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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Qui est cette petite vieille dame qui chaque jour parcourt la ligne 96 d'un bout à l'autre, dans ce Paris de veille de fêtes ? de la gare Montparnasse à la Porte des Lilas, elle nous fait passer devant l'église Saint-Sulpice, la Place des Vosges, le Paris chic et bobo des deux côtés de la Seine, La Grande épicerie, le Bon Marché, tout un monde ! puis par les rues populaires de Belleville et de Ménilmontant.

Paris tient un rôle important dans ce roman, le Paris de ceux qui s'y croisent sans se voir, de ceux aussi qui échangent un sourire, un mot gentil, dans le bus ou le métro. Francine fait partie de ces derniers, elle qui cherche une oreille prête à l'écouter. A plus de 80 ans, elle en a vécu des choses, depuis la douleur de la guerre et de la Shoah, le décès de son mari, l'indifférence de sa fille qui la laisse bien un peu seule et ce grand silence qu'elle voudrait combler, quelquefois.

Les thèmes de la vieillesse et de la solitude bien sûr imprègnent ce texte, mais sans larmoiements. Francine est plutôt une vieille ado, un peu facétieuse, observatrice (elle affuble tous les chauffeurs de bus de surnoms!), disponible aux rencontres. Elle se fait un peu avoir, en se mettant à la disposition de cette femme marginale à qui elle donne tout, écoute, cadeaux, services, argent. Mais donner, c'est aussi une façon de recevoir, n'est-ce pas ?

De rencontre en rencontre, Francine s'achemine doucement vers les fêtes de Noël, vers un possible partage, encore une fois, avec sa famille. Lucide, prête à ce que seront ses derniers moments, lucide et sereine.

C'est calme et doux, apaisé et sensible, drôle parfois, émouvant toujours. Un joli deuxième roman.
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J'ai aimé le portrait plein de délicatesse que Marianne Maury Kaufmann peint d'une femme qui a priori n'a rien de délicat : plus Tatie Danielle que Mamie Nova, Francine est rugueuse, solitaire, un peu espionne, un peu sorcière... Elle passe sa vie dans le bus d'un terminus à l'autre, entretient des relations pleines de distance et d'incompréhension avec sa fille, et, prête à toutes les folies et si avide d'attention, elle se toque d'une inconnue, persuadée qu'elle est de pouvoir la sortir de sa mouise.
L'auteure réussit merveilleusement bien à nous intéresser à cette vieille dame peu aimable qui suscite tout à tour la compassion et l'agacement, et dont le passé tragique d'enfant juive cachée s'impose comme une explication de son comportement tout au long de sa vie.
J'ai beaucoup aimé la façon qu'a l'auteure de montrer comment chacun.e se débrouille pour vivre et faire vivre au quotidien les traumatismes de l'enfance, les notions d'héritage et de famille, ou encore les multiples sens de l'expression «tisser du lien».
Et après la lecture de ce livre, je regarderai avec attention les vieilles dames acariâtres qui s'assiéront face à moi dans l'autobus, en me demandant sur quelle blessure secrète est bâtie leur vie.

