Les négatifs appartiennent au patrimoine mexicain désormais. Aucun des photographes n'était américain et aucun des récipiendaires de la valise n'était américain. Rien dans la trajectoire des photographies n'implique New York. Budapest, Paris, Madrid, Lisbonne, Mexico, oui, mais pas New York. Qui a ouvert ses frontières aux réfugiés espagnols quand ils avaient besoin d'être sauvés ? Qui a refusé de reconnaître le gouvernement de Franco quand il a pris le pouvoir ? Nous avons été les seuls avec l'Union soviétique à dire non à Franco, et maintenant que tout est oublié, rangé loin derrière, que l'Espagne fait comme si elle n'avait jamais été une dictature et que les Etats-Unis sont devenus les champions du monde de la culture en boîte, je devrais diligemment envoyer les photographies par FedEx à New York pour qu'un musée new-yorkais et sa clique de conservateurs américains en prennent possession, puis se jettent des colliers de fleurs les uns à la tête des autres une fois la trouvaille officialisée par une exposition en exclusivité mondiale ? Non, non, et non.
Moi, plutôt que de compter les Russes dans les rues de Madrid fin 1936, comme dans un “ Où est Charlie ? ” en noir et blanc, j'aurais plutôt envie de m'attarder sur la question suivante : d'après quel calcul débile les démocraties européennes ont-elles conclu que laisser couler le voisin leur serait favorable ? Cette stratégie a-t-elle jamais marché dans l'Histoire ?
Les seules frayeurs nocturnes que connut Maria furent celles des jeunes mariées. Aucun récit, si précis fût-il, des amies et des cousines plus aguerries qu'elle ne pouvait préparer ma tante à ses premiers tête-à-tête avec l'intimité masculine qu'elle s'était jusqu'ici contentée de contempler, en marbre, dans les musées.
Nous caressons tous, je crois, la possibilité de mourir jeune, mais parmi ceux qui ont un jour formé ce fantasme, peu, j’en suis sûr, sont allés jusqu’à s’asseoir à une table pour écrire leurs volontés à l’âge de trente ans.
Sans être étudiante, puisque ma cousine n’avait pas fait d’études, elle avait suivi deux amis peintres aux Beaux-Arts, dont l’un ne survivrait pas à la nuit.