Non mais Onee ?? Pourquoi tu lis un recueil de nouvelles alors que t'aimes pas ça ?? Paarce-queeeeeeeee ! Parce que les citations des copines (Merci Marina^^) m'ont tellement touchée que j'étais presque sûre que, cette fois, ce serait la bonne. Parce qu'il existe certaines écritures qui te correspondent, et te feraient aimer n'importe quel genre. Parce que parfois ça s'explique pas : le bon moment a rendez-vous avec la plume adéquate, et l'étincelle jaillit. Voilà. C'est tout simple, parfois, une belle rencontre. Simple et touchant, doux mais urgent, court ; mais intense. Comme la plume de Lydie Masere.
C'est avec beaucoup de sensibilité qu'elle nous raconte 17 nouvelles. Des textes courts (5 pages environs), pour éprouver intensément un instant, un chapitre minuscule de la vie de chacun de ses personnages. Mais, comme disait Thackeray :
« N'y a-t-il pas dans la vie de chacun de nous de petits chapitres qui semblent n'être rien en eux-mêmes, mais qui étendent cependant leur influence sur tout le reste de l'histoire ? »
Et de fait, j'ai trouvé cette expérience beaucoup plus intense qu'avec des nouvelles plus développées qui chercheraient à raconter une histoire entière mais moins approfondie. Dès les premiers mots, chaque texte nous emporte dans son univers propre, avec beaucoup de poésie dans le rythme, les sons, les mots ; une lecture qui à la fois chamboule et apaise, appelle à la résilience. L'auteure aborde des sujets graves avec luminosité. L'espoir dans le malheur, l'acceptation dans la détresse. Sans mot superflu, puisque tout est juste du premier coup. La vie blesse, la plume berce. La douleur et la douceur.
Lydie Masere ne raconte qu'un minuscule chapitre de ses personnages, à l'échelle d'une vie, mais on le vit avec eux. A ce moment-là de leur existence, nous connaissons et comprenons les personnages mieux que n'importe qui d'autre. C'est un joli recueil de sensations, de moments décisifs où tout bascule, dans lequel la brièveté n'ôte en rien l'intensité mais la révèle au contraire. Aussitôt dans la peau du personnage, bam, la chute te met une claque ! Mais tu te relèves, parce que si la suivante est aussi bonne, tu veux bien rajuster tes lunettes et repartir pour un tour. Même si tu commences à comprendre les masochistes, et que tu trouves cette pensée trop bizarre. Malgré le format nouvelle, rien de superficiel dans cette chasse au superflu. Plus que l'essentiel, qui percute. Là est l'exercice, brillamment réussi. On vit l'amour, la folie, les ruptures inconsolables, les addictions, le vieillissement, le deuil, la maternité. Des vies qui sourient ; d'autres qui se fracassent. Sur la plage, sous la lune, la pluie ou le soleil ; les étoiles, et caetera…
Les sujets difficiles ne sont pas éludés, qui mettent en valeur l'art avec lequel l'auteure met des mots sur ces maux. Les orchestre. Car c'est une jolie mélodie finalement, même dans les moments éprouvants - surtout dans ces moments, peut-être - que celle des phrases justes et empathiques. A quoi sert la lecture, sinon à mettre le baume des mots sur nos plaies, et nous aider à comprendre celle des autres pour les panser à notre tour ? Merci à Lydie Masere, que je ne connaissais pas mais qui a eu la gentillesse d'accepter une réfractaire aux nouvelles parmi ses lecteurs ; et qui a fait une adepte ! Et comme c'est le premier recueil de nouvelle que j'aime vraiment, je vais essayer de le trouver en papier, pour ma bibli mais aussi pour offrir.
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