Plume et l'ombre du dragon

Je sais qu'une histoire qui s'éteint, ce sont des vies entières qui sombrent dans l'oubli et disparaissent une seconde fois. Je sais que ça vaut la peine de se battre pour elles.

Ma Plume des îles, rappelle-toi toujours que c'est fourbe, une licorne, disait-elle. Tu pourrais bien te retrouver avec les cheveux pleins de paillettes arc-en-ciel avant d'avoir dit «ouf ».
Flippant !

Ma Plume des îles, rappelle-toi toujours que c’est fourbe, une licorne, disait-elle. Tu pourrais bien te retrouver avec les cheveux pleins de paillettes arc-en-ciel avant d’avoir dit « ouf ».
Flippant !

Notre truc à nous, c’est les ombres. Oui, vous savez, le machin qui vous colle aux basques là, toujours accroché à vous, parfois devant, parfois derrière, parfois tout petit ou immensément long, qui a l’agaçante habitude d’imiter exactement tout ce que vous faites… Vous vous entêtez à l’oublier et pourtant elle est là, infatigable, à vous suivre comme un chien fidèle. À moins que je sois dans les parages. Ce n’est pas tout à fait comme si je vous la volais. Disons que, dans les faits, ça y ressemble beaucoup : vous l’aviez, je passe dans le coin, et vous ne l’avez plus.

Ne t'attache pas. Plume. Pas cette fois. Je regarde tour à tour toutes mes ombres, celles que je n'ai jamais pu échanger au marché noir. C'est le problème, avec le métier de piratesse : c'est super stylé mais, si on veut pas mourir de faim, il faut parfois avoir un cœur de pierre. Malheureusement, dans les manuels, on nous explique pas comment faire.

Parfois, il n’y a pas de bon choix, chuchote maman dans mes souvenirs.

Je ris, traversée par une vague de chaleur inattendue. Alors c'est ça que ça fait d'avoir un ami - un vrai ? Je pose la tête contre sa cuirasse avec un soupir bienheureux, encore étonnée d'avoir dû franchir un volcan et gravir une montagne pour enfin trouver quelqu'un qui me comprend vraiment. Qu'elle soit faite d'ombre ou de lumière, une véritable amitié se mérite ! Mais, cornebidouille, croyez-moi sur parole : ça en vaut la peine.

Cornebidouille, c'est ça la vie de piratesse ! Vous en bavez, vous vous entraînez dur, et puis soudain... un moment magique se grave dans votre tête et plus rien d'autre ne compte.

Il faut que je vous dise : j'ai toujours adoré faire péter des trucs.

Résumons : j'ai le choix entre rentrer chez moi tout de suite sans avoir accompli ma quête, retrouver la chaleur de mon foyer avec mes amies de toujours... ou foncer tête baissée vers l'aventure au risque de ne jamais revenir.
- Le choix est vite fait ! je m'exclame sans plus attendre. Tu peux retourner vers ton maître. Je rentrerai à dos de dragon !