Quelque chose se brise lorsqu'on reste parti trop longtemps : les liens, les manières d'être et les jours - les jours eux-même se brisent en deux - et tout le reste aussi, que je saurais décrire.
Où en serait l'humanité sans matins ? Même le plus violent des besoins est calmé par l'aube, et on peut presque sentir dans l'air la senteur fraiche de l'espoir.
D'abord j'ai cru que pour être parent, il fallait être idéaliste. Puis j'ai appris qu'être parent, c'était sans cesse se heurter à tout ce qui n'est pas idéal chez soi.
Aucun homme ne devrait chercher à voir sa famille de manière objective, a-t-elle continué. Pas seulement à cause de l'impossibilité même de la tâche, mais parce qu'une telle ambition suffit à rompre le pacte entre proches.
Quelque chose se brise lorsqu’on reste parti trop longtemps : les liens, les manières d’être et les jours – les jours eux-mêmes se brisent en deux – et tout le reste aussi, que je ne saurais décrire. Et d’autres choses naissent, aussi, mais partager celles-là devient vite indélicat, car elles ne servent qu’à nous rappeler, à nous et à ceux que nous avons laissés, tout ce qui a été effacé pour leur faire de la place. Donc tu fermes ta bouche, parce que tu ne veux pas reconnaître combien tu es devenu différent.
(…) nous demandons aux écrivains ce que nous demandons à nos meilleurs amis - de nous servir de médiateur avec le monde, de nous aider à l'interpréter.
La liberté, ai-je songé, c'est aussi la liberté de ne pas être méfiant, de ne pas avoir peur et de ne pas envier.
Ami…Quel mot. La plupart des gens l'utilisent à propos de personnes qu'ils connaissent à peine. Alors qu'il s'agit d'une chose extraordinaire.
(…) si vous vous retrouvez tout à coup confronté à la mort, avec l'irrévocable probabilité que la vie prenne fin, tout ce qu'il y avait avant - le pouvoir de vos motivations, les raisons qui sous-tendent vos convictions, votre moteur mental et spirituel tout entier, tout ce que vous savez et même les choses que vous ne savez pas - n'est plus pareil. Le monde est un autre pays.
Je n'aurai jamais les mots pour expliquer ce que ça fait de recevoir une balle, de ne plus pouvoir rentrer chez soi ou de devoir renoncer à la vie telle qu'on l'avait imaginée, ni pourquoi j'avais l'impression que j'étais mort ce jour-là sur St James's Square et, par le biais d'un grotesque accident, d'être né à nouveau dans la malheureuse peau d'un naufragé de dix-huit ans, coincé dans une ville étrangère où il ne connaissait personne et ne pouvait pas faire grand-chose pour lui-même (...)