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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Attention, ceci est un coup de coeur, que je dois à mes chères libraires préférées, pour évoquer un sublime roman.
Je pleure encore la beauté du monde, déjà le titre est une invitation. La magnifique illustration sur la première de couverture, l'est aussi. Mais cela ne suffit pas. Alors ouvrons le livre et laissons-nous être emporté dans la canopée des pages.
Nous faisons la connaissance avec Inti Flynn, une jeune biologiste, arrivée en Écosse pour diriger une équipe de scientifiques chargés de conduire un programme de réinsertion du loup dans les Highlands écossais. Elle vit avec sa soeur jumelle Aggie, devenue muette. Plus tard, on le saura pourquoi et comment.
Elles forment toutes deux un duo émouvant.
Inti a la particularité d'être affectée d'un syndrome de « synesthésie visuo-tactile » qui lui fait ressentir dans sa chair toutes les sensations vécues par ceux qu'elle observe, animaux inclus. Peut-être surtout les animaux d'ailleurs... Cela nous vaut dès l'incipit la puissance d'une scène sidérante :
« On avait huit ans le jour où papa m'a coupée en deux, de la gorge jusqu'au bas du ventre. »
C'est ainsi qu'encore enfant et voyant son père dépecer un lapin sous ses yeux, Inti comprend cette anormalité et l'accueille comme un don autant qu'une malédiction, cette scène  lui infligeant, sans le savoir, la même souffrance physique que l'animal.
La synesthésie visuo-tactile qui touche la jeune biologiste sera alors pour elle l'anomalie bienveillante, cette différence capable de jeter des ponts vers la souffrance animale.
Forcément, les efforts d'Inti pour réensauvager la nature meurtrie se heurtent rapidement à l'hostilité des locaux, notamment des éleveurs inquiets pour leur sécurité et celle de leur bétail.
Mais l'introduction du loup était nécessaire à l'équilibre de l'écosystème, aujourd'hui menacé par la multiplication des herbivores qui réduisent la végétation. Alors, face aux incompréhensions, l'enjeu de cette bataille entre court et long terme devient aussi la toile de fond de ce roman. C'est la lutte d'un territoire sauvage qui se bat pour sa survie contre un monde totalement domestiqué et exploité par l'homme.
Bientôt un drame va survenir...
De l'Australie à l'Écosse en passant par la Colombie Britannique et l'Alaska, Charlotte McConaghy nous invite à un voyage entre nature writing et thriller. C'est une subtile oscillation entre drame intimiste, poème naturaliste et thriller écologique.
L'écriture est incroyablement belle, les personnages sont saisissants de vérité, profondément touchants, même ceux qui pourraient nous irriter le poil.
Ici, le territoire des Highlands écossais joue un rôle central, les forêts en souffrance aussi et les loups qui y trouvent refuge.
Une sensation vorace m'a englouti dans ce roman addictif. J'ai été happé dans la nasse du récit où est venu s'entremêler à ma lecture le hurlement poignant d'une louve qui appelle son compagnon disparu, bientôt imitée par toute la meute.
Ce livre nous parle de femmes, de soeurs, de loups, de prédateurs, de blessures indélébiles et peut-être surtout ce livre nous parle d'amour.
Usant des codes du thriller pour dénoncer les hommes qui malmènent la nature et les femmes, ce roman addictif peut aussi se lire comme un polar écoféministe assumé.
Je pleure encore la beauté du monde est un magnifique roman de violences, d'amour et de rédemption qui m'a traversé de part en part. Moi aussi j'ai envie de pleurer la beauté du monde après cette lecture.
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« On avait huit ans le jour où papa m'a coupée en deux, de la gorge jusqu'au bas ventre. »

Je vous promets, que cette première phrase m'a percuté en plein coeur. Rapidement j'ai compris qu'Inti Flynn, souffrait d'une affection neurologique. La synesthésie visuo-tactile. Son cerveau recrée les expériences sensorielles des créatures vivantes, de tous les êtres humains et parfois même des animaux. « Quand je vois, je ressens, et pendant quelques instants, je suis les autres, eux et moi ne faisons qu'un et leur douleur ou leur plaisir est le mien. » Ce jour-là son père leur apprenait à dépouiller un lapin.

