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Critique de JeanPierreV


Un titre "jeu de mots", une 4ème de couverture mettant en scène des islamistes et mentionnant la jeunesse de l'auteur né en 1990....il n'en fallait pas plus pour me solliciter et me tenter : un thème d'actualité et un jeune amateur des mots...pourquoi pas?
La tentation s'est transformée au fil des pages, et au fil des mots en plaisir, malgré le cadre du livre....
La violence est certes décrite dès les premières pages avec l'exécution de deux jeunes gens qui s'aimaient sans être mariés. L'auteur ne nous cache rien, ni les "descentes" de ces intégristes dans leurs 4x4, ni la chasse aux femmes qui ne se couvrent pas les cheveux pour sortir sur le pas de leur porte, mais ce ne sont que quelques pages suffisantes pour mettre en scène à la fois la peur qui brise les volontés, et la tristesse de ceux qui ont perdu l'un des leurs, du fait de cette violence...Peur contre laquelle vont s'élever sept hommes et femmes en rédigeant et en diffusant un journal clandestin. Un coté "Armée des ombres" de Kessel...une diffusion qui entrainera d'autres violences mais surtout de grandes interrogations au sein du groupe des sept quant à leur responsabilité dans les exactions commises par les intégristes au sein de la population quand des journaux sont trouvés.
Cet instinct de survie et de résistance, anime à des degrés divers ces sept, et leur font prendre tous les risques....y compris celui de faire éclater leur cohésion. Parallèlement au film de cette résistance, l'auteur nous fait partager les interrogations, la peur et la détresse de deux femmes, Aïssata et Sadobo qui échangent une correspondance...deux femmes fortes que le lecteur découvrira au fil des pages
Ce jeune auteur a été récompensé par le prix Kourouma pour ce livre, ayant pour thème la résistance mais aussi ces jeunes, élevés dans des familles sans problème, qui "basculent" vers cet intégrisme.
Un jeune auteur de 25 ans au moment de la parution du livre, un auteur d'une grande maturité dans son écriture, s'interrogeant sur la responsabilité, le courage mais aussi décrivant les motivations de rejet par les intégristes de toute notion de culture "Ce que l'idéologie craint et hait, c'est que l'écriture des livres dangereux soit le fruit d'une aventure libre de l'intelligence : ce qu'elle brûle et veut nier aussi, c'est L Histoire même de l'intelligence libre, dont l'écriture est à la fois le terme et le signe"
Sans aucun doute "Terre ceinte" est un livre dangereux fruit d'une aventure libre de l'intelligence. Mohamed Mbougar Sarr a aussi aussi obtenu, en 2014, pour sa première nouvelle "La Cale" le Prix Stéphane Hessel de la Jeune écriture francophone.
Une belle promesse à suivre, dans la lignée d' Ahmadou Kourouma, Boualem Sansal, Atiq Rahimi...on en reparlera

Lien : http://mesbelleslectures.com..
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