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Citations sur Les Aiguilles d'or (72)

Deux hommes maussades, libérés de Blackwell’s Island le matin même, jouaient de l’argent près de l’entrée. Une brève interruption dans la valse de leurs cartes poisseuses au moment où les cloches se mirent à sonner fut la seule attention que l’on accorda à la nouvelle année dans ce triste lieu.
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Puis. même la faible lueur qui filtrait par la porte d'entrée disparut, et Edward se retrouva dans ce qui semblait être un escalier sans fin, exigu et grinçant. L'air était chaud et vicié, et seul le fait qu'il grimpait empêchait son imagination d'associer sa progression à une descente aux Enfers. Trois portes à la peinture criarde, de travers dans leur montant, se dressaient sur le palier suivant et, d'un air moqueur, le mettaient au défi de tourner leur poignée. Derrière l'une d'entre elles, il lui sembla entendre une respiration laborieuse, s'échappant du silence qui régnait dans la bâtisse.
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Il se disait que si elle était coupable, elle méritait d'être punie par la loi, mais il lui était douloureusement difficile d'imaginer cette femme admirable sur le gibet, dans une simple robe bleue, écoutant les prières d'un prêtre . Et pourtant, il n'y avait rien qu'il puisse faire la sauver, se disait-il : sa présence pouvait la consoler un un peu, ses paroles rassurantes pouvaient temperer ses peurs pendant une heure, mais elle monterait néanmoins sur l'échafaud, où le prêtre mielleux marmonnerait ses prières inutiles. La corde briserait les os de son cou gracile, que Duncan soit avec elle ou non dans ses derniers instants - alors pourquoi détruire son propre avenir, si prometteur, pour quelques moments de réconfort offerts, peut-être en vain, à une femme sur le point de mourir ? Si Maggie connaissait sa position, elle comprendrait et ne condamnerait pas cette décision difficile et prise à contrecœur.
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Tu n'as rien trouvé à redire l'an dernier quand jai prêché à propos de la mission africaine, il me semble. En fait, je crois même que tu avais rédigé des prières pour la sécurité et la santé de nos missionnaires au Congo. Je ne vois pas de raison de distinguer les indigènes d'Afrique des habitants du Triangle Noir, dont les populations sont tout aussi gnorantes, perverses, malheureuses et menacées de damnation éternelle.
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- Je... je ne suis pas en accord avec les vues de ces dames sur... les infortunés qui vivent dans les quartiers les plus misérables de la ville. Elles prennent cela à la légère, comme s'il ne s'agissait que d'un nouveau genre de scandale destiné à les amuser. Elles parlent de vice, disent que la police devrait y mettre un terme, qu'il faudrait envoyer tous ces gens en prison, brûler le quartier et y ériger des opéras, des restaurants et des théâtres à la place. Elles n'ont guère de... » Elle hésita avant de formuler un jugement aussi sévère. « ...guère de compassion...
- Ne crois-tu pas que raser le Triangle Noir et tous les endroits de cet acabit serait de nature à améliorer la ville ?
- Père! s'écria-t-elle avec une véhémence sincère. Je pense que notre but devrait être d'alléger la misère et la pauvreté de ces gens ! Si nous pouvions leur garantir assez à manger et des soins médicaux appropriés, si nous trouvions des emplois pour les hommes et que l'on habillait et éduquait les enfants, alors il n'y aurait aucune raison nent à des activités marginales.
- C'est une idée novatrice, Helen, mais je crois qu'elle néglige le caractère fondamentalement déplaisant de la nature humaine.
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Le tout New York était fasciné par ces informations qui apparaissaient pour la première fois dans un journal respectable et avaient été écrites sur un ton qui proclamait que personne auparavant n'avait sondé de telles profondeurs d'iniquité. La Police Gazette publia un éditorial sarcastique pour souligner qu'eux-mêmes parlaient du Triangle Noir depuis des années et qu'ils avaient publié des informations similaires, dont le Tribune prétendait maintenant avoir l'exclusivité. Mais les messieurs- dames qui n'avaient jamais lu les articles de la Gazette ne lurent pas non plus cet éditorial et s'imaginèrent que le Tribune innovait, éventrait les pavés de la ville pour révéler au grand jour l'enfer aux murs brûlants et éclairés de lanternes rouges qui, fourmillant de répugnants monstres glapissants, grouillait sous leurs pieds.