Durant seize ans, Aggie et Inti, passaient tous les ans deux mois chez leur père, dans sa forêt. C'était leur vrai maison, l'endroit où elles se sentaient chez elles. Des paysages qui donnaient du sens à la vie d'Inti, enfant elle croyait que les arbres de cette forêt étaient leur famille. Vancouver, un long voyage de chez leur père, ancien-bûcheron-changé-en-homme-des-bois-naturaliste, jusqu'à Sydney, là où vivait leur mère, inspectrice de la brigade criminelle,dure à cuire et citadine invétérée.

Après des années d'étude, Inti, devenue biologiste ainsi que trois de ses compagnons, spécialistes des loups, sont en charge du programme de leur réintroduction. Ils essaient d'expliquer à la population, que trois enclos abritant quatorze loups qui viennent de Colombie Britannique ont été installés à l'intérieur du parc national des Cairngorms et qu'à la fin de l'hiver, ces loups quitteront leurs enclos pour vivre en liberté dans les Highlands écossais. Ils sont là à titre expérimentale, dans le cadre d'un programme de re naturalisation qui participera plus globalement à freiner le réchauffement climatique.

Allez faire comprendre ça à des habitants qui ont d'immenses troupeaux de moutons en liberté, les locaux craignent aussi pour leur sécurité. Depuis plusieurs siècles, les loups ont disparu, traqué par les hommes, ils ont été supprimés jusqu'au dernier. de revoir ces fauves, ne ravit personne. Des tensions très fortes vont diviser ce coin si tranquille.

Quand Inti, découvrira le corps atrocement mutilé d'un éleveur quelques jours après avoir relâché les premiers loups dans la forêt, elle comprend que les coupables seront vite désignés. Sans réfléchir, elle fait disparaître le cadavre. Mais si les loups n'ont rien à voir avec tout ça, quel monstre rôde donc dans les forêts ?

Je pleure encore la beauté du monde de Charlotte McConaghy, est un très beau livre sur la nature, les loups, la relation très forte et intime entre les deux soeurs. J'aurais voulu mettre tant choses, mais découvrez-le plutôt. Il est magnifique. L'autrice en parle tellement bien, on a l'impression de l'accompagner, dans ces forêts et de vivre un peu avec les loups. Bien sur ce n'est que mon simple avis.
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Je pleure encore la beauté du monde
Un titre magnifique pour une histoire qui l'est tout autant. Ma plus belle lecture de ce début d'année.
Inti est une biologiste chargée de réintégrer 14 loups dans les forêts écossaises afin de permettre la biodiversité et de réduire le réchauffement climatique.
Mal accueillie avec son équipe par les éleveurs inquiets pour leurs élevages, elle doit faire face en plus à la disparition du plus irascible d'entre eux. Une enquête commence où les loups sont montrés du doigt. Une enquête qui confronte surtout Inti (et sa jumelle Aggie) à leur passé traumatique…
Entre passé et présent, l'Australie, le Canada et l'écosse, un roman puissant, palpitant où l'animal n'est pas celui que l'on croit. Une histoire de violences. D'amour. Et de rédemption.
Magistral
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« Je pleure encore la beauté du monde » est la version française du nouveau roman de Charlotte McConaghy, « Once There Were Wolves ». En 2021, j'avais eu un énorme coup de coeur pour « Migrations », un texte qui abordait le voyage des Sternes arctiques vers l'Antarctique. À travers le personnage de Franny Stone, Charlotte McConaghy mettait déjà en lumière une femme brisée par l'effondrement du monde. Elle réitère cette pensée dans « Je pleure encore la beauté du monde » avec Inti Flynn, biologiste et spécialiste de la réintroduction des loups en milieu naturel. Nous sommes en Écosse, dans le parc naturel des Cairngorms, où quatorze loups vont être renvoyés à la vie sauvage dans un but bien particulier.

