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Citations sur Les Mémoires d'Agrippa, tome 1 : De l'Esclavage à l'Empire (5)

Extraits du récit :

Ah ! Si Agrippa avait voulu... le sort du monde en aurait été changé !
Si Agrippa avait voulu... mais Agrippa ne voulait pas ! Nul besoin d’aborder le sujet ; c’était clair : la seule amitié possible entre eux devait être d’ordre fraternel ! N’est-ce pas en définitive la vraie raison qui a poussé Auguste, a refuser l’union de sa sœur et de son ami ? Comment aurait-il supporté, à ses côtés, à sa vue même, Agrippa heureux avec une femme ? Avec Attica, ou Marcella, il ne prenait pas de risque : il s’agissait d’unions de convenance... même si elles risquaient de changer de nature dans le temps... on ne peut pas être pleinement rassuré sur les sentiments d’Agrippa... mais avec Octavie, là, il y avait danger ! Leur passion était trop réelle ! Il fallait les éloigner l’un de l’autre ! Il n’y avait pas d’autre solution !
L’ambition ne vaut pas un tel sacrifice mais Rome en avait besoin. Il a vieilli, l’enfant puis le jeune homme fragile qui voulait être le plus puissant ! Entre les crimes et les trahisons nécessaires pour y arriver, Auguste s’est rendu compte de l’essentiel. Le pouvoir pour le pouvoir entraine dans une spirale mortifère et ce n’est pas son but.
D’ailleurs, ce pouvoir, le voulait-il vraiment pour lui ? N’était-ce pas aussi pour déclencher l’admiration d’Agrippa, pour le lui offrir et le garder à ses côtés ? La plus grande des victoires militaires, c’est d’être en paix avec l’être le plus aimé !
Et encore, et toujours, Auguste le sait, le sent, le souffre : il ne peut pas se passer d’ Agrippa !

[…]

Auguste se met à trembler. Il a toujours su qu’un jour il se trouverait face à ce dilemme : son ami ou le pouvoir. Etre un maitre absolu n’a pas de prix. On pense l’acheter en faisant des cadeaux, en gérant le monde avec plus d’équité, en s’attachant le peuple par plus de confort, de jeux, de sécurité. Mais ce n’est jamais assez : il faut tout lui sacrifier même sa famille et ses amis quand cela devient nécessaire. Auguste peut-il encore reculer ? A quoi sert de détenir tous les pouvoirs si on ne peut pas maitriser celui de ses proches ? C’est beau ce qu’il a bâti : une Rome plus belle que jamais, un empire* prospère, la paix universelle à l’intérieur des frontières ! Mais Agrippa, son ami d’enfance, son plus que frère, celui qui lui a permis d’obtenir toute cette puissance, pourrait-il la mettre en danger ? Mais pourrait-t-il encore rester Auguste sans le soutien d’Agrippa ? 


[…]

Il convient de prévenir Auguste même s’il ne verra pas les premières festivités. Il ordonne que soient donnés des sacrifices dans toutes les villes de l’empire et que l’on offre des réjouissances aux peuples. Sur place, il fait ouvrir ses jardins aux Romains et leur permet d’accéder librement à ses thermes. Sur la terrasse du palais, il peut regarder Rome, sa Ville, qu’il a embellie, sécurisée et apaisée, celle qu’il gouverne désormais en l’absence de son ami d’enfance. De cet endroit, un jour lointain, une louve a recueilli de petits jumeaux abandonnés qui allaient fonder la Cité la plus puissante de l’histoire. Et c’est à ce même endroit qu’Agrippa, quelques heures plus tard, présente urbi et orbi, à Rome et au monde, Caius Julius Caesar Vipsanius, son héritier et celui d’Auguste, celui qui rend l’empire héréditaire, le petit-fils d’un empereur et d’un esclave.
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L’ambition ne vaut pas un tel sacrifice mais Rome en avait besoin. Il a vieilli, l’enfant puis le jeune homme fragile qui voulait être le plus puissant ! Entre les crimes et les trahisons nécessaires pour y arriver, Auguste s’est rendu compte de l’essentiel. Le pouvoir pour le pouvoir entraine dans une spirale mortifère et ce n’est pas son but.

