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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Dans ce livre aux accents autobiographiques, on suit les tribulations de quatre jeunes filles en butte au sexisme et à l'hypersexualisation de la société. Une réalité quotidienne et qui ne date pas d'hier, que parents, associations et institutions peinent pourtant encore à comprendre. Cette histoire retrace le parcours de Louise, la narratrice, Julie, Isabelle et Aurore, ses amies d'enfance, entrées de plein fouet dans l'adolescence. « De plein fouet », je n'emploie pas cette expression au hasard car elle prend tout son sens quand ces demoiselles vont franchir les portes du collège, un endroit hostile et inconnu aux allures d'arène. En effet, alors que rien ne les avait préparées à cette réalité, ici, en même temps qu'elles vont perdre leur innocence, nos protagonistes survivront tant bien que mal à la violence latente d'un environnement fortement influencé par la « culture porn ».

La problématique :
Outre les nombreux progrès qui participent à améliorer le confort de vie du plus grand nombre, nos sociétés à très fort niveau de développement ont immanquablement entraîné dans leur sillage toutes sortes d'excès. Ainsi, par un pervers effet domino, la société de consommation a-t-elle très tôt induit celle de l'image, qui n'a pas attendu bien longtemps avant de tout sexualiser. À outrance. Les publicitaires ont donc très vite compris que recourir au corps féminin permettait de vendre n'importe quel produit. Au point de considérer la femme elle-même comme une marchandise. Au diapason de ce spot publicitaire où, de sa voix suave, l'actrice Uma Thurman joue à dessein sur la sonorité de « Schweppes » assimilé au mot « Sexe ». Mais l'escalade ne s'arrête pas à ce grivois trait d'esprit. Tandis que les bimbos à la plastique affriolante envahissent désormais l'espace public, les nouvelles technologies banalisent à présent d'autres images, en principe réservées à un public adulte. Dans notre société, au même titre que l'accès au droit de vote à la majorité, nous sommes d'ailleurs censés comprendre être devenus « adultes » dès lors qu'une « oeuvre » jusqu'ici interdite aux moins de 18 ans nous est désormais autorisée ; ladite oeuvre possédant le plus souvent un caractère pornographique. Et, sous l'effet du progrès technique, l'accès à un tas d'informations aussi racoleuses qu'agressives se fait donc de plus en plus tôt.
Notons que cette évolution a pour conséquence de n'épargner personne car ces différents écueils affectent à présent les garçons, eux aussi, soumis à la dictature du paraître et, à ce titre, sommés de soigner les apparences. Tout ceci, couplé à l'obsession de la performance, rend ces nouvelles pressions sociales insoutenables pour le mâle lambda, atteint dans un élément constitutif de son identité : la virilité. Et on peut comprendre qu'avoir pour « étalon » de référence des bêtes de compète dignes de Rocco Siffreddi peut s'avérer aussi oppressant que déséquilibrant.

Mon ressenti :
De tout temps et sous différentes latitudes, l'adolescence a été associée aux épreuves que la vie met sur le chemin ; les rites de passage, souvent périlleux, seront donc vécus comme autant d'épreuves qu'un individu devra subir pour espérer affronter l'âge adulte avec confiance. La vie est donc faite d'expériences heureuses, malheureuses parfois injustes et difficiles. Certes. Mais, dans cet ouvrage, j'ai surtout été époustouflée par la profondeur de certaines réflexions. le propos tire en effet sa force tant dans l'écriture très maîtrisée que dans l'habileté de l'autrice à mêler son vécu à une analyse, étayée de multiples références.
Ce récit d'une grande justesse confronte ainsi le lecteur à des situations concrètes. le ton est donné d'emblée : « À l'école de la vie, il n'y a pas de cours. Les enfants apprennent du monde des adultes en observant, en examinant ce qu'on leur propose, en tâtonnant, en se trompant, en se mettant en danger. »
Sur les dangers d'une hypersexualisation que la société banalise, l'autrice a cerné le coeur du problème (ceci explique d'ailleurs le titre « Chair et âme »), quand elle explique que cette dérive « retire à la sexualité toute sa grandeur et sa valeur : son rôle premier en tant que preuve d'amour. L'élévation de deux êtres au rang de sujet par la médiation du corps-chair. » Au point de se demander si, au XXIe siècle, le romantisme ne serait pas définitivement has-been. Ce qu'au XIXe siècle, on aurait volontiers dénommé « éducation sentimentale », serait-il donc devenu aujourd'hui un idéal inaccessible ?
Même si de l'atmosphère générale de ce livre se dégage un certain désenchantement, celui-ci a l'inestimable valeur d'un témoignage sur une réalité pas aussi anodine qu'il n'y paraît. Une lecture plus que recommandable pour ouvrir le débat.
Lien : http://scambiculturali.over-..
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Une jeune auteure à soutenir ! Elle aborde de front avec lucidité un phénomène alarmant, les conséquences de l'hypersexualisation de la société sur le développement des très jeunes, en particulier des très jeunes filles. Problème bien connu, étudié et combattu au Québec depuis longtemps. Ce roman documenté devrait faire réagir...
Lien : http://www.magviefamiliale.c..
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Un etat consternant des ravages provoques par les pubs sexistes, les clips et tv realite degradants sur la jeunesse. BRAVO...
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Entre récit et essai, Blanche Martire dénonce (regrette?) l'omniprésence des images sexuelles dans notre société qui dévalorisent la femme et faussent les relations amoureuses. Elle part de l'histoire de quatre amies pour ouvrir la réflexion, alimentée de nombreux exemples et références. Chaque souvenir de collège de la narratrice, Louise, permet de montrer l'impact du culte du corps ("les gens sont obsédés par leur physique"), des publicités à caractère sexuel (Uma Thurman qui "confond le mot Schweppes avec le mot sexe", entre autres), des clips vidéo ("montrer des femmes disponibles sexuellement fait vendre"), de la télé-réalité et de la banalisation de la pornographie ("Ça t'a pas choquée? -Non parce que j'étais avec mes cousines").

