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Citations sur Les Débuts (38)

Il y a les débuts dont on décide et ceux qui s'improvisent, ceux qui s'invitent dans notre existence comme une éclaircie inespérée ou qui frappent comme un coup de tonnerre dans un ciel serein. Il y a aussi des débuts que l'on rate, par manque de courage, de confiance ou de lucidité, ceux qu'on attend en vain. Comment reconnaître l'esquisse d'un début et s'en saisir ? Peut-être grâce à une forme de vigilance, face à l'instant où le neuf affleure, instant gorgé de potentialités, prêt à les essaimer au vent. […]
On éprouve très tôt dans l'existence cette nostalgie des débuts. Mais on est aussi fébrile à l'idée d'un nouveau départ. Parce qu'ils exaltent le sentiment d'exister, ils suscitent espoir ou mélancolie. C'est la raison pour laquelle nous désirons tant les retrouver, les revivre autrement. C'est aussi celle pour laquelle nous désespérons à l'idée qu'il n'y ait plus dans nos vies de débuts. Analyser leur intensité permet de comprendre ce qu'elle dit de nos attentes, de notre temporalité psychique, affective. Nous n'avons pas l'âge que le temps imprime à nos corps, tant que nous continuons à espérer d'autres commencements. Ils manifestent le sentiment intime d'une irréductible jeunesse. Les débuts qu'on imagine encore traduisent notre rapport au possible et notre désir d'accueillir l'inattendu. […]
Aller au-delà de nous-mêmes, comme l'imprévu nous y exhorte, c'est ne pas renoncer à être nous-mêmes, ne pas se laisser contraindre par le cadre, mais continuer à se définir par le devenir plutôt que par la fixité et l'identité vide, redondante. L'imprévu, par sa puissance, ravive les dynamiques intérieures. Il crée un appel d'air dans une existence qui s'assoupit (pp. 16, 25, 32).
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La joie est encore possible dans la conscience du tragique, de notre vie personnelle ou de l'époque. Elle n'est pas indécente, mais elle est d'autant plus nécessaire que les fragilités deviennent massives et que les dangers nous assaillent de toutes parts. On peut penser la légèreté dans la lucidité. C'est le pari paradoxal de la philosophie de Clément Rosset. Il est possible de connaître la « joie enivrante » de vivre, « la joie presque miraculeuse d'exister » sans doubler le réel d'un voile d'illusions rassurantes. Comment oser l'affirmer en ces temps d'orages ? Il arrive, selon Rosset, que l'allégresse soit le « résultat d'une mélancolie surmontée ». On ne peut pas penser la réelle joie sans traverser l'épreuve et parfois s'y abîmer. Nous apprenons à vivre avec la part tragique du réel. Notre capacité à l'admettre est « la pierre de touche de la santé morale et de l'allégresse ». Peut-être y a-t-il une prédisposition particulière à cette obstination dans la joie. Mais un tel entêtement se nourrit aussi d'une attention à la réalité, aiguisée par la catastrophe. Il n'y a pas de vie sans tempêtes, et on ne peut pas espérer les contempler toujours du rivage, loin du tumulte. Mais on apprécie la terre ferme lorsque les courants de l'existence nous y ramènent (pp. 177-8).
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On dit parfois qu'on écrit des histoires pour en maîtriser la fin. Peut-être qu'on les écrit pour en découvrir le début.
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Rien ne s'écrit dès les premières lignes, nous pouvons faire mentir l'histoire, déjouer le destin. Tout dépend de ce que nous faisons de nos débuts.
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les débuts qu'on imagine encore traduisent notre rapport au possible et notre désir d'accueillir l'inattendu.
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Nous n 'avons pas l'âge que le temps imprime à nos corps, tant que nous continuons à espérer d'autres commencements.
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Idée que reprend le psychanalyste François Ansermet dans son ouvrage Clinique de l'origine: " toute existence est toujours seconde [...] On ne peut pas se créer soi-même. On reste toujours en dette par rapport à ce qui précède. " de cette dette, je ne peux m'acquitter. Je suis débiteur à l'égard de celles et ceux qui me donnent la vie ou la sauvent. Mais, précisément parce que je ne peux pas m'en acquitter, j'en suis de fait libéré. Le contre-don est impossible. Être un éternel débiteur supprime la perspective même d'un devoir.
C'est sur la page manquante de son origine que le sujet peut se construire. C'est sur une origine manquante que, paradoxalement il advient. Chacun devient l'interprète de cette part inaccessible. Chacun est ainsi à l'origine de ce qu'il va devenir.
C'est donc moi qui décide du commencement de mon histoire, éminemment subjective. Mais cette puissance est aussi ma vulnérabilité. Je peux malgré moi me laisser impressionner par un évènement et instaurer inconsciemment le principe de mon existence.

Le sujet peut se piéger dans sa construction, rester fasciné par un trait de son histoire, par un événement. Ilpeut se trouver capté par un élément qui vient à la représenter complètement, comme un traumatisme par exemple, dont il fait une nouvelle naissance sans réaliser que c'est lui qui se détermine.[... ]
Ed Autrement p105
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Les hommes comme les enfants aiment tourner en rond sur eux-mêmes ou autour de leur petit monde. Leur recherche de l'étourdissement rappelle celui des manèges.
Ed Autrement p137
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Une injonction de Gaston Bachelard...
La jeunesse est avant tout une certaine impertinence de l'esprit. Nous devenons vieux très tôt. Dès que nous cessons de nous étonner, d'être curieux. L'âge de notre esprit tient à ses préjugés. C'est-à-dire au fait qu'il adopte des schémas d'interprétation du réel, par habitude, par facilité, par paresse ou par éducation, schéma où il s'installe et qui font parfois obstacle à l'accès de la vérité. "Face au réel ce que l'on croit savoir clairement offusque ce qu'on devrait savoir" dit-il.
Ed Autrement p112
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Selon les mots du romancier Nicolas Mathieu...
[... ] tout amour est une peuplade indigène, avec ses rites, sa grammaire, ses ennemis, ses sacrifices et les semailles qui referont le printemps. Et je suis plein de ces graines qui portent en elles, repliée et fragile, la possibilité d'une dernière récolte. Je tiens tout, ne t'en fais pas. Un jour, je ferai ce geste idéal et circulaire, et jetterai sur le sol éventré la semence de nos heures perdues. En attendant, je suis dans la lente patience du recommencement.
Ed Autrement p118
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