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Critique de Sachenka


Dès les premiers mots de Cormac McCarthy, j'ai été happé, captivé. Et ce fut avec beaucoup de difficulté que je devais déposer le livre. C'est que « de si jolis chevaux » est une immersion dans un univers enchanteur qui m'est complètement inconnu. Oui, on retrouve dans le livre des passages autant sublimes, ordinaires que terribles, mais la narration les rend si beaux et uniques. le Texas (le Far West ?) des années 1950, le Mexique. Quelle beauté ! le désert, les sierras, les ranchs cachés derrière les collines et les broussailles… Et les chevaux, toujours omniprésents. Tellement que, par moment, j'étais pris par l'envie de m'exiler sur ces terres et de vivre des rêves de liberté et de grands espaces qui parfois me hantent.

L'auteur nous présente un univers d'hommes, de gauchillos et de vaqueros. Un monde dur, où tous travaillent fort, honnêtement, et où on ne rechigne pas devant la besogne. Ces hommes parlent peu. Mais les rares mots sont suffisants, sinon il reste les gestes, ceux qu'on faits et ceux qu'on ne faits pas. Je sais que ce n'est pas vraiment pareil, mais je ne pouvais m'empêcher de penser aux personnages silencieux de la pampa argentine, tel que décrits par Eduardo Mallea. Disons que ce n'est pas le livre de cow-boys auxquels certains pourraient s'attendre et en sortir déçu après une dizaine de pages. Surtout que l'action est lente à décoller. Remarquez que, moi, ça me convient.

La narration est assez réaliste, pas de longues descriptions, juste assez pour intriguer le lecteur. Chaque petit élément que l'auteur a pris la peine d'écrire, il est révélateur. La démarche de l'un, sa façon regarder le voisin (ou de ne pas le regarder !), de boire son café chaud ou de manger. Chaque moment est précieux, à apprécier, à délecter. Puisque l'intrigue se déroule au Mexique, plusieurs séquences dialogales sont en espagnol, et pas toujours traduites. Cela déplaira à certains. Moi, au contraire, cela ne m'a pas dérangé. J'y ai peut-être perdu quelques informations (quoique, avec le contexte, on arrive bien souvent à en deviner le sens) mais je considère y avoir gagné au change car ça m'a aidé à m'immerser dans cet univers. Dans tous les cas, ça ajoute au réalisme de l'oeuvre.

L'histoire se décline en quatre parties. D'abord, la vie difficile dans le ranch, John Grady Cole et son ami Lacey Rawlins, à peine 16 ou 17 ans, quittent le Texas pour chercher du travail au sud de la frontière. C'est le long voyage, un poériple initiatique en quelque sorte. Les contrées arides et désertiques, les nuits au clair de lunes, les rencontres inopportunes. Ensuite, le travail qu'ils trouvent dans un ranch mexicain. John Grady est travailleur, tellement qu'il se voit confier des grandes rensponsabilités. Mais il s'attire aussi l'attention d'Alejandra, la fille de son employeur… Puis, John Grady et Lacey se retrouvent en prison. À vous de découvrir pourquoi ! Il suffit de dire que je ne souhaiterais pas me retrouver à leur place. Enfin, John Grady essaie de regagner le coeur d'Alejandra. Mais, dans une société où l'honneur est particulièrement important, l'amour ne peut que devenir impossible.

Donc, quatre parties, quatre tableaux. Ce qui avait commencé comme un récit initiatique (ou, du moins, c'est sous cet angle que j'avais amorcé ma lecture), se transforme en un enfer et se termine par une grande désillusion. Mais c'est sans doute assez proche de la vérité, ce monde de violence, d'honneur. Jusqu'à la moitié du roman, même si j'appréciais beaucoup ce voyage, je me demandais où l'auteur voulait m'amener, quel était son but, que voulait-il me faire découvrir. À partir de la moitié, tout devenait clair. Je ne suis pas certain que l'intrigue soit particulièrement originale mais je suis resté fasciné par l'univers de Cormac McCarthy. Un livre que je recommande vivement à tous et toutes !
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