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Critique de motspourmots


Décidément, j'adore Joyce Maynard. Pourtant, l'adolescence, ce n'est pas tout à fait mon sujet de prédilection contrairement à elle qui excelle à dépeindre les rêves, les états d'âmes ou les excès d'imagination propres à cette période intermédiaire et complexe. J'avais beaucoup aimé "Long week-end" et "Les filles de l'ouragan" qui passaient déjà le couple et la famille au crible du regard adolescent. "L'homme de la montagne" est peut-être plus abouti, plus subtil aussi. Et surtout, il se lit comme un polar.

Car c'est bien une histoire criminelle qui a inspiré l'auteure même si son oeuvre est une fiction et ses personnages totalement créés pour l'occasion. Rien de tel qu'un meurtrier en série pour enflammer l'esprit d'une fille de treize ans, élevée dans un cadre assez bohème avec sa jeune soeur de onze ans, entre une mère mélancolique et un père vénéré. Rachel et Patty aiment par-dessus tout courir dans la montagne qui jouxte leur maison au nord de San Francisco, s'inventer des histoires ou s'imaginer en Drôles de Dames. Lorsque leur père est nommé responsable de l'enquête sur celui que l'on surnomme bientôt "l'étrangleur du crépuscule", elles ne tardent pas à souhaiter l'aider à résoudre cette affaire au plus vite. Pourtant, les victimes prolifèrent, la population s'inquiète et, malgré les moyens mis en oeuvre, la police est tenue en échec. Pour Rachel, le mal est fait. Son obsession vis à vis du tueur est aussi profonde que celle de son père à le pourchasser. Et elle la poursuivra toute sa vie.

Il y a plusieurs niveaux de lecture dans ce roman et une multitude d'angles qui accentuent le plaisir de tourner les pages. La relation des deux soeurs et celle qu'elles entretiennent avec leur père, exclusive, terrible et sublime. L'intrigue policière dont les multiples rebondissements tiennent en haleine. La description du monde adolescent, ses outrances et son intransigeance. Sans oublier une subtile mise en abyme, le regard de l'écrivain sur le travail de l'écrivain qu'est devenue Rachel une fois adulte. Tout ceci servi par une vraie atmosphère, un parfum de liberté tel qu'on l'imagine dans la région au cours des années 70, une époque où les esprits des jeunes filles faisaient encore la part belle à l'imaginaire.

Comme souvent chez Joyce Maynard, la famille a un secret. Elle offre néanmoins à son héroïne un dénouement plein d'espoir, l'opportunité de poser enfin ses valises et de se construire une vie à elle, par-delà les histoires qu'elle n'a cessé d'inventer et qui pour certaines sont devenues des best-sellers.

Bel exercice de la part de l'auteur dont on admire avant tout l'art de la construction qui offre à ses lecteurs un très bon moment de lecture. What else ?
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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