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Citations sur La colonie - L'Ile des esclaves (33)

L'oppression dans laquelle nous vivons sous nos tyrans, pour être si ancienne, n'en est pas devenue plus raisonnable ; n'attendons pas que les hommes se corrigent d'eux-mêmes ; l'insuffisance de leurs lois a beau les punir de les avoir faites à leur tête et sans nous, rien ne les ramène à la justice qu'ils nous doivent, ils ont oublié qu'ils nous la refusent.

La Colonie, Scène 9.
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MADAME SORBIN : Quoi, mon mari, vous allez faire des lois ?
MONSIEUR SORBIN : Hélas, c'est ce qui se publie, et ce qui me donne un grand souci.
MADAME SORBIN : Pourquoi, Monsieur Sorbin ? Quoique vous soyez massif et d'un naturel un peu lourd, je vous ai toujours connu un très bon gros jugement qui viendra fort bien dans cette affaire-ci ; et puis je me persuade que ces messieurs auront le bon esprit de demander des femmes pour les assister, comme de raison.
MONSIEUR SORBIN : Ah ! tais-toi avec tes femmes, il est bien question de rire !

LA COLONIE, Scène 2.
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MADAME SORBIN : Gouvernez, gouvernons ; obéissez, obéissons ; partageons le profit et la perte ; soyons maîtres et valets en commun ; faites ceci, ma femme ; faites ceci, mon homme ; voilà comme il faut dire, voilà le moule où il faut jeter les lois, nous le voulons, nous le prétendons, nous y sommes butées ; ne le voulez-vous pas ? Je vous annonce, et vous signifie en ce cas, que votre femme, qui vous aime, que vous devez aimer, qui est votre compagne, votre bonne amie et non pas votre petite servante, à moins que vous ne soyez son petit serviteur, je vous signifie que vous ne l'avez plus, qu'elle vous quitte, qu'elle rompt ménage et vous remet la clef du logis.

Scène 14.
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MADAME SORBIN : Il y a des bancs là-bas, il n'y a qu'à les approcher. […]
LINA : Je vois Persinet qui passe, il est plus fort que moi, et il m'aidera, si vous voulez.
UNE DES FEMMES : Quoi ! Nous emploierions un homme ?
ARTHÉNICE : Pourquoi non ? Que cet homme nous serve, j'en accepte l'augure.

LA COLONIE, Scène 7.
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ARTHÉNICE : Nous voici chargées du plus grand intérêt que notre sexe ait jamais eu, et cela dans la conjoncture du monde la plus favorable pour discuter notre droit vis-à-vis les hommes. […] Depuis qu'il a fallu nous sauver avec eux dans cette île où nous sommes fixées, le gouvernement de notre patrie a cessé.
MADAME SORBIN : Oui, il en faut un tout neuf ici, et l'heure est venue ; nous voici en place d'avoir justice, et de sortir de l'humilité ridicule qu'on nous a imposée depuis le commencement du monde.

La Colonie, Scène 1.
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ARTHÉNICE : Messieurs, daignez répondre à notre question ; vous allez faire des règlements pour la république, n'y travaillerons-nous pas de concert ? À quoi nous destinez-vous là-dessus ?
HERMOCRATE : À rien, comme à l'ordinaire.
UN AUTRE HOMME : C'est-à-dire à vous marier quand vous serez filles, à obéir à vos maris quand vous serez femmes, et à veiller sur votre maison : on ne saurait vous ôter cela, c'est votre lot.
MADAME SORBIN : Est-ce là votre dernier mot ? Battez tambour ; et vous, allez afficher l'ordonnance à cet arbre.
ARTHÉNICE : Elle vous apprendra que nous voulons nous mêler de tout, être associées à tout, exercer avec vous tous les emplois, ceux de finance, de judicature et d'épée.
HERMOCRATE : D'épée, Madame ?
ARTHÉNICE : Oui d'épée, Monsieur ; sachez que jusqu'ici nous n'avons été poltronnes que par éducation.
(…)
MADAME SORBIN : De même qu'au Palais à tenir l'audience, à être Présidente, Conseillère, Intendante, Capitaine ou Avocate.
UN HOMME : Des femmes avocates ?
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C'est une émeute, une ligue, un tintamarre, un charivari sur le gouvernement du royaume ; vous saurez que les femmes se sont mises tout en un tas pour être laides, elles vont quitter les pantoufles, on parle même de changer de robes, de se vêtir d'un sac, et de porter les cornettes de côté pour nous déplaire ; j'ai vu préparer un grand colloque, j'ai moi-même approché les bancs pour la commodité de la conversation ; je voulais m'y asseoir, on m'a chassé comme un gredin ; le monde va périr, et le tout à cause de vos lois, que ces braves dames veulent faire en communauté avec vous, et dont je vous conseille de leur céder la moitié de la façon, comme cela est juste.

La Colonie, Scène 12.
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Voilà toutes les fonctions qu'ils nous laissent ici-bas ; à nous qui les avons polis, qui leur avons donné des mœurs, qui avons corrigé la férocité de leur âme ; à nous, sans qui la terre ne serait qu'un séjour de sauvages, qui ne mériteraient pas le nom d'hommes.

La Colonie, Scène 9.
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MONSIEUR SORBIN :
Que veut-elle dire ?
MADAME SORBIN :
Mais va porter ta face d'homme ailleurs.

La Colonie, Scène 2.
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ARTHÉNICE :
Le mariage, tel qu'il a été jusqu'ici, n'est plus aussi qu'une pure servitude que nous abolissons, ma belle enfant (…).
LINA :
Abolir le mariage ! Et que mettra-t-on à la place ?
MADAME SORBIN :
Rien.
LINA :
Cela est bien court.
ARTHÉNICE :
Vous savez, Lina, que les femmes jusqu'ici ont toujours été soumises à leurs maris.
LINA :
Oui, Madame, c'est une coutume qui n'empêche pas l'amour.
MADAME SORBIN :
Je te défends l'amour.
LINA :
Quand il y est, comment l'ôter ? Je ne l'ai pas pris ; c'est lui qui m'a prise, et puis je ne refuse pas la soumission.
MADAME SORBIN :
Comment soumise, petite âme de servante, jour de Dieu ! soumise, cela peut-il sortir de la bouche d'une femme ? Que je ne vous entende plus proférer cette horreur-là, apprenez que nous nous révoltons.
ARTHÉNICE :
Ne vous emportez point, elle n'a pas été de nos délibérations, à cause de son âge, mais je vous réponds d'elle, dès qu'elle sera instruite. Je vous assure qu'elle sera charmée d'avoir autant d'autorité que son mari dans son petit ménage, et quand il dira : je veux, de pouvoir répliquer : moi, je ne veux pas.

La Colonie, Scène 5.
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