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Critique de PaKa


Lors d'une interview donnée aux éditions Ankama, Agnès Maupré citait Franquin et Reiser comme dessinateurs préférés, Ghost World et Mort Cinder comme livres lui ayant donné envie de faire de la BD, et Joann Sfar comme parrain officieux.
Comme son parrain, Agnès pratique le trait vif et léger, plein de vie et de spontanéité.
Comme son parrain, plutôt que de tracer des personnages avec une précision millimétrée et une rigueur sans faille, Agnès préfèrera les laisser vivre d'eux même, bouger comme ils le souhaitent sous ses crayons ; quitte à s'autoriser quelques imperfections qui, loin de nuire à son univers, le rendront encore plus personnel.
Mais attention, si je me permets la comparaison, je tiens à ajouter que son style n'est en rien une simple copie ou un repompage basique : si on sent l'influence du parrain, la filleule sait se construire son monde bien à elle, y insufflant sa propre sensibilité et une grosse part de féminité. Ainsi, pour son Milady de Winter, là où Sfar s'amuserai à dessiner des filles à poil, la demoiselle, elle, se plait à dessiner des filles de tout poil.

Agnès Maupré prendra donc le parti de faire la part belle aux femmes, plaçant la gent masculine au second rang, n'hésitant pas à égratigner au passage leur caractères quelques peu sommaires. Au diable ces mousquetaires qui ne pensent qu'à croiser le fer avec les gardes de Richelieu, au diable ce grand benêt maladroit de d'Artagnan, au diable ce bellâtre suffisant d'Aramis, au diable cet acariâtre aigri d'Athos, au diable ce beau-parleur ridicule de Buckingham, au diable ce bourrin expéditif de Rochefort… celles qui seront mises en avant dans cet album, seront la reine Anne d'Autriche, qui trompe sa mari de roi pour tromper l'ennui ; la douce Constance, qui désapprouve sa maîtresse de reine mais lui sera dévouée et fidèle à jamais ; la pauvre Ketty, en cruel manque d'attention, d'amour, de romantisme et de maternité ; et bien sûr, la mystérieuse Milady de Winter.
Milady de Winter que Dumas plaçait au rang de personnage secondaire mais sur qui il y aurait tant à dire.
Milady de Winter que Maupré place au premier rang et sur qui elle a tant à dire.
Du coup, la fameuse affaire des ferrets de diamants sera traitée en quelques pages à peine pour pouvoir mieux s'étendre sur ce qu'il se passa avant et ce qu'il adviendra ensuite.
On saura donc comment la Comtesse de Fère devint Milady de Winter, pourquoi elle fut marquée du seau de l'infamie dès son plus jeune âge, ce qui fit d'elle cette femme froide et dangereuse, en quelles circonstances elle devint espionne sous les ordres de Richelieu, pourquoi elle entretiendra avec D Artagnan une relation à la vie, à la mort…

Quel délice que de suivre les aventures de cette Milady au mille facettes ; profonde, complexe, intrigante, et souvent beaucoup plus touchante et fragile qu'elle ne voudrait le laisser paraître.
Un beau portrait de femme pour cette jolie relecture du chef d'oeuvre de Dumas.

Lien : http://www.anglesdevue.com/r..
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