Un miracle

Roman moins commercial. Une apparition mariale sur une petite île bretonne met en émoi tous les insulaires. Certains sont convaincus de la véracité des faits tandis que d'autres doutent, voire refusent cette vision.

Peu convaincue par ma lecture récente de « mourir au monde » de Claire Conruyt, le thème de la foi ne m'emballait que moyennement. Mais « le bal des folles » m'avait tellement plu que je ne pouvais pas passer à côté du second roman de Victoria Mas.

C'est une promenade intemporelle en Bretagne, où le temps se confond et où règne une atmosphère mystique. Chaque personnage s'accomplit grâce/à cause de ses croyances. L'écriture nous permet un regard extérieur, presque divin.
C'est une lecture étrange.
Victoria Mas décrit avec minutie les lieux, le climat et l'ambiance bretonne telle qu'on se l'imagine lorsqu'on n'en est pas originaire. La psychologie des personnages est aboutie, les descriptions sont nombreuses et la prose est riche. C'est une oeuvre littéraire.

Il faut lâcher prise et se laisser transporter pour apprécier ce roman. J'espère qu'il sera récompensé.

Le second roman de Victoria Mas se déroule en Bretagne sur l'île de Batz et comme le titre le laisse présager, l'ambiance y est mystique. Soeur Anne, vient s'installer à Roscoff après l'annonce que lui a faite une autre religieuse :  « Un rêve m'est apparu cette nuit : la Sainte Vierge t'apparaîtra en Bretagne. » Peu de temps après, Isaac, un adolescent un peu décalé et fragilisé par la mort de sa mère, dit en regardant fixement le ciel : « Je vois. » Mais que voit-il exactement ? Serait-ce à lui que la vierge apparaît ?

La vie de l'île va être bouleversée par ces visions d'Isaac et surtout par les réactions, parfois violentes, qu'elles entraînent. La population s'affronte : mysticisme des uns, scepticisme et rationalisme des autres. Dans ce décor balayé par les vagues, le vent et la pluie, on sent que l'issue ne peut être que tragique.

J'ai bien aimé ce second roman, très bien écrit, il faut l'avouer. Même si je n'ai pas eu un coup de coeur comme avec le Bal des folles. J'ai passé un bon moment avec les personnages et leur questionnement sur cette île bretonne qui sent les embruns. Je n'étais pas du tout séduite par le sujet choisi mais Victoria Mas est parvenue à m'y intéresser. C'est le miracle de la littérature !

Je ne suis pas sûre d'avoir saisi l'objectif de ce roman.
J'ai eu l'impression de lire une longue mise en place des personnages, avant de lancer le récit le plus important.
J'ai redécouvert l'île de Batz (il faut d'ailleurs que j'aille m'y promener), en cherchant à comprendre où chaque micro évènement se produisait.
J'ai profité des paysages, du bruit de la mer.
Mais je ne suis pas vraiment entrée dans l'histoire : j'ai passé beaucoup de temps à essayer de la situer dans le temps, mais cela reste très vague pour.
J'ai vu la tension montée, vaguement. Je suis restée à l'écart de cette foule.
Et tout à coup cette fin un peu brutale.
J'aurais voulu lire tellement d'autres choses, plus de détails, plus de personnages réellement impliqués.

L'écriture de Victoria Mas est belle, plus encore dans ce deuxième roman je trouve. Son premier roman, le bal des folles, m'avait transportée, avec l'histoire bouleversante des femmes internées à la Pitié Salpêtrière dans le service du Dr Charcot au début du siècle.
Dans son deuxième roman, elle s'intéresse au mystique, à la dévotion. L'histoire est intéressante mais je n'ai pas adhéré à tout le récit. Cela ne m'empêchera pas de suivre cette autrice que j'apprécie.

J'aime bien cette auteure, j'ai bien aimé « Le bal des folles », elle montre ici aussi que quand les « masses » pensent, elles déclenchent des catastrophes, des abominations. Les gens sont menés par leurs peurs, les choses qu'on ne s'explique pas et peuvent en arriver à des extrémités comme le meurtre, le suicide, la haine, la folie.

Un roman lu d'une traite. On se retrouve emporté en Bretagne, dans cet espace qu'on imagine, hors saison, encore sauvage, battu par les vents et hanté par les croyances. Un agréable voyage et une bien belle histoire. Victoria MAS va-t-elle continuer à nous surprendre au fil du temps ? La barre est haute. Quelques petites incohérences dans son écrit, demandent un peu de tolérance à cette autrice prometteuse. En tous cas, j'ai parcouru les landes et les rochers, entendu la mer et peut-être aussi entre-aperçu une lumière ... celle bien particulière qui inonde parfois Roscoff !! A lire, sans rien en attendre pour accéder à l'enchantement des descriptions et se laisser embarquer dans l'histoire.