Lu dans le cadre de la session hiver des 68 premières fois, ce livre voyagera auprès des nombreux.ses lecteurs/lectrices engagé.e.s dans l'aventure.
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Elle ne tient pas en place, Francine. Jeune, elle arpentait les rues de Paris. Son âge lui fait désormais préférer le bus. le 96, en particulier, bien pratique puisque son arrêt se situe juste en bas de l'immeuble où elle vit. Mais même dans le bus, elle ne peut s'empêcher de bouger, de changer de siège, de changer de place. Est-ce parce qu'elle a tant de mal à trouver la sienne ? Est-ce parce que ce mouvement perpétuel lui donne l'impression de changer de vie, de changer d'histoire ? Cette histoire que pourtant elle porte comme un fardeau, impossible à déposer, impossible à alléger, impossible à partager.
Née Edda dans la Pologne de 1939, elle est devenue Francine sans se sentir davantage l'une que l'autre. Silence imposé par la guerre, par l'absence de Dorota, sa mère déportée, par son mari, Jean, par la foule anonyme et incapable d'attention, par elle-même, enfin, qui hésite sans cesse entre volonté d'oubli et besoin d'exprimer.
Alors, asphyxiée de solitude et de ce silence suffocant, elle observe les autres, la vie des autres, les moindres détails dont elle nourrit sa propre existence, entre ironie méprisante et envie dévorante : les différents conducteurs et passagers du bus, la femme du boucher, Dina, la commère. Mais pas sa propre fille, non, pas sa fille, ni sa petite-fille, qu'elle ne sait plus et qui ne la savent pas.
Au cours de l'une de ses errances urbaines, elle voit une jeune femme dont l'allure fait vibrer son vieux corps. C'est ainsi qu'Avril fait son entrée dans une vie insipide et, avec elle, une bouffée d'aventure et de folie vient bousculer la routine morose de l'enfilade des jours. Mais du printemps, Avril n'a que le nom...
De Varsovie jusqu'à la Porte des Lilas, Edda-Francine avance sans avoir conscience de laisser une quelconque trace, même auprès de Roni, sa fille. Ses tribulations dans les bus, ses jugements railleurs, sa quête paradoxale sont racontés d'une plume tendre mais sans concession qui provoque un mélange de tristesse, d'agacement, de colère et de sourires. Entre Tatie Danielle et vieille dame indigne, le personnage de Francine remue des émotions contradictoires et nous interroge sur l'épaisse bulle de solitude et de secrets qui enveloppe chaque être au sein même des foules les plus importantes.
Il m'a semblé passer souvent du sombre au lumineux, du drame à la comédie et c'est probablement ce qui donne à Varsovie-Les Lilas ce côté si vivant, si juste dans les contrastes et l'entremêlement de sentiments opposés. J'ai aimé ce personnage qui avance comme pour ne pas tomber et qui, mû par une admirable pulsion de vie, ne s'avoue jamais vaincu et cherche inlassablement tendresse à donner et à recevoir.
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Dans ce court texte tout en subtilité Marianne Maury Kaufmann nous conte la solitude de Francine et son incapacité à communiquer. Francine n'est plus toute jeune, veuve, peu liée à son unique fille, alors, pour passer le temps, elle se fond dans l'anonymat de la grande ville en sautant de bus en bus et en observant les autres.
Elle sent bien qu'elle est passée à coté de sa vie, elle qui traîne derrière elle le boulet de la Shoah (ce pourrait être autre chose), toujours soumise aux diktats de son mari (ça l'arrangeait bien de ne pas prendre de décisions). Maintenant qu'elle est tout à fait seule que faire de sa vie, elle qui est la solitude incarnée? Elle ne peut rester en place, sa bougeotte perpétuelle est en fait un appel au secours. Elle aimerait tant communiquer avec les gens qu'elle croise dans le bus et dont elle invente les vies mais il y a un blocage dans sa tête et souvent ce qu'elle entreprend n'aboutit qu'à des relations manquées.
Le jour où elle rencontre une autre paumée qui semble avoir besoin d'elle, elle se sent revivre. Elle se toque de cette marginale qui donne un sens à ses interminables journées d'errance. Il lui faudra du temps pour admettre la toxicité de cette rencontre mais sa vie a repris du sens.
Ce n'est peut-être pas assez abouti mais j'ai lu ce roman comme un émouvant conte de Noël. J'ai ressenti de l'empathie pour cette Francine que, pourtant, l'auteure ne nous décrit pas sous son meilleur aspect. Ce second roman est une réussite et maintenant, en prenant le bus, je vais penser à celles qui y passent leur journée pour fuir la solitude.
Sélection du premier semestre 2019 des 68 premières fois
Lien : https://ffloladilettante.wor..
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J'ai aimé partager la vie de Francine, son enfance trouble, sa vie de famille décousue, sa « vieillesse » perdue. La nécessite que Francine a de bouger, comme pour échapper à quelques chose, comme pour sortir de la réalité et du quotidien. Son besoin de lien social afin de tromper la solitude. Si elle n'arrive pas à avoir ce lien avec ses proches (sa famille et ses amis), elle le retrouve avec des inconnus qu'elle croise dans le bus, jusqu'à la rencontre. L'idéalisation de cette jeune femme qu'elle va suivre et finir par adopter, finir par jouer un rôle de mère, jusqu'à la demande de trop ? Jusqu'à la prise de conscience. J'ai aimé le rythme du roman qui nous fait parcourir Paris et nous fait sauter de bus en bus, mais attention toujours la même ligne. La prise de conscience du personnage est également intéressante, comme s'il avait fallu tout ce chemin parcouru pour qu'enfin Francine s'ouvre aux siens. Bon moment de lecture.
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Voilà un roman terriblement touchant... Il distille une grande mélancolie, à travers son héroïne, Francine. Une femme à l'automne de sa vie, une vie qu'elle semble avoir traversée en s'excusant d'exister. C'est que l'histoire de Francine, née Edda à Varsovie en 1939, est lourde de souffrances indicibles, celles qui pèsent sur les survivants de la Shoa. Si elle, elle a échappé de peu aux camps, elle ne s'autorisera jamais à vivre normalement et sera dans l'incapacité de trouver sa place dans le monde. Elle a une fille pourtant et même une petite-fille, mais un océan d'incompréhension et de non dits a érigé entre elles un mur invisible. Et Francine crève de solitude. Elle passe ses journées dans le bus 96, montant, descendant sans but véritable, en observant avec une acuité dénuée de toute bienveillance l'humanité qui s'agite.... Comment pourrait-elle être bienveillante ?
Et pourtant elle ne rêve que d'une main qui se tendrait, d'une oreille qui l'écouterait pour enfin rompre la digue de ses émotions.

Elle n'est pas forcément sympathique au premier abord cette Francine. Pourtant très vite le coeur se serre devant tant de détresse, et on assiste avec empathie aux petits riens qui vont bouleverser sa vie, à cette rencontre, toxique, mais salutaire qui aussi paradoxal que cela paraisse, va l'amener sur le chemin de l'ouverture ...

Lisez-le, laissez-vous porter par la plume de Marianne Maury Kaufmann, délicate, pudique et à la fois précise et directe qui vous fait toucher du doigt la solitude urbaine, tout en faisant jaillir un peu de lumière du fond du désespoir...
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