On voit les quatre filles évoluer chacune à leur manière entre volonté de rester "naturelles et authentiques" tout en étant "sexy aussi". Les adolescentes sont en effet tiraillées par cette contradiction qu'une femme se revendiquant aussi libre qu'un homme (dans sa façon de s'habiller, dans ses relations sexuelles) est vite "qualifiée de pute"... Et quand elle cherche à inverser les rôles, à réduire l'homme à son apparence et sa performance sexuelle, c'est jugé vulgaire - et ça l'est, ne tombons pas dans le même travers. Entre militantisme et ton désabusé, l'auteure condamne le sexe comme "bien de consommation comme un autre": comment se construire dans un monde où les filles sont en concurrence, où les stéréotypes sexuels inondent les couvertures de magazines, le sexe et la séduction leurs articles, où la sexualité est réduite au plaisir du corps en toute ignorance des attentes de l'âme? Témoin des frasques sexuelles de Julie et Aurore (13 ans!), Louise avoue: "Elles nous ont dégoûtées des garçons, de l'amour, du sexe".

A l'aube du XXIe siècle, le romantisme est-il donc "un concept dépassé"? L'univers décrit par Louise (en partie autobiographique?) est cruel, très noir, elle utilise des mots très durs laissant paraître une souffrance profonde. le texte offre matière à débattre mais n'est pas à laisser entre n'importe quelles mains car il contient beaucoup de vocabulaire cru, de vulgarités. C'est ainsi que Louise ressent les choses ("ces images extrêmement violentes"), elle nous interpelle, nous enjoint à agir. Nous les adultes. Qui n'avons pas toujours conscience du traumatisme. Prenons l'exemple des cours de SVT: "l'apprentissage de la sexualité est dénué de sentiments, d'amour, on reste centré sur les parties intimes, la connaissance de la physiologie des organes sexuels, et l'acte est évoqué de manière mécanique. On aborde les questions de procréation, de contraception, de MST, sans jamais aborder les aspects affectifs et psychologiques de la sexualité"...

Dès lors comment concilier "recherche d'amour et désir sexuel"? Comment faire comprendre aux jeunes que "le plaisir naît de la découverte de l'autre, grâce aux jeux de séduction"? Comment lutter contre le regard que certains garçons vont poser sur les filles, "influencé par les films et images pornographiques qu'ils ont visionnés"? Certaines adolescentes saisissent-elles "la nuance entre habillage sexy et style pute? Entre jeu de séduction et provocation"?
Que d'interrogations oppressantes soulève l'auteure! Mais ouf, petit élément positif glissé dans toute cette noirceur (j'ai une fille de 15 ans...): "Dans la majorité des cas, les jeunes ne sont pas en danger. A 13 ans, ils ne pensent pas tous à se faire prendre en sandwich comme Julie, mais ils accordent de l'importance aux nombreux clichés et banalisent de plus en plus la relation sexuelle, selon moi".

L'absence de conclusion, d'ouverture, m'a semblé un peu abrupte: l'auteure détaille le problème sans avoir de solutions à apporter malgré ses nombreuses lectures (citées en fin d'ouvrage): "Les professionnels n'ont pas l'air au courant du nouveau rapport à la sexualité qu'ont certains jeunes". Néanmoins on retiendra qu'il y a un juste milieu à trouver, entre "romancer les histoires comme une petite fille niaise" et "sexualiser l'amour comme une pute". A défaut de pouvoir empêcher l'hyper sexualisation de notre société, il est en effet nécessaire d'éduquer les jeunes à prendre un recul critique vis-à-vis de ses agressions.
Lien : https://www.takalirsa.fr/cha..
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Un très grand merci à Blanche Martine pour m'avoir proposé de découvrir son livre qui m'a beaucoup ému.
L'histoire de quatre jeunes filles qui font face à la sexualité à l'adolescente, des ravages causés par l'ypersexualisation, les magazines, le porno...

Un véritable coup de coeur.
Un livre à lire absolument.
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