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Citations sur Le coeur est un chasseur solitaire - Ecrivains, écritur.. (21)

Le magasin gonfle les prix de chaque article. Avec trois ou quatre enfants, ils sont aussi prisonniers que s'ils portaient des chaînes. C'est exactement le principe du servage. Pourtant, ici, en Amérique, nous nous proclamons libres. Et le plus drôle, c'est qu'on a tellement enfoncé cette idée dans le crâne des métayers, des ouvriers des filatures et de tous les autres qu'ils y croient vraiment. Mais il a fallu une sacrée épaisseur de mensonges pour les empêcher de comprendre.
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Les riches le croyaient riche et les pauvres le supposaient aussi pauvre qu'eux. Et comme il n'y avait aucun moyen de réfuter ces rumeurs, elles devinrent mirifiques et très réelles. Chacun décrivait le muet à l'image de ses désirs.
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La ville n'avait pas connu un hiver aussi froid depuis des années. Du givre se formait sur les vitres et blanchissait les toits des maisons. Les après-midi brillaient d'une brumeuse lumière citron et les ombres étaient d'un bleu délicat.
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« Attention ! s'exclama-t-il. Nous nous sauverons. Mais pas par des prières et l'affliction. Pas par l'indolence ou l'alcool. Pas par les plaisirs physiques ou par l'ignorance. Pas par la soumission et l'humilité. Mais par la fierté. Par la dignité. En devenant durs et forts. Nous devons nous cuirasser pour notre grand dessein. »
[...] « Chaque année à cette époque, nous illustrons à notre petite échelle le premier commandement de Karl Marx. Chaque membre de cette assemblée a eu préalable apporté un cadeau. Un grand nombre d'entre vous se sont privés de confort afin de réduire les besoins de certains autres. Chacun a donné selon le maximum de ses moyens, sans penser à la valeur du cadeau qu'il recevrait en échange. Il nous paraît naturel de partager. Nous avons compris depuis longtemps qu'il est plus délectable de donner que de recevoir. Les paroles de Karl Marx ont toujours été inscrites dans nos coeurs : "De chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins."»
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« Hommes de la race noire ! Nous renfermons toutes les richesses de l'âme et de l'esprit humains. Nous offrons les plus précieux des dons. Et nos offres sont dédaignées et méprisées. Nos dons sont traînés dans la boue et gaspillés. On nous attelle à des tâches plus inutiles que celles des bêtes de somme. Ô noirs ! Nous devons nous dresser et retrouver notre intégrité ! Nous devons être libres ! »
Un murmure parcourut la pièce. L'hystérie montait. Le Dr Copeland s'étrangla et serra les poings. Il se sentait les dimensions d'un géant. L'amour qui l'emplissait transformait son torse en dynamo, et il avait envie de hurler pour faire entendre sa voix de la ville entière. Il aurait voulu se jeter par terre et crier d'une voix de titan. La pièce retentissait de clameurs et gémissements.
« Sauve-nous ! »
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« Certains parmi les jeunes ici présents ce matin pourront ressentir le besoin d'être professeurs, infirmières ou guides de leur race. Mais, à la plupart, ce sera refusé. Vous devrez vous rendre à des fins inutiles pour rester en vie. Vous serez repoussés et vaincus. Le jeune chimiste ramasse le coton. Le jeune écrivain n'a pas la possibilité d'apprendre à lire. Le professeur est absurdement asservi à une planche à repasser. Nous n'avons pas de représentants au gouvernement. Nous ne votons pas. Nous sommes les plus opprimés de ce vaste pays. Nous ne pouvons pas élever la voix. Nos langues dépérissent dans nos bouches faute de servir. Nos coeurs se vident et perdent l'énergie nécessaire à notre projet. »
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Mais il existe une injustice encore plus cruelle : être privé du droit de travailler selon ses moyens. Trimer inutilement toute sa vie. Être privé de la chance de servir. Il vaut mieux, et de loin, voir nos porte-monnaie vidés de profits que nos esprits et nos âmes dépouillés de leurs richesses.
