AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de CFanny014


Son premier roman, le coeur cousu (2005) a fait connaître Carole Martinez, une auteure née en 1966. Avant de se consacrer à l'écriture, elle exerce différents métiers dont celui de comédienne et de professeur de français. Les récits de sa grand-mère, une pied-noire d'origine espagnole, l'influencent fortement : « Je crois aux histoires de famille, à leur capacité de nous hanter.» écrit Carole Martinez dans Les roses fauves.
Carole Martinez nous livre un très beau roman même si la deuxième partie, plutôt confuse, est moins enchanteresse que la première partie. Des tiroirs multiples lui donnent une grande richesse. L'auteure « présente » dans le récit égrène de nombreuses digressions sur le processus de l'écriture : quand on sent sa fin proche, que choisit-on de raconter ? écrit-on des histoires vraies ? d'où vient l'inspiration ? Dans la deuxième partie, elle s'interroge sur ce que le comédien William D.H met en oeuvre pour incarner son rôle de soldat de la guerre 14-18. L'auteure est toujours sur le fil ,elle vit dans le roman qu'elle écrit et parfois ne sait plus si elle est dans le réel ou dans la fiction. Et dans le récit, le merveilleux s'invite dans le réel.
Le roman explore le thème de la transmission. « Lola se demande si elle est faite de cette histoire familiale qu'ils contiennent et qu'elle ignore. » écrit Carole Martinez. Des objets transmis de génération en génération, sont des déclencheurs d'écriture : une armoire bretonne de mariage, des coeurs cousus remplis de petits papiers écrits par des femmes, des photos, des tombes. Les vieilles femmes qui bavardent en choeur toute la journée dans la poste tout en tricotant sont elles aussi des gardiennes du passé, des passeuses, elles disent leur sédentarité dans un monde mobile, le temps qui passe, la nostalgie écorchée, les mères célibataires jadis mises au ban de la société.
Le titre Les roses fauves porte la tonalité du roman. Lola, la postière, prend grand soin du roncier qui pousse dans son jardin. L'odeur de ces « fauves » monte à la tête de la narratrice, les épines des roses sont maléfiques, le soldat qualifie de « fauves » l'églantier qu'il parvient à faire pousser sur le champ de bataille. Ces roses fauves, des traîtresses, s'empiffrent des désirs des soldats et de leurs cadavres.

Et l'histoire ?
Les roses fauves est surtout une histoire de femmes. Lola, postière d'un petit village breton, est boîteuse. Son vrai prénom, c'est Dolorès, comme sa mère. Elle n'aime que les histoires vraies, les vies, pas les romans. le jour de la Sainte Catherine, elle se demande si elle n'est pas passée à côté du bonheur, le grand vide de sa vie s'impose à elle. Elle invite la narratrice à un kig-ha-farz. L'évocation du premier roman de l'auteure, le coeur cousu, va être le point de départ de la narration par Lola et la narratrice de la vie des aïeules nées en Andalousie. La tradition voulait que lorsque ces femmes se sentaient vieillir, elles brodent un coussin en forme de coeur dans lequel elles enfermaient leurs secrets. Lola a hérité d'une armoire de noces bretonnes qui renferme, disposés comme sur un autel, cinq coeurs. le roman déroule la vie des aïeules de Lola, l'évolution de la jeune femme, son éveil à la sensualité lors de l'irruption dans sa vie de William qui joue Pierre….
Commenter  J’apprécie          30



Ont apprécié cette critique (3)voir plus




{* *}