La guerre était venue. En fait, je m'en rendais compte, celle-ci m'avait métamorphosé. Bien avant l'assassinat de Jeanne, ce conflit m'avait déjà endurci, mes opinions étaient devenus plus tranchées, j'étais bien moins idéaliste et sensible. Les horreurs que j'avais traversées comme résistant m'avaient fait abandonner bien des rêves et des espoirs.
Aujourd'hui, je ne croyais plus en grand-chose et l'homme m'apparaissait comme foncièrement mauvais, moi y compris. En ces heures sombres, je n'étais guidé que par le désir de vengeance, l'envie de tuer ou de faire du mal, sans pitié.
La guerre avait fait de moi un monstre.
Certaines métamorphoses de l’humain laissent désarmé quand on en ignore les ressorts. Comment comprendre qu’un homme, jusqu’ici admirable à tous points de vue devient soudain un tortionnaire sans foi ni loi ?