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Le grand projet continuait à vivre dans son esprit, mais il n'avait pas le temps d'y réfléchir. Il allait de maison en maison accomplir un travail sans fin. Le matin très tôt, il partait en automobile , puis, à 11 heures, les patients arrivaient au cabinet. Au vif air automnal du dehors succédait l'odeur chaude et renfermée de la maison qui le faisait tousser. Les bancs de l'entrée étaient remplis de nègres malades qui l'attendaient patiemment. Parfois même le porche et la chambre à coucher étaient bondés. Il travaillait toute la journée et souvent la moitié de la nuit. A cause de la fatigue, il lui arrivait d'avoir envie de s'étendre par terre, de battre des poings et de pleurer. S'il parvenait à se reposer la nuit, il se rétablirait peut-être. Il avait une tuberculose pulmonaire, prenait sa température quatre fois par jour et faisait une radio une fois par mois. Mais il lui était impossible de se reposer. Car il y avait quelque chose de plus fort que la fatigue - c'était le grand projet.
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Elle n'arrivait pas à écouter assez bien pour tout entendre. La musique bouillait en elle. Que faire ? S'accrocher à quelques passages merveilleux, s'y absorber pour ne pas les oublier - ou laisser filer en écoutant ce qui venait sans réfléchir et sans essayer de se souvenir ? Bon sang ! Cette musique qui contenait le monde entier, elle ne pouvait pas s'en remplir assez les oreilles. [...]
La musique ne fut ni de longue ni de courte durée, mais entièrement étrangère au temps. Mick, les bras autour de ses jambes, mordait très fort son genou salé. Cinq minutes ou la moitié de la nuit avait pu s'écouler. La deuxième partie était colorée en noir, une marche lente. Pas triste, mais comme si le monde entier était mort et noir et qu'il fût vain de penser à son état passé. Une sorte de cor jouait un air mélancolique aux sonorités argentines. Puis la musique monta, furieuse, porteuse d'une violence sous-jacente. Et de nouveau, ma marche noire.
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Tu sais que tu peux pas emmener un moricaud dans un café d'hommes blancs ? » lui demanda un client.
Biff assistait à la scène de loin. Blount était très en colère, et on voyait bien à présent à quel point il était soûl.
« J'suis en partie nègre moi-même »? lança-t-il par défi.
Biff le surveillait d'un œil vigilant; la salle était silencieuse. Avec ses narines épaisses et le blanc de ses yeux qui roulaient, Blount était presque convaincant.
« Je suis en partie nègre et rital et polak et chinetoque. Tout ça. »
Des rires fusèrent.
« Et je suis hollandais et turc et japonais et américain. »
Il marchait en zigzag autour de la table où le muet buvait son café. Sa voix était forte et cassée. « Je suis un homme qui sait. Je suis un étranger dans un pays étrange.
- Calme-toi, lui répond Biff . »
Blount ne prêtait attention à personne excepté au muet. Ils se regardaient tous deux. Les yeux du muet étaient froids et doux comme ceux d'un chat. Il semblait écouter de tout son corps. L'ivrogne était fou furieux.
« Tu es le seul dans cette ville à saisir ce que je veux dire, poursuivit-il. Depuis deux jours je te parle dans ma tête parce que je sais que tu comprends ce que j'ai à dire. »
Dans un box, des gens riaient à une table parce que, sans le savoir, l'ivrogne avait choisi un sourd-muet comme interlocuteur. [...]
Blount s'assit à la table et se pencha vers Singer : «Il y a ceux qui savent et ceux qui ne savent pas. Et dix mille ignorants pour un homme averti. Voilà le miracle le plus inouï - que des millions de gens savent tant de choses sauf ça. C'est comme au quinzième siècle quand tout le monde, à part Colomb et quelques autres, croyait que la Terre était plate. Mais c'est différent : il fallait du talent pour imaginer que la Terre était ronde. Tandis que face à une vérité aussi criante, l'ignorance des gens tient du prodige. Toi, tu piges.
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