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sur 1226 notes
Mais que suis-je venue faire dans cette galère ? ai-je pensé après avoir suivi ma Yaya dans cette Lecture Commune d'un livre que je n'aurais jamais ouvert de moi-même.
Pourquoi ? me demanderez-vous... eh bien je me le demande aussi.
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Il n'a pas l'air d'un thriller, il est historique mais même pas à Londres, rien de fantastique... La couverture est magnifique, mais aucune petite chaussure, nounours ou autre, donc voilà, pas mon truc a priori.
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Je me pensais très loin de ma zone de confort, alors que pas du tout. J'aime beaucoup cette ambiance : décors enchanteurs, zozios qui chantent, personnages très sympathiques...
Je plaisante, il n'y a rien de tout ça dans ce roman, ce qui tombe bien pour ce qui me concerne.
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Nous sommes à New-York, c'est la fête, nouvel an oblige, L'an de grâce 1881 devient l'an de grâce 1882.
Des enfants crasseux, en haillons, se blotissent chacun leur tour sur une grille de ventilation pour tenter de se réchauffer. L'une des gamines a un bébé dans les bras.
Des pauvres, des souffreteux, des criminels, femmes et hommes, boivent de la bière tiède et éventée dans un bouge sordide au sous-sol d'un bâtiment pourrissant.
Et tout plein d'autres choses aussi plaisantes les unes que les autres. le paradis sur terre, en quelque sorte.
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C'est dans l'un de ces immeubles que vit la famille Shanks.
La matrone imposante, Lena Shanks, veuve et mère de deux filles gère son petit commerce de prêt sur gage, tandis que sa fille Daisy exerce le lucratif métier d'avorteuse. Louisa, son autre fille, muette, a un certain talent pour toutes les tâches administratives.
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Lena a également un frère, marié à Maggie, qui vit de ses charmes.
Et puis Rob et Ella, ses petits-enfants, aident très efficacement leur famille.
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Mais contrairement aux apparences, tout n'est pas rose chez les Shanks. Lena a une famille huppée dans le colimateur : les Stallworth, dont le patriarche, le juge James S. a fait pendre son mari, Cornelius.
Ledit James a deux enfants, Edward et Marian, cette dernière, mère au foyer si l'on peut dire, est mariée à Duncan Phair, avocat. Deux enfants Edwin et Edith sont les fruits de leur union. Quant à Edward, pasteur de l'église presbytérienne, il a deux enfants : Helen et Benjamin, déjà adultes.
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Il va de soi que le nouvel an n'est pas fêté tout à fait de la même façon par les riches que par les pauvres.
Ça se visite mutuellement, ça picole mais dignement, propres sur eux, etc. n'est-ce pas... bref, vous voyez le topo.
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Bon, si j'avais lu tout ce que j'ai dit auparavant, je n'aurais pas ouvert le bouquin moi-même. :)
Je suis à des années-lumière d'avoir le talent de Michael McDowell, voire encore plus loin, et tout lecteur verra très vite qu'en fait je ne sais pas quoi dire.
Le style de l'auteur m'a envoûtée, l'histoire aussi, l'ambiance, j'ai adoré.

Les personnages sont particulièrement antipathiques, surtout les riches, bien coincés comme il faut.
Je n'irais pas jusqu'à dire que l'autre famille m'a enchantée, mais bon, ces femmes m'ont quand même été un peu plus sympathiques.
Quant aux enfants... adorables, les riches comme les pauvres.
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Par contre, le livre, lui, m'a enchantée. J'ai eu beaucoup de mal à quitter tout ce "beau" monde une fois le roman terminé. D'ailleurs, j'emporte Les aiguilles d'or sur mon île déserte.
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L'auteur nous entraîne , avec une aisance sans faille , dans l' Amérique , fin du 19 éme siècle. L'histoire des Stallworth, famille très aisée ,, faisant partie du haut plus grade de la société aristocratique, leur but est d'éradiquer la misère , la pauvreté, un monde où la saleté est monnaie courante.
L'histoire des Shanks, famille miséreuse, vivant dans un monde violence, de drogue et de prostitution, ils sont prêts à tout pour se sortir de cet univers le mot vengeance prend toute sa valeur,, mais pourquoi, existe t'-il un lien qui unisse ses deux famille, un lien de haine de rancoeur, Deux histoires qui s'entrechoquent , deux monde qui sombrent dans la perversité pouvant conduire à la perte de leur statut social . Deux familles qui tombent dans les tréfonds de l'enfer . Un roman qui m'a énormément marqué, grâce à l'écriture subtile , visuelle de l'auteur, je me suis laissée embarquer , dans une histoire, où beaucoup de personnages sont présents, mais je n'étais absolument pas perdues, bien au contraire, l'auteur a disséqué avec une grande précision , la psychologie des protagonistes, permettant de comprendre le rôle jouer, mieux comprendre le pourquoi du comment, avec des description pointues et existentielles. L'auteur tient en haleine ses lecteurs, ils évoluent en apnée, dans ce monde où le rythme monte crescendo , dans ce roman d'une intense noirceur. Un monde vengeance, un monde où règne le bien du mal,
Une lecture envoûtante, hypnotisante, que je vous recommande,
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Dès les premières pages, j'ai été conquise. Dans un somptueux prologue, Michael McDowell promène durant la nuit du 31 décembre 1881 sa caméra de mots en mode travelling dans différentes rues new-yorkaises : de Mulberry Street où des enfants en haillons se disputent une place pour se réchauffer sur une grille de ventilation, à une réception huppée sur la Cinquième avenue, en passant par un bar à opium de Mott Street ou une fête populaire sur Bowery Street.