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- Benjamin, dit son grand-père d'un ton faussement détaché. Je refuse de croire que tu tireras une leçon de cet épisode. J'ai pensé que c'était possible à d'autres occasions et j'ai toujours été démenti. Que ce soit par entêtemnent ou par stupidité - je n'en sais rien, tu n'apprends jamais de tes erreurs. J'espère seulement que la prochaine fois qu'il se passera quelque chose de ce genre, tu auras la décence de ne pas revenir nous voir en espérant qu'on te pardonne et que tes dettes illégales soient réglées par Duncan, ton père ou moi-même, et que tu iras sur les berges de Battery Park pour t'y noyer afin de ne plus nous poser de problème.
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La coutume consistant à se rendre visite le Jour de l'an fut instaurée par les Hollandais au XVIIe siècle et, bien que deux cents ans aient passé, que la taille de la ville ait crû plusieurs fois au centuple et que les mœurs, vêtements et accents hollandais fassent désormais l'objet de parodies dans les théâtres de variété, le Nouvel An, dans toute sa frénésie bavarde et accablante, reste l'événement incontournable de la saison mondaine. (ici l’an 1882)
[…] Les mondanités sont réparties de façon équitable : ce sont les hommes qui se déplacent et les femmes qui reçoivent. Du matin jusqu'à la tombée de la nuit, la ville n'est qu'une monstrueuse ruche hivernale où de faux-bourdons de plus en plus ivres plus ivres présentent leurs vœux à des reines de plus en plus lasses.
[…] Quand il n'y a plus à manger ou que le soleil se couche, ou encore quand les visiteurs se font tapageurs et inintelligibles, on tire les rideaux et on accroche un panier à la porte d'entrée désormais close : les maîtresses de maison ne reçoivent plus.
Elles restent plantées là, se lamentent face à l'étendue des dégâts, se demandent brièvement si leur mari ou leur fils n'ont pas été victimes d'une mésaventure si fréquente en ce jour de l'année, ordonnent aux domestiques de commencer à nettoyer et se retirent dans l'obscurité calme d'une chambre à l'étage.
Le lendemain matin, les hommes chanceux reposent dans leur lit en se demandant s'ils vont mourir. Les autres se réveillent en prison pour des actes dont ils ne se souviennent pas. Et aucun ne veut se rappeler combien de femmes il a pu offenser la veille.
(p.42-43)
[…] Cela coûte cher et quand la plupart de ces hommes sont arrivés cet après-midi, on aurait pu leur servir un mélange de vitriol, de laudanum et de teinture à l'indigo, en appelant ça du « punch maison », qu'ils seraient tout de même repartis en louant notre hospitalité !
(p.47)
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Pour la mère irlandaise qui errait dans le quartier de Battery Park et dont le nourrisson venait de périr dans ses bras ; pour le boucher italien qui venait de vendre son dernier morceau de viande de cheval avariée aux squatteurs du terrain vague au-dessus de la 8oème Rue, et pour tous ceux entre les deux ; pour les pauvres dont la pauvreté était telle qu'ils mourraient bientôt, pour les criminels dont les actes n'offraient aucune garantie contre la misère à laquelle ils essayaient d'échapper, pour les gens relativement prospères et modérément respectables, pour les gens modérément prospères et particulièrement respectables, et pour les très riches qui n'avaient pas besoin de se soucier de leur respectabilité, l'an de grâce I882 venait de débuter.
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On ne fait pas la charité au hasard, ou au gré des zigzags. Cela ne servirait à rien de parcourir les rues en distribuant des largesses à ceux qui ont l'air le plus malheureux. On apprend vite que la véritable misère se cache. C'est dans les maisons que se trouvent ceux qui sont trop malades pour se montrer dans les rues et attirer la pitié. C'est là que l'on rencontre la vertu contrariée et la pudeur tourmentée. (p.215)
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