D’ailleurs, ce pouvoir, le voulait-il vraiment pour lui ? N’était-ce pas aussi pour déclencher l’admiration d’Agrippa, pour le lui offrir et le garder à ses côtés ? La plus grande des victoires militaires, c’est d’être en paix avec l’être le plus aimé ! Et encore, et toujours, Auguste le sait, le sent, le souffre : il ne peut pas se passer d’Agrippa !
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Extraits des mémoires :

La suite... c’est celle de tous combats... D’abord les gémissements des blessés qui ne pourront pas être soignés : on achève les nôtres, parfois aussi les autres dont certains sont des Romains, comme nous ; il y a encore les soldats qui se ruent comme des mouches sur les morts pour leur prendre tout ce qui a de la valeur : armes, armures, anneaux et même sandales, les laissant nus pour les corbeaux et les vautours qui se massent de plus en plus nombreux. Ensuite : la torpeur des vainqueurs qui tourne en délire lorsqu’ils dressent des trophées en attendant leur part du butin commun. Et puis : l’odeur... cette puanteur qui monte des corps vite en décomposition, non loin du camp... Enfin, les jours suivants : c’est la razzia sur les villages qui ont soutenu l’adversaire, la prise d’esclaves qui complétera le butin et les femmes... les femmes... Elles ne participent pas au combat et pourtant elles en subissent les pires conséquences : elles finissent livrées à la violence des troupes, avant de grossir le flot des esclaves, cette marchandise si lucrative dans l’empire romain !

[…]

Octave peut compter sur moi pour le mener à la victoire militaire. Je peux compter sur lui pour m’en récompenser au-delà du raisonnable.

[…]

Rome et son peuple avaient besoin d’une nouvelle forme de gouvernement, plus forte, plus protectrice, plus orga- nisée. Octavien l’incarnait et j’allais l’accompagner ! Nous nous sommes mis d’accord sur une stratégie : un seul devait être en lumière et apparaitre comme chef d’armée et homme politique exceptionnels. Moi, comme je l’avais déjà fait en Hispanie*, je devais permettre le succès et rester dans l’ombre. La réussite des deux était à ce prix et je l’ai accepté d’emblée. Quand nous avons scellé notre pacte, Octavie était là, entre Octavien et moi, nous enlaçant l’un et l’autre comme elle le faisait dans notre enfance : j’avais tout ce que je pouvais espérer de la vie.

[…]

J’ai choisi. Octavie a raison : je dois soutenir Octavien coute que coute. Je l’ai voulu, je l’ai juré ! Mais pas n’importe comment ! Mon père doit une part importante de sa fortune aux proscriptions de Sylla. Je sais désormais clairement, de quoi j’ai été nourri et éduqué. Je ne vais pas recommencer. Marc Antoine m’accuse d’avoir une attitude louche. Je l’assume totalement et je me flatte, au moment où j’écris ces Mémoires, d’être le seul à n’avoir pas profité directement des proscriptions*.
Je ne poursuis que les ennemis reconnus de mon ami d’enfance, pas leur famille. Je suis celui que l’on vient voir pour obtenir la clémence d’Octavien. Je ne poursuis pas les exilés volontaires.

[…]

En quatre ans, j’ai dû vieillir d’une dizaine d’années au moins ! Mais je n’ai pas failli dans mon soutien inconditionnel à Octavien. Ma vie personnelle aussi a évolué. Je ne parle pas des domaines que j’ai récupérés avec les proscriptions sans les revendiquer, ni de l’augmentation d’une fortune dont je n’ai pas vraiment besoin. Je veux parler d’Octavie et de moi : à force d’être proches, lors de mes passages à Rome, il fallait bien qu’un jour nous le devenions encore davantage ! Après avoir accouché d’un fils et comblé son vieux mari, elle a pris un peu de distance avec ses obligations morales de matrone romaine. Je n’attendais que ce moment ! Mais après tout, n’était-ce pas normal ? J’ai aimé Octavie le premier ! J’ai enfin pu vivre cette union totale de nos chairs, de nos émotions et nos esprits. Oh Octavie, quel bonheur tu m’as donné alors ! La République s’écroulait, Rome tremblait en proie à une confusion totale, la guerre contre les Césaricides se précisait... mais dans ta couche, Octavie, tu m’offrais un monde de jouissances d’autant plus intenses que je les avais espérées pendant des années ! Quand je te quittais, momentanément rassasié, j’étais comme Alexandre regardant du haut d’une montagne, l’étendue de ses conquêtes !