« Ce que nous observons en Écosse, explique Evan, est un écosystème en crise. le réensauvagement de la région est une nécessité absolue qu'il faut entreprendre de toute urgence. Si nous réussissons à étendre la couverture forestière de cent mille hectares d'ici 2026, alors nous serons en mesure de réduire drastiquement les émissions de CO2, qui participent au réchauffement climatique et nous pourrons offrir de nouveaux habitats aux espèces endémiques. La seule manière d'atteindre cet objectif consiste à contrôler la population herbivore et le moyen le plus simple et le plus efficace d'y parvenir est de réintroduire un prédateur essentiel qui vivait ici bien longtemps avant nous. L'élément de prédation indispensable à la survie de l'écosystème a disparu depuis plusieurs siècles, depuis que les hommes ont traqué et supprimé tous les loups, jusqu'à l'extinction de la population. »

Le travail d'Inti et de son équipe consiste à faire en sorte que la réintroduction des loups se passe bien, autant pour eux, que pour les habitants du cru, majoritairement propriétaires terriens et éleveurs de bétails qui ne voit pas d'un très bon oeil l'arrivée de ces prédateurs. Mais, « Je pleure encore la beauté du monde » est un récit en deux temps, celui du présent en Écosse ET celui du passé d'Inti et de sa soeur jumelle Aggie, ballottées entre leur mère citadine et cartésienne à Sydney, et leur père rêveur, attaché à la terre, resté « à l'état sauvage » dans une forêt proche de Vancouver. C'est précisément dans le passé que le lecteur prend la dimension de deux choses fondamentales. La première c'est qu'Inti est atteinte d'une capacité insolite qui lui permet d'être en permanence connectée aux autres. « La synesthésie visuo-tactile. Mon cerveau recrée les expériences sensorielles des créatures vivantes, de tous les êtres humains et parfois même des animaux. Quand je vois, je ressens, et pendant quelques instants, je suis les autres, eux et moi ne faisons qu'un et leur douleur ou leur plaisir et le mien. » La seconde concerne un drame survenu dans la vie de sa soeur qu'Inti espère pouvoir guérir en la ramenant dans le cocon de nature de leur enfance et dont il faudra remonter aux origines. Ajoutez à cela la partie du présent, le travail auprès des loups, la didactique qui s'y rapporte tant au niveau de l'animal en lui-même que de l'action écologique, et vous obtenez un roman qui pousse les murs de l'intériorité et de l'intimité pour venir se mêler aux problématiques du monde.

Aimer les loups, c'est d'abord les comprendre. Il faut dire que Charlotte McConaghy a fait énormément de recherches sur le sujet pour apporter le plus de réalisme possible sur leur sens de la famille, leur façon de chasser, leur intelligence. Au-delà de l'imaginaire de conte de fées qui entoure ces animaux fascinants, ils sont la clé d'un écosystème que je n'appréhendais pas. L'idée de départ de « Je pleure encore la beauté du monde », le réensauvagement grâce à l'introduction des loups et toutes les conséquences qui en découlent était fort alléchante, mais je n'imaginais pas à quel point l'histoire intime de ces jumelles allait faire corps avec le récit et le sublimer. Car, si une meute est capable de faire pousser de nouvelles plantes, revenir au coeur de la forêt peut offrir à Inti et Aggie un nouveau départ. En se reconnectant à la nature, Inti espère sauver sa soeur d'un vécu traumatique et elle-même d'une violence devenue intrinsèque.

