Imaginez si Bridget Jones enfin réunie avec Mark Darcy n'avait été que le début de l'histoire. Imaginez si Bridget n'avait pas seulement été l'incorrigible maladroite avec ses coups de cafard noyés dans les pots Ben&Jerry's. Imaginez si elle avait été atteinte de dépression : que serait-il advenu de leur amour une fois qu'ils se seraient passés la bague au doigt ?
Dans une comédie romantique, le happy end de Martha aurait pu être son mariage avec Patrick après avoir réalisé que celui-ci l'aimait depuis le premier jour, lorsque cet orphelin timide a débarqué dans sa vie alors qu'elle n'avait que 16 ans, au milieu du joyeux bazar de sa famille londonienne. Oui, dans un film avec Julia Roberts, l'amour aurait sauvé Martha de tout, après des années d'errance et de choix de vie douteux, comme une première union désastreuse avec le roi des têtes à claques ou des jobs sans aucune cohérence entre eux.
Sauf que Martha souffre de troubles dépressifs sévères depuis l'âge de 17 ans. Et que la maladie n'a depuis jamais relâché son emprise - malgré les cocktails de médicaments et les diagnostics psy à n'en plus finir… - revenant sans cesse par épisodes avec ses vagues de larmes et leurs rouleaux d'angoisse pour l'engloutir.
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Évidemment Martha », c'est comme boire la dernière coupe de champagne avant de quitter la fête, quand on est encore dans l'euphorie des bulles mais déjà envahi.e par la nostalgie. On rit, beaucoup, devant l'humour noir et dévastateur de Martha ; on fond de tendresse devant la si belle relation qui l'unit à sa soeur Ingrid (hilarante et émouvante quand elle se livre sur les affres de la maternité !) ; on a le coeur brisé lorsque Martha se débat, impuissante, dans les tourments du désespoir, incapable de protéger ses proches dans la tempête, son mari en tête.
Un roman fort, immensément drôle mais jamais frivole, qui interroge sur le tabou de la maladie mentale et la façon dont les proches le vivent, mais aussi sur l'importance de mettre les bons mots sur les maux qui nous rongent… et de pardonner (y compris soi-même) pour avancer.
Love you Martha !