AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Mermed


Deux cent quarante quatre ombres d'éternité qui savent que courtes et tristes sont les vies - les leurs - les nôtres -
dites en quelques vers de rhétorique creuse sur des pierres tombales.
Dans le cimetière Madame Pantier parle à Ruben Pantier qui s'adresse à Emily Sparks, sa vieille fille d'institutrice qui l'aimait comme un Jésus Christ de L'Illinois;
et tous ils se racontent,
et ils/nous ont si peu à dire, que cela nécessite peu de place et beaucoup de talent - et il en a Edgar Lee…
tous, ils se racontent les juges, les assassins, les cocus assassinés, le chinois confucéen - une âme que l'on veut ramener au dieu des chrétiens - des illuminés…de toutes sortes, panthéistes, bouddhistes, chrétiens…et même un athée;
il y a aussi un banquier qui a mis sur la paille les épargnants de la ville quand son fils s‘est fourvoyé dans des opérations financières incontrôlées,
un juge qui regrette d'avoir condamné un assassin à l'âme plus innocente que la sienne,
Hod Putt, the murderer,
Hanged by my sentence,
Was innocent in soul compared with me.
et l'on se prend à imaginer la Duse qui déclamerait ces épitaphes,
qui dirait mieux qu'elle les vers sur la tombe d'Hamlet Mircure ?
Et pourquoi écrire plus quand on peut tout dire en un seul vers, en un seul mot ?
dans cette ville où un homme vêtu de noir - qui ressemble à Euripide comme un frère - est venu pendant une nuit - qui était peut être de décembre - parler du désespoir et de la vanité de demander des comptes à Dieu comme un Job qui n'aurait pas tout compris, lui aussi;
nostalgie, humanité, méchanceté, espoir,
nos vies en totalité, nos vies dans les vers d'Edgar Lee Masters,
ses vers libres - eux - au contraire de ces vies, de nos vies, convenues prévues, enchaînées…

usqu'à Robert Seethaler (Le champ) – nombreux sont les écrivains qui ont tenté de retrouver cette veine, mais sans jamais atteindre ce niveau de perfection, d'humour et d'humanité.


On peut lire Spoon River Anthology comme une histoire qui raconte des histoires entrecoupées, on en a recensé dix neuf et les habitants se répondent, on peut aussi les lire séparément ces textes,
c'est presque aussi intéressant que les vies des people…
avec tous ces morts nous boirons une eau de vie dans un cimetière ou à côté..


On trouvera pêle-mêle ici La Sagesse de Salomon, Cassius Hueffer, Flossie Cabanis, the circuit Judge, John Horace Burleson, Hamlet Mircure, John Ballard,
Mon édition de ce livre: Macmillan en 1962, préface de May Swenson

Lien : http://holophernes.over-blog..
Commenter  J’apprécie          60



Ont apprécié cette critique (6)voir plus




{* *}