[…]

Oui, ce fut une période dure, mais intense aussi. Galva-nisé par Octavie, fidèle et dévoué à Octavien, je me suis démultiplié pour assurer leur triomphe. Philippes, Pérouse, Siprente... autant de lieux et de victoires où je suis resté dans l’ombre pour permettre à Octavien de passer pour un grand chef d’armée. Il arrivait après la bataille, se tordait de douleur dans une tente pendant les combats... et les gagnait grâce à moi. Il gonflait alors le torse pour redresser sa taille et paraitre plus grand ; il couvrait sa maigre poitrine d’une armure étincelante ; et il apparaissait devant les troupes pour les féliciter, les récompenser... et se faire acclamer.

[…]

J’avais oublié à quel point Polla était ma sœur : même caractère, même force d’argumentation ! Elle n’a pas pu avoir une éducation aussi poussée que la mienne mais elle fait partie des femmes les plus cultivées de sa génération. Sa parole mérite d’être prise en compte. Dans le fond, je sais qu’elle a raison, mais j’ai du mal à l’admettre. Je me rends compte, soudain qu’elle aurait dû déjà être mariée : les soins prodigués à notre père sont-ils la cause de ce célibat ?
– Tu sais que j’ai été fiancée très jeune au fils d’un ancien compagnon d’armée de notre père. Mais il a tout annulé lorsque notre frère a commencé à se faire
mal repérer.
– L’imbécile ! Refuser la sœur de Marcus Agrippa ! 
Pourquoi ne me l’as-tu pas dit ? Je t’aurais vengée ! Je peux te trouver un mari parmi mes meilleurs lieutenants ou parmi une noble famille romaine prête à s’allier à un ami d’Octavien ! 

– Inutile, c’est arrangé ! Il est revenu quand tu as été nommé en Gaules, en prévision de ton retour chargé de richesses. Il était prêt à répudier sa nouvelle épouse pour se rapprocher de toi ! Je n’en ai pas voulu ! Et je n’en veux pas d’autre. Je ne veux pas être un moyen d’alliance que l’on prend et rejette selon les circonstances. Je ne veux pas de filles qui n’auront pas d’autre choix que de subir de la même façon. Je ne veux pas choisir parmi mes fils celui qui assurera la prospérité de tous les autres. Je ne veux pas manigancer toute ma vie contre mon mari et ses enfants d’un autre mariage pour faire passer l’un des miens avant tous les autres ! T’es-tu jamais penché sur le sort des Romaines dont on dit pourtant qu’elles sont privilégiées ? Toi, tu as la chance d’être un homme et d’être puissant. Tu peux donner à tes enfants le droit de devenir ce qu’ils veulent être, sans dépendre de personne ! 
Je vois Polla sous un jour nouveau ; absorbé par mon ambition, je ne me suis jamais demandé ce qu’elle pouvait penser... ni même si elle pouvait penser différemment que moi. 


[…]

