Il avait tout raconté à ses parents. Les sarcasmes, les sourires, les moqueries, les regards. Son enfer depuis toujours. Son père avait porté plainte à la police. Celle-ci ne s'était pas déplacée : dossier classé sans suite.
Toutes les moqueries depuis la fin de la primaire lui étaient remontées à la gorge comme une nausée. Les réflexions lancées par les autres enfants comme un jeu.
Les sempiternelles blagues douteuses :
« Les roux, ça pue... T'as pris le soleil à travers une passoire ?... Poil de carotte... Fleur de brique... »
Des phrases que les gamins ne jugeaient pas bien méchantes mais qui, répétées, provoquaient une overdose. Ras le bol. A l'âge de dix ans, il avait si souvent serré les poings. Couru jusque chez lui pour éclater en sanglots dans sa chambre. Pleurer en secret. Envie de mourir. (p.8)
- Pourquoi n'a-t-il rien dit ? Demanda la lieutenante.
- Honte. Peur qu'on ne le croie pas. Crainte qu'on ne se moque davantage de lui.
Karine se rappela l'entretien avec Mme Marchal quelques instants plus tôt. « La police n'a pas donné suite. »
- Certitude qu'à nouveau, on ne le prendrait pas au sérieux, dit-elle.
- C'est grave, quand même de telles photos, murmura encore Salomé. C'est passible de poursuites. (p.98)
Ce qui était sûr : un jeune avait été victime de discrimination et de harcèlement de la part de ses camarades, victime aussi du silence des autres. Et à présent le harceleur était mort, et la vie du harcelé était bousillée. Le fait d'avoir provoqué la mort d'un jeune de son âge, un jeune de sa classe, qu'il connaissait, qu'il fréquentait, le hanterait toute son existence. (p.103)
Pourquoi faire des expériences sur les rats quand on a les roux ? La rage, la haine, le désespoir l’avait envahit. Il avait serré les dents et préférer faire comme si de rien n’était. Subir les regards. Éviter les camarades. Raser les murs. Devenir invisible. Il n’avait pas le courage d’affronter. p12
« Pourquoi faire des expériences sur les rats quand on a les roux ? La rage, la haine, le désespoir l’avait envahit. Il avait serré les dents et préférer faire comme si de rien n’était. Subir les regards. Éviter les camarades. Raser les murs. Devenir invisible. Il n’avait pas le courage d’affronter. »