C’était une clameur de réprobation contre ce soudard ignoble, un souffle de colère, une union de tous pour la résistance, comme si l’on eût demandé à chacun une partie du sacrifice exigé d’elle.
On cita toutes les femmes qui ont arrêté des conquérants, fait de leur corps un champ de bataille...
Le déjeuner fut bien triste; et il s'était produit comme un refroidissement vis-à-vis de Boule de suif, car la nuit, qui porte conseil, avait un peu modifié les jugements. On en voulait presque à cette fille, maintenant, de n'avoir pas été trou- ver secrètement le Prussien, afin de ménager, au réveil, une bonne surprise à ses compagnons. Quoi de plus simple ? Oui l'eût su, d'ailleurs ? Elle aurait pu sauver les apparences en faisant dire à l'officier qu'elle prenait en pitié leur détresse. Pour elle, ca avait si peu d'importance !
Le passé m'attire, le présent m'effraye parce que l'avenir c'est la mort. Je regrette tout ce qui s'est fait, je pleure tous ceux qui ont vécu ; je voudrais arrêter le temps, arrêter l'heure. Mais elle va, elle va, elle passe, elle me prend de seconde en seconde un peu de moi pour le néant de demain. Et je ne revivrai jamais.
Car la haine de l'Étranger arme toujours quelques Intrépides prêts à mourir pour une Idée.
Elle vit un reproche dans ces paroles et dans le ton dont elles étaient dites. Elle se tut. Elle était timide et douce, sans révoltes et sans volonté.
Nouvelle "Première neige"
L’alcool le mit de belle humeur, et il proposa de faire comme sur le navire de la chanson :
Manger le plus gras des voyageurs. Cette allusion indirecte à Boule De Suif choqua les gens bien élevés
«L’alcool le mit de belle humeur, et il proposa de faire comme sur le navire de la chanson :
Manger le plus gras des voyageurs. Cette allusion indirecte à Boule De Suif choqua les gens bien élevés.» (p.39)
« Il y avait cependant quelque chose dans l’air, quelque chose de subtil et d’inconnu, une atmosphère étrangère intolérable, comme une odeur répandue, l’odeur de l’invasion. Elle emplissait les demeures et les places publiques, changeait le goût des aliments, donnait l’impression d’être en voyage, très loin, chez des tribus barbares et dangereuses. »
Madame, issue d’une bonne famille de paysans du département de l’Eure, avait accepté cette profession absolument comme elle serait devenue modiste ou lingère. Le préjugé du déshonneur attaché à la prostitution, si violent et si vivace dans les villes, n’existe pas dans la campagne normande. Le paysan dit : — « C’est un bon métier » ; — et il envoie son enfant tenir un harem de filles comme il l’enverrait diriger un pensionnat de demoiselles.