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Critique de Sardanapale


Dans la brume du petit matin, Thérèse Desqueyroux redescend prudemment les marches du Palais de Justice de Bordeaux. Elle entend son avocat souffler à son père la décision juridictionnelle qui la concerne : "Non-lieu". Ouf ! papa n'aura pas à subir la notoriété d'un procès. Les élections approchent et il serait fâcheux de perdre la députation avec une publicité inutile. Après tout, personne n'a été blessé ... Mais pour Thérèse débute l'instruction d'un nouveau procès. Celui de la morale et celui que s'apprête à lui livrer son mari, celui là même qu'elle a essayé d'empoisonner ! Sur le chemin qui la ramène chez elle, en calèche puis en train, puis encore en calèche, à travers les routes boueuses, longeant les plaines humides et les sombres forêts de pins, Thérèse va préparer sa défense.
Dans un long monologue dont François Mauriac a le secret, l'un de ces récits intérieurs qui font la profondeur de son nid de vipère, elle retrace pas à pas cette histoire tragique, ce nauffrage de la vie d'une femme de campagne au début du XXe siècle.
Sa filiation avec les Emma Bovary, Anna Karénine et Miss Dalloway est évidente. Malgré son geste on ne peut totalement lui en vouloir, car nous comprenons ses frustrations, ses désillusions, le désenchantement de l'enfant qui courait autrefois dans un chemin qu'il traverse aujourd'hui la tête baissée et rongée de chagrin. .
Un très grand roman de François Mauriac qui aborde, outre bien évidemment le thème de la déliquescence du lien conjugal, des thèmes assez variés : la désillusion de l'âge adulte comparé aux souvenirs d'enfance, la fugacité du temps, la relativité et le caractère éphémère du bonheur. Un livre plutôt pessimiste donc, sans concession pour les vieilles familles de campagnes et leurs traditions qu'il execre, au rang desquelles la chasse, le catéchisme et la structuration familiale.
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