Chair et âme

Blanche Martire nous offre ici un livre coup de poing ou il est question de l'hypersexualisation de notre société et des conséquences de celle-ci sur nos jeunes adolescents.
On alterne entre les réflexions de l'auteure et l'histoire de 4 copines qui entrent dans l'adolescence.
J'ai particulièrement apprécié les passages "réflexions", on sent que l'auteure s'est bien documentée sur ce phénomène de l'hypersexualisation que l'on subit tous au quotidien, à travers les publicités, les clips vidéos ou encore les émissions de télé... La société a changé, on y voue un culte au corps et on y banalise la pornographie, il est donc, plus que jamais nécessaire de sensibiliser nos jeunes à cela.
L'histoire en elle-même est assez dure, c'est même parfois trash. 4 filles, 4 degrés différents et pour le personnage de Julie, le curseur a été poussé à l'extrême. On va donc l'observer vivre une véritable descente aux enfers, on a envie de la secouer, de lui dire d'arrêter les "conneries", de l'aider...
Fort heureusement tous les jeunes ne sont pas en danger, l'auteure elle-même le reconnait, l'expérience de ces jeunes filles ne vise, à mon sens, qu'à nous faire réagir et réfléchir à cette nouvelle problématique. Ne cherchez donc pas dans cette histoire une image représentative de l'ensemble de nos adolescents mais voyez-y plutôt un message qui dirait "Observez, parlez, cassez les clichés".

Dans son roman « Chair et âme », Blanche Martire relate l'histoire de Louise (la narratrice), Julie, Aurore et Isabelle, qui en pleine période d'adolescence découvrent la sexualité. Cependant, il n'est pas évident d'en avoir une image positive dans une société de l'image et de la consommation où tout est sexualisé.

À mi-chemin entre l'essai et le roman, « Chair et âme » est intéressant car l'oeuvre mêle le récit des adolescentes et les réflexions de l'auteur sur l'hypersexualisation au sein de la société et sur l'impact de ce phénomène sur les jeunes. Blanche Martire aborde tant la banalisation du porno que le dénigrement des femmes, ou encore l'influence de l'hypersexualisation sur les relations amoureuses. Ces réflexions sont illustrées à partir d'exemples concrets de la société (chansons, clips, émissions de télé-réalité, publicités), ce qui donne à son oeuvre un aspect documentaire et montre que l'auteure s'est bien renseignée sur le sujet. Celui-ci est d'ailleurs exploité de manière relativement complète. En effet, bien que le comportement des personnages semble parfois exagéré, cette démesure profite à l'exploitation du sujet, lequel est abordé de manière exhaustive.

« Autrefois, la nudité représentait le sublime, inspirait les chefs d'oeuvre. Aujourd'hui, le corps est certes mis en avant mais d'une manière négative, dénigrée. Nous sommes passés de l'art au lard. »

Un texte courageux et percutant. J'ai particulièrement apprécié la manière astucieuse dont l'autrice traite du sujet de l'hypersexualisation des jeunes filles, mélangeant fiction et réflexions plus sociologiques. Cela rend la lecture très accessible, tout en incitant à s'interroger sans le faire de manière artificielle ni moralisatrice. Sur le fond, j'ai pas mal été bousculée par ce texte qui soulève de nombreuses questions très actuelles et mérite d'être lu tant par des lectrices que par des lecteurs.