Inti est une femme en colère, cabossée de l'intérieur, complexe. Elle a été le témoin de l'inhumanité des hommes, elle a subi la société, a expérimenté toutes les haines face à la réintroduction d'un animal dont tout le monde a une peur panique. Son « don » qui se rapproche d'une empathie extrême évolue au fil du roman, mais grâce à lui, elle perce le secret des émotions humaines, elle fonctionne à l'instinct. Comme les loups dont elle se sent si proche qu'elle voudrait pouvoir se glisser sous l'une de leur peau. le pouvoir de la meute est aussi fort chez les loups qu'entre sa soeur et elle, comme l'instinct de la douceur ou du danger…

« Papa me disait souvent que mon don le plus précieux était ma capacité à me glisser dans la peau d'un autre humain. Il me disait que j'étais la seule à pouvoir ressentir ça, la vie d'un autre, l'éprouver vraiment et me balader avec. Il disait que le corps sait un tas de choses et que moi, je possédais ce don miraculeux de ne pas connaître qu'un seul corps. L'incroyable intelligence de la nature. Il nous avait aussi enseigné que la compassion était la qualité la plus importante de toutes. Si quelqu'un nous faisait du mal, nous n'aurions qu'à puiser dans notre capital empathie, et le pardon viendrait facilement. »

Imaginez souffrir de cette maladie neurologique que j'aime à définir comme un don, imaginez les conséquences que cela aurait dans nos sociétés… ressentir la douleur des autres ferait sans doute de nous de meilleurs humains.

Vous imaginez sans doute que dans « Je pleure encore la beauté du monde », il sera question d'adaptation des hommes et de prise de territoire des loups. Que cette cohabitation pourra s'avérer ardue. Je ne reviens pas là-dessus. Au-delà de tout ce que je vous ai déjà dit précédemment, il y a évidemment un très fort message écologique dans ce texte. J'ai aimé la façon dont Charlotte McConaghy le transmet, à la fois par des exemples très concrets, mais aussi par un langage plus abstrait. Il est énormément question de langage silencieux dans ce roman : le langage silencieux des soeurs, dont Aggie a inventé les mots, le langage des loups, le langage des arbres et de leurs racines que le père des filles leur a enseignés. Nous pouvons tous être acteurs du changement, nous reconnecter à la nature pour retrouver l'harmonie et guérir. Nous devons changer notre regard au monde.

Dans cette traduction française du titre, « Je pleure encore la beauté du monde » il y a à la fois toute l'enfance d'Inti et d'Aggie, le pouls de la forêt transmise par leur père, les douleurs vécues au coeur de la meute humaine, la peur panique de voir disparaître tout être vivant qui ne soit pas humain. En ensauvageant le naturel, peut-on se reconnecter à notre part sauvage ? « Je hoche lentement la tête. Mon père disait souvent que le monde avait déraillé quand nous avions commencé à nous détacher du sauvage, quand nous avions cessé de ne faire qu'un avec le reste de la nature, que nous nous étions installés à l'écart. Il disait que nous pourrions survivre à cette erreur si nous trouvions un moyen de nous réensauvager. Mais comment doit-on s'y prendre, sachant que notre existence terrorise les créatures avec lesquelles nous sommes censés nous reconnecter ? »

Ce roman est d'une beauté fulgurante, autant dans les descriptions de la nature, du système de connexion qui existe entre les loups, que par ce qu'il dit de l'histoire de deux soeurs, dont l'une a clairement subi la violence du monde. le sens de la famille qui y est développé grâce à l'observation de la meute et devrait éveiller nos consciences sur notre propre humanité. le don d'Inti à ressentir physiquement la douleur des autres ne fait qu'accentuer la force du récit. Les portraits de ces deux soeurs, réellement unies face au monde, sont tout à fait bouleversants. Que serait-on capable de faire par amour ? Par peur ? Par instinct ?

« Je pleure encore la beauté du monde » est riche d'émotions, résolument féministe, énergiquement écologiste et efface l'espace-temps. Magnifique !

Merci à Marie Chabin pour sa traduction.
Lien : https://aude-bouquine.com/20..
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Biologiste écartelée entre deux continents et les deux codes de vie de ses parents séparés – La Colombie-Britannique où vit son père homme des bois, et l'Australie où vit sa mère policière - Inti dirige dans les Highlands un programme de renaturation destiné à freiner le réchauffement climatique grâce à la réintroduction du loup en milieu naturel. Concomitamment, elle souffre de synesthésie visuo-sensorielle, affection neurologique épuisante qui lui fait éprouver en se glissant dans leur peau, les sensations vécues par les humains ou animaux qu'elle côtoie. Elle vit avec sa soeur jumelle dont elle prend soin, depuis qu'elle est déconnectée du monde après des violences irréparables de la part de son mari qui « l'aimait à mort », prouvant une fois de plus que "l'homme est un loup pour l'homme et un relou pour la femme" (Miss.Tic).