Un événement, le nouveau roman Un miracle, de Victoria Mas est sur les tables de toutes les bonnes librairies en cette rentrée littéraire. Révélée il y a deux ans avec le Bal des Folles que certains avaient trouvé très ressemblant avec un autre, mais que la plupart avait adoré. Son succès fut reconnut au point qu'une adaptation cinématographique a vue le jour l'an dernier.

Alors, proposer un second roman n'est jamais chose aisée. Mais ici, elle a choisit la grande difficulté. En s'éclipsant derrière les apparitions mariales, Victoria Mas nous narre le caractère délétère d'une foule qui adule puis rejette au gré de ses désirs exorbitants, comme toute personne publique à un moment ou à un autre s'en rend compte.

Soeur Anne arrive en Bretagne pour se rendre sur l'île de Batz en face de Roscoff. Elle est une vraie parisienne. Une de ses consoeurs lui a fait une prédiction. du coup, elle se retrouve dans cette île espérant avoir une vision de la Vierge. Elle la prie depuis l'âge de ses treize ans et se considère légitime pour cette apparition.

Pas de nouveauté pour cette communauté des Filles de la Charité qui déjà en 1830 avait enregistré l'apparition de la Vierge à Soeur Labouré.

Seulement, sur l'île de Batz, la vie s'y déroule de façon calme et tranquille. Notamment avec la famille Bourdieu. Elle est très pratiquante.

Michel, professeur, y assure son rôle d'autorité avec beaucoup d'aisance à l'intérieur de la maison comme à l'extérieur. Son plus jeune fils Hugo se sait le moins aimé par rapport à son frère, objet de la fierté du père avec son statut de militaire.La plus jeune est une fille souffrant d'un asthme très handicapant qui inquiète toute la famille.

La famille d'Allan s'est rétrécie depuis le décès de sa femme. Isaac, son fils, a des traits si féminins, remarqués depuis l'enfance. Seulement, depuis, sa fragilité a attiré toutes les violences. Ici, rien ne se dit. Tout s'éprouve dans le silence.

Madeen, la tenancière du café restaurant de l'île, sais s'occuper de tous avec délicatesse et remplit le rôle de mère de substitution pour cette ado blessé.

Le décor est posé. le drame peut arriver !

Là où le Bal des Folles révélait que la liberté des femmes rimait avec folie, Victoria Mas mets en lumière dans Un Miracle une terre de calvaires, de chapelles, ancrée dans un univers rude, balayée par les vents et les débordements de la mer.

La poésie est partout, dans le choix des mots, la description des paysages, le vent tourbillonnant et la mer déchaînée. L'écriture est travaillée, affinée pour restituer le plus finement possible l'ambiance du lien, des corps solitaires et l'absence de mot.

Car, dans Un Miracle, Victoria Mas s'est volontairement astreinte à enlever les dialogues. Ici, les personnages se parlent à eux-même et peu aux autres.

Dans différentes interviews, Victoria Mas explique qu'elle a souhaité traiter de la sociologie des apparitions mariales.

Drôle de sujet, quand même ! Surtout que le Miracle n'étudie pas beaucoup la personnalité du voyeur mais surtout les réactions de la foule. de loin en loin, elle devient un personnage à part entière qui du mystique respect devient rapidement envieuse, réclamant son dû qu'on ne peut lui donner.

Au cours de cette lecture, je me suis demandée si ce n'était pas le succès qui ressemblait à une apparition mariale pour l'écrivaine. Comment vivre ce succès qui assaille lorsque l'on sort d'une période d'intense solitude nécessaire à la création ? Que ressent-on lorsqu'on se trouve livrer à une foule qui ne cesse de vous encenser ? Qui vous assaille lors de vos sorties publiques, vous gangrène au point de vous priver de votre liberté ? Et si vous ne la satisfaisait pas, elle veut vous détruire comme la foule auprès du miraculé !

Un Miracle serait une sorte de métaphore pour Victoria Mas. En étudiant parfaitement la sociologie d'une apparition mariale avec son lot de jalousie, de foule frénétique, de commentaires désobligeants et d'impératifs exigeants, elle met à distance l'emballement médiatique soit qu'elle a vécu à la sortie de son premier roman ou soit que sa mère, Jeanne Mas, a connu.

