans l’artifice est une découverte du réel : un univers de paillettes, certes, mais où se côtoient des « vedettes » et des techniciens, des starlettes et des costumiers, les puissants et le petit peuple qui leur est plus ou moins soumis, bref, un monde à mille lieues de celui de mon enfance, passée parmi des professeurs fils d’instituteurs et habitant dans une école – assez loin du monde réel, en somme.
J’ai pour mon âge un salaire qui me paraît assez astronomique, mais supporte de moins en moins la persona, ou, pour être plus moderne, le faux self que m’imposent mes différents rôles de comédienne ou d’animatrice d’émissions de télé bling-bling, tous ces expédients pour survivre que je prenais pour une étape vers des programmes moins racoleurs, mais non. Je comprends que je suis étiquetée. Définitivement coincée dans un rôle que j’ai à peine choisi.
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Vidéo de Héléna Marienské
Héléna Marienské vous présente son ouvrage "Presque toutes les femmes" aux éditions Flammarion. Rentrée littéraire automne 2021.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2543848/helena-marienske-presque-toutes-les-femmes
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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