Dans ce second roman, Charlotte McConaghy atteint l'excellence. Avec un talent, un style, une précision et une maturité hors normes, elle entrelace dans la même intrigue des thématiques aussi graves et lourdes que les violences infligées à la planète, les violences infligées aux femmes, en leur accordant la même importance. A partir de ce qui n'aurait pu être qu'un énième appel à la raison ou enfonçage de portes ouvertes pour sauver ce qui reste sauvable, elle crée une histoire déchirante peuplée de personnages complexes, qui tous tentent, à leur manière, de s'en sortir, de se réparer tout en réparant le monde.


Si j'ai apprécié chaque mot de Je pleure encore la beauté du monde, si j'ai apprécié le style envoûtant et poétique de l'auteure, j'ai également été sensible à son aspect pédagogique. Grâce à des explications documentées et simples bien intégrées dans le roman, j'ai enfin compris pourquoi la réintroduction du loup est autant primordiale pour l'avenir commun. L'auteure n'est pas manichéenne, elle ne pratique pas le sentimentalisme niaiseux, mais rapporte des données scientifiques. Elle évoque les conflits qui opposent les biologistes aux éleveurs autochtones, les premiers souhaitant sauver une espèce, les seconds s'érigeant en propriétaires de la terre et du paysage, s'intéressant davantage à leurs revenus qu'à la préservation du bien commun alors qu'ils sont grassement indemnisés si très rarement, l'une de leurs bêtes est attaquée. Au passage, qui a tué l'un d'entre eux, grande gueule, tabasseur et chasseur ?