Avec son sujet décalé sur les apparitions mariales en terre de contes mystérieux, Victoria Mas livre une étudie sociologique fine, documentée et travaillée sur les soutiens mais aussi sur la violence de la foule qui adule pour mieux salir lorsqu'elle est insatisfaite. Comme les médias qui gonflent les rumeurs d'une foule imaginaire mais réelle autour d'un objet, comme une carrière artistique. Toujours aussi bien écrit, j'aurais plaisir à découvrir le prochain !
Lien : https://vagabondageautourdes..

J'avais apprécié le bal des folles essentiellement pour le sujet.
Ici nous avons affaire à une histoire mystique située sur une île bretonne , donc forcément peuplée d'arriérés et engluée dans la religion. Un déroulé de clichés sur la Bretagne tous plus caricaturaux les uns que les autres. L'auteur , très certainement parisienne, a dû passer des vacances sur l'île de Batz ou à Roscoff ( qu'elle a quand même du mal à localiser précisément ) et se targue donc de bien les connaître.
Sans parler du miracle catholique de la visitation de la vierge !
Je me suis tant ennuyée que j'ai terminé le livre en le parcourant en diagonale dans l'espoir d'y trouver un quelconque intérêt avant la fin. mais en vain ! Quel ennui ! Mais quel ennui !

"La Sainte Vierge t'apparaitra en Bretagne", c'est la prophétie qui a été faite à Soeur Anne par l'une de ses paires. Quelques temps plus tard, elle apprend qu'une place est à pourvoir dans une permanence en Bretagne. Soeur Anne y voit un signe et décide de se mettre en route vers son destin. Et c'est effectivement sur une petite île au large de Roscoff que la Sainte Vierge va décider de se montrer. Or l'élu est un jeune garçon du coin, Isaac.
Pourquoi lui? Et d'ailleurs tout ceci ne serait-il pas qu'une mauvaise farce montée de toute pièce par un adolescent fragile en mal de reconnaissance?
Les esprits s'agitent sur la petite île, la tension monte, les masques tombent.

Pour cette lecture il m'a fallu mettre mes convictions personnelles de côté et m'imaginer que les apparitions miraculeuses pouvaient réellement exister. Une fois cela fait, je me suis assez facilement plongée dans l'histoire. Il faut dire aussi que je suis, une fois de plus, complètement tombée sous le charme de la plume de l'auteure. J'aime la lire c'est aussi simple que ça.
J'ai apprécié le fait qu'elle nous présente cette histoire sous forme d'un récit polyphonique, ce qui nous permet de bien comprendre les sentiments des différents protagonistes face à ce miracle qui va tous les bouleverser d'une manière ou d'une autre.

Si j'ai beaucoup aimé ce second roman dans lequel j'ai vraiment eu plaisir à retrouver le style particulier de l'auteure, je dois cependant dire que je lui préfère le précédent "Le bal des folles".

Gros coup de coeur.

Une île : celle de Batz face à Roscoff

Quatre personnages principaux :

Soeur Anne de la Congrégation des Filles de la Charité
Hugo, lycéen, passionné d'astronomie
Michel Bourdieu, son père, professeur de lycée, fervent catholique, avec lequel il entretient de très mauvaises relations en raison du peu d'attachement de son géniteur envers lui.
Isaac, lycéen, souvent harcelé par les autres jeunes en raison de son hypersensibilité. Il est orphelin de mère depuis 10 ans
Alan, son père, veuf inconsolé qui n'a plus goût à la vie et se laisse aller, ayant depuis longtemps abandonné son rôle de père.
Voilà les ingrédients de cet excellent roman. Chacun essaie de vivre malgré les blessures profondes qu'il cache.

Jusqu'au jour où Isaac, sur le promontoire, reste comme hypnotisé pendant des heures. Il dira plus tard qu'une dame lui apparaît. Dès que la nouvelle s'ébruite, une foule nombreuse vient prier chaque jour sur le promontoire qui se transforme en lieu saint.

Quand une guérison miraculeuse est annoncée, c'est l'hystérie collective.

Je ne dévoilerai pas la fin. Ce qui m'a passionnée dans ce roman, ce sont les portraits psychologiques brossés par Victoria Mas de chacun des personnages et leurs évolutions ; ainsi que la description de la vie sur l'île.

J'ai apprécié son écriture et son style qui nous fait sentir la tension qui monte jusqu'au dénouement

Je remercie les Editions Albin Michel et Cultura pour cette découverte.