Pour creuser le tunnel, je fais venir des spécialistes des carrières d’Atticus. J’ai toujours été confronté à l’esclavage et je croyais y être habitué. Je sais aussi que le travail dans les mines est le plus terrible, avec une espérance de vie de deux ou trois ans. Mais quand je croise ces fantômes sans droits, ni âge, ni nom.... Quelle vision d’horreur ! La pâleur de leur chair privée des éclats du soleil... leur maigreur ridée... leurs gestes lents trahissant désespoir et épuisement...non, le pire, c’est leur visage, leurs yeux sans aucun éclat, leurs regards sans vie... insupportable !
Et pourtant, j’ai déjà vu sur le champ de bataille, des blessés se tordre de douleur au point d’être achevés, des prisonniers épouvantés, des punitions mortelles, des tortures même ! Mais, pour moi, ces horreurs avaient une cause, un sens, un caractère de nécessité et d’ailleurs, je les minimise au maximum, ne les appliquant qu’en dernier ressort. Comme disait mon père : « malheur au vaincu ». On gagne et on a la vie, la gloire et la fortune ; on perd et on devient esclave ou on meurt. C’est la loi de la guerre, choisie par le soldat. Mais ici, rien ne peut justifier l’état de délabrement et d’humiliation de ces ombres qui ont été auparavant considérées comme des hommes.
« On m’a prévenu que je dois être dur avec vous et bien vous encadrer sans épargner le fouet et les privations ; que c’est ainsi que vous pourrez encore, jusqu’à votre dernier souffle de vie, creuser la roche et ouvrir un passage vers la lumière dont d’autres profiteront. Je vous propose un autre choix : travailler dur mais sans chaine, manger à votre faim, épargner le fouet. Et si vous réussissez à construire le tunnel dont j’ai besoin dans les temps prévus, je vous affranchirai et vous serez à nouveau autorisés à jouir de cette lumière du jour qui vous fait tant défaut depuis de longs mois. »
Un silence pesant suit ma harangue, uniquement troublée par la voix de quelques traducteurs car tous les esclaves ne parlent pas latin. J’ai l’impression que ce manque de bruit humain dure des heures... quelques minutes en réalité, le temps de saisir et surtout croire en mon message. Un à un, par-ci, par-là, puis par groupes de plus en plus importants, les têtes se relèvent, les corps se redressent, les regards osent se tourner vers moi. Comme par magie, les yeux se remettent à briller. L’animal désespéré redevient humain ! Un brouhaha étonné s’ensuit puis une clameur dont l’effet est accentué par les bras qui se lèvent : oui, ils sont d’accord, pour Rome... et pour Agrippa, leur sauveur... et fils d’esclave affranchi !

[…]

On fait battre monnaie : sur une face on trouve mon effigie coiffée de ma couronne rostrale ; sur l’autre, Octavien. Nous étions amis, soudés l’un à l’autre depuis l’enfance et nous voici indéfectiblement liés par la même gloire, dans les mêmes victoires. On érige des statues où j’apparais avec les attributs de Neptune, dieu de la mer, à côté de celles de mon ami en Apollon, le frère de Vénus dont il se prétend descendant. On veut me voir, me recevoir, m’apercevoir, même de loin, me toucher lorsque je passe, comme si je portais bonheur ou pouvais guérir les malades !
Que pourrais-je espérer de plus ? Et bien, Octavien a trouvé un moyen supplémentaire de me montrer sa gratitude : « Te rappeler des Gaules et te confier l’armée, c
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Les esclaves... Rome et ses provinces ne peuvent s’en passer. Tout le monde, un jour peut le devenir : par dette, par jugement, par défaite au combat... Certains peuvent s’en sortir comme l’a fait mon père : par testament du maitre, en combattant dans l’arène ou en rachetant soi- même sa liberté par les bénéfices de son travail... Mais la grande majorité garde cet état dégradant toute leur vie : les esclaves ne sont que des choses qui doivent obéir à n’importe quelle injonction, même la plus dure ou humiliante. Certains, dans les mines notamment, ont une espérance de vie réduite à quelques mois... J’en frissonne, rien que d’y penser ! Moi, je suis né libre et citoyen romain* ! Pour le rester et le prouver, je suis prêt à me battre mais encore faut-il attendre le bon moment pour être sûr de la victoire !
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Le regard du général revient sur la terre : il observe en contrebas, ces étranges forêts de troncs géants pétrifiés*. Il s’agit d’arbres immenses comme on n’en voit qu’en Afrique. On ne sait pas ce qu’ils font ici ni quel Titan les a cassés ainsi. Les habitants de l’ile en parlent avec respect et y voient la trace d’une colère de Jupiter : il a fait tomber sa foudre sur ces arbres trop grands qui menaçaient sa puissance. Et pour que les hommes se souviennent de la leçon, il a décidé que des sources chaudes couleraient à jamais de part et d’autre de l’ile.

Agrippa laisse au peuple ce qu’il considère comme de la superstition. Il doit bien y avoir une raison scientifique à ce paysage unique en son genre. Mais pour l’instant, peu lui importe. Ces troncs de séquoias pétrifiés semblent annoncer ce que risque de devenir son amitié avec Auguste : un amas d’actions extraordinaires qui tourneront au chaos si la mort les sépare ! Il est là, lui, Agrippa, dans une ile d’orient, pendant que son ami d’enfance se meurt.
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