Enfin, et j'en resterai là, j'ai aimé découvrir la nomenclature de Werner (publiée en 1814) qui relie les mondes animal, végétal et minéral, identiques et uniquement distingués par des nuances de couleurs, que Charlotte McConaghy utilise pour parer le monde de teintes jusqu'alors inconnues : l'orange orpiment et le jaune citron des frelons ; le vert tarin des aulnes, couleur des poires Colmar bien mûres, des pommes Irish Pitcher et de la pierre brillante baptisée torbernite ; le rouge hyacinthe comme les taches de la punaise Lygaeus apterus ou l'orange hollandais comme la crête du roitelet à couronne dorée. Si vous voulez apprendre que le sang frais a la couleur des cerises et de la tête des chardonnerets, Je pleure encore la beauté du monde est fait pour vous. Mais pas uniquement pour ce motif. Un très grand roman sensoriel, beau, émouvant, utile si l'on considère qu'un autre monde est possible. Et nécessaire.
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Et soudain, on sent qu'enfin on tient un bon livre !
Après plusieurs semaines d'errance, d'abandons, de bouquins chroniqués par acquis de conscience et d'autres carrément refermés au bout de quelques chapitres, j'en tiens un.
« Happée» J'ai lu ce mot dans une des critiques babeliotes. Et je dois dire que je ne trouve pas mieux pour décrire ce moment où on se laisse embarquer avec délectation. Happée, littéralement, je l'ai été moi aussi!
Charlotte MacConaghy nous conte l'histoire d'une biologiste australienne qui participe à la réintroduction de loups en Ecosse, dans une zone désertifiée, où tentent de subsister des éleveurs de moutons.
Sa particularité n'est pas banale : elle est atteinte d'un syndrome qui en fait une personne ultrasensible percevant avec une très grande acuité par la simple perception visuelle le ressenti émotionnel et physique des êtres vivants qui l'entourent. C'est certes une faiblesse dont elle doit faire une force, car c'est aussi ce qui en fait une biologiste particulièrement intuitive et efficace.
On s'en doute, sa tâche ne va pas être simple. Comme un peu partout en Europe, réintroduire de grands prédateurs dans des zones d'élevage où la vie est déjà fort rude sans eux ne va pas sans heurts ni animosité!
Habitant moi-même une région où le loup s'est installé en peu d'années, prélevant des dizaines de bovins pour se nourrir, j'avoue être très circonspecte sur le sujet de la réintroduction dans un monde qui n'a plus guère de place pour la cohabitation pacifique.
Et puis on ne peut s'empêcher de craindre la rencontre fortuite qui pourrait menacer enfants et animaux domestiques et on comprend la tristesse des éleveurs qui retrouvent morts des animaux qu'ils ont soignés et vus grandir.
Pourtant, ce texte magnifique m'a bouleversée et j'avoue avoir versé des larmes tant l'écriture est belle et le message émouvant. J'ai été conquise et ai appris beaucoup de choses que j'ignorais totalement sur cet animal et le sens des réintroductions.
Le récit n'est pas qu'un "nature writing" particulièrement réussi, c'est aussi une vraie histoire avec des sentiments, du suspense, des tensions, une intrigue, une enquête. C'est un vrai beau roman à rebondissement car comme vous le découvrirez Inti n'est pas venu seule en Ecosse. Elle protège sa soeur jumelle dont on découvre par étapes le passé douloureux. Hymne à la vie sauvage et plaidoyer vibrant pour le loup qui remue les tripes et retourne le coeur, ce roman est aussi un rude voyage, sordide parfois, dans l'intime des sentiments humains de ses protagonistes, dont la plupart ont été d'une manière ou d'une autre, confrontés à la violence.
De quoi mettre en perspective la peur du loup…
Un gros coup de coeur.
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Un très beau livre – le titre et la couverture m'ont subjuguée – pour un très joli coup de coeur. L'autrice démarre fort son récit. La première phrase du livre est pour le moins percutante et perturbante. Jugez plutôt ! « On avait huit ans le jour où papa m'a coupée en deux, de la gorge jusqu'au bas ventre ». C'est Inti qui parle. Inti est une petite fille spéciale. Elle « souffre » d'une maladie étrange que je ne connaissais absolument pas. La synesthésie visuo-tactile de son nom scientifique. Inti ressent tout ce que ressentent les personnes ou les animaux qu'elle voit, comme si c'était elle. Douleur, bonheur… Tout. Elle devient eux quelques instants. Quand je vous disais étrange… Les sensations sont parfois si intenses qu'elle en perd connaissance. Inti est donc assez sensible, fragile surtout psychologiquement. D'ailleurs, sa mère lui a intimé l'ordre de s'endurcir durant toute son enfance. Ce que ne veut pas Inti. Heureusement, sa soeur jumelle, Aggie, est là pour veiller sur elle. En tout cas, tant qu'elle le pourra. Ces deux petites filles fusionnelles se sentent vraiment chez elles au milieu de la nature, dans la forêt avec les arbres. C'est là qu'Inti a vu son premier loup. Depuis elle consacre sa vie à leur protection et à leur réintroduction dans la nature pour le bien de la biodiversité, de l'avenir de notre planète. L'histoire nous emmène en Ecosse où Inti vient d'arriver avec son équipe. Ils sont là pour réintroduire plusieurs meutes de loups. L'accueil des habitants, en particulier des éleveurs de moutons, est glacial. L'affrontement semble inévitable. D'autant qu'Inti a changé et s'est endurci. La douleur a cet effet là sur les gens. Par petites touches qui nous ramènent par moment dans le passé, l'autrice nous dévoile peu à peu les raisons de sa transformation. Je ne vous en dirais pas plus. Sachez juste que c'est un magnifique récit rempli d'amour, de haine et d'amitié. de résilience aussi. Il traite de sujets importants comme la place de la nature dans nos vies, sa préservation, notre relation au vivant, la violence faite aux femmes… Très bien écrite, l'histoire m'a profondément touchée par moment. Oui un gros coup de coeur pour « Je pleure encore la beauté du monde ». A découvrir absolument.
Lien : https://mapassionleslivres.w..
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Ah tiens, Aline a encore acheté un livre avec des loups sur la couv'...
.
Et elle a bien fait Aline, parce que "Je pleure encore la beauté du monde" est un magnifique récit à côté duquel il ne faut pas passer. Ce roman parle d'écologie avec la réinsertion de ce grand, beau et mystérieux prédateur qu'est le loup dans des écosystèmes qui doivent être redynamisés. Il parle de femmes qui doivent encore lutter pour prendre leur place dans le monde. Il parle de plein d'autres choses encore et il serait bien vain de tenter de les résumer. Lisez ce roman sensible et sauvage, aimez les loups et allez vous promener dans les bois.
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« Je pleure encore la beauté du monde » est un livre superbe qui passionnera ceux qui aiment la nature et les animaux. Si son intrigue se met en place doucement, elle nous tient ensuite complètement en haleine. L'héroïne va devoir défendre les loups tout en tentant de se reconstruire, elle et sa soeur. L'autrice nous faire réfléchir à la fois sur les conséquences du dérèglement climatique et sur la place du loup pour sauvegarder une nature meurtrie. Mais au-delà apparait toute une réflexion sur les violences des hommes entre eux et avec les animaux, qui interroge sur la place de l'humain parmi les vivants. Une très belle histoire de résilience au coeur de la nature, magnifiquement écrite, pour ne rien gâcher !
Lien : https://mangeursdelivres.fr/
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« On avait huit ans le jour où papa m'a coupée en deux, de la gorge jusqu'au bas du ventre. »

Première ligne de ce livre. Bon, et bien, voyons la suite…

Inti Flynn, australienne et biologiste est chargée de la réintroduction des loups dans les Highlands écossaises. Bien entendu, cela ne va pas sans mal avec les éleveurs de moutons. Pensez, ils ne pourront plus faire paître leur cheptel en liberté. La présentation a été houleuse !! et lorsque Inti a libéré les loups, c'est pire. Un d'entre eux est plus violent que les autres, Stuart Burns, celui-là même qu'elle retrouve mort en forêt, bien amoché. de peur que les villageois s'en prennent aux loups, elle l'enterre. Oui, mais, si les loups ne sont pas responsables, ce qu'au fond d'elle, elle pense… Qui est responsable de la disparition de cet homme violent avec sa femme, ses animaux, les autres?

Inti s'en ouvre à sa soeur jumelle, Aggie, muette, traumatisée par un évènement certainement tragique qui l'empêche de sortir, de parler. Elles communiquent entre elles par un langage des signes qui leur est particulier et leur permet de ne pas être comprises des autres. Avant c'était Aggie qui protégeait sa soeur atteinte de synesthésie, qui fait qu'elle ressent dans sont corps tout ce que l'on inflige à l'être devant elle, que ce soit humain ou animal. Maintenant, c'est à Inti de s'occuper de sa soeur, de l'entourer, d'être là dans son enfermement.

Les parents, parlons-en. Un père qui vit dans la forêt près de Vancouver et qui leur a appris la survie en milieu sauvage. La mère, habite en Australie, avocate, il est hors de question qu'elle vive à la campagne.

Charlotte Mc Conaghy dépeint une nature envoûtante, sauvage et tisse un suspens qui va crescendo.

« Je pleure encore la beauté du monde », superbement écrit et traduit, est un hymne à la nature, la faune sauvage, la résilience. Il y est également question de la violence faite aux femmes, alors que tout le village le sait, le voit et ne dit rien, voire en profite. Les personnages principaux ou secondaires sont vrais, le paysage des Highlands est partout dans ce livre.

Un livre dense, captivant, addictif qui m'a valu une nuit écourtée, mais c'était si bon !! Bien sûr, un coup de coeur pour ce premier roman de Charlotte Mc Conaghy. La couverture est superbe.

Merci à la si gentille et ouverte libraire qui m'a proposé cette lecture. J'ai eu raison de lui faire confiance, comme d'habitude !
Lien : https://zazymut.over-blog.co..
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