Direct, le lecteur entre dans la ronde et passe de bras en bras à mesure que l'auteur présente son mémorable casting ancré dans un décor qui évoque irrésistiblement le Gangs of New-York de Scorsese. Ici, ce sera la guerre entre deux familles que tout oppose si ce n'est la haine réciproque : d'un côté, les riches et puissants Stallworth menée par un ambitieux patriarche qui espère se voir couronner maître de New-York; de l'autre, les Shanks, les hors-la-loi élevés dans le crime, issus du sordide Triangle noir, un gang de femmes avec cochent toutes les cases de l'illégalité ( meurtrière, prostituée, avorteuse, receleuse, faussaire ).

Michael McDowell maîtrise totalement l'art du portrait. Les personnages ont beau être très très nombreux, on les différencie tous, on les retient tous tant l'auteur sait les dessiner chacun en quelques traits caractéristiques comme Maggie, ma préférée :

« A moins d'un examen poussé, Maggie Kizer passait pour une Blanche et n'avait que deux traces révélatrices de son ascendance : une fine ligne bleue sous l'ongle du pouce et un petit reflet de pigment noir dans chacun de ses yeux verts. Obsédée par ces imperfections qui pouvaient la trahir, Maggie ne sortait ni ne rencontrait jamais d'inconnus sans une paire de gants blancs les plus fins qui soient, si ajustés qu'elle enfilait ses superbes bagues en diamant et en émeraude par-dessus ; et hormis par la plus noire des nuits, elle portait des lunettes rondes aux verres couleur d'ambre fumé. »

Les Aiguilles d'or est avant tout un roman de personnages, ce sont eux qui portent le scénario et non l'inverse. Chacun place ses pions en essayant dedeviner où sont placés ceux des autres tout en tentant d'anticiper les coups à venir pour garder leur temps d'avance. J'ai adoré les 200 premières pages. Alors que beaucoup ont souligné une mise en place trop longue, je m'en suis délectée. La suite est très réussie, elle aussi, une implacable histoire de vengeance qui prend des proportions homériques avec un long final pied au plancher jubilatoire et addictif.

Contrairement à l'excellente série Blackwater, pas d'horrifique ou de surnaturel ici. Mais juste de l'horreur sociale née d'un capitalisme sauvage qui engendre des inégalités d'une rare violence, presque une relecture littéraire de chair et de sang de la lutte des classes. La corruption morale n'est évidemment pas chez ceux que la société désigne mais plutôt chez ceux qui affichent en étendard leur dévoterie et leur pureté morale.

Bref, on se régale malgré ou surtout grâce au manichéisme inhérent à ce genre de schéma narratif. Un roman ultra divertissant qui se dévore goulûment !
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Tout d'abord , qu'il me soit permis de remercier l'équipe de Babelio et les Editions Monsieur Toussaint Louverture pour l'envoi de ce roman qui a vraiment retenu toute mon attention et restera un vrai bon moment de lecture .
Qu'il me soit permis de lancer un grand " coup de chapeau " au concepteur de cette couverture originale et superbe qui me renvoit à celles que j'ai pu trouver sur certains ouvrages de mon enfance , élément ô combien important à mes yeux .Même si le titre et le nom de l'auteur manquent un peu de visibilité , j'aime .
Et puis , disons le tout net , ce qu'on attend , c'est l'intrigue .Alors là , l'intrigue , c'est d'abord la plongée dans un monde à peine imaginable dans " le triangle noir " de New York en 1882 .Une description à la Dickens , une sorte de cour des miracles à la Victor Hugo , ce lieu sans foi ni loi , lieu où règnent la prostitution , le vice , l'avortement , les trafics en tous genres , la violence , les coupe - gorges , la lutte du " chacun pour soi " , la drogue , bref , tous ces vices qui permettent , d'une façon ou d'une autre , d'échapper à une condition désespérée que l'on sait immuable . Immuable sauf , hypocritement , seul sujet de discussion électorale pour l'autre classe , celle qui recherche le pouvoir , celle des bourgeois avides de notoriété , de réussite personnelle . Alors , lorsqu'un avocat de renom est assassiné dans ce quartier de misére , la machine se met en marche et frappe pour laver un honneur perdu .. Inflation de violence , de perversité , tous les moyens sont bons ...Sauf que ...Ben oui , sauf que ...le vacillement ou la chute des Stallworth ?Pour le savoir , à vous de jouer ...Ou plutôt , de lire et " tout , tout , tout , vous saurez tout ...Et vous n'êtes pas au bout de vos surprises...
Deux parties bien distinctes dans ce roman , l'immersion dans l'enfer et le récit d'une vengeance machiavélique ...Voilà ce qui vous attend dans ce récit un peu long ( pour moi ) dans sa partie initiale , mais à " se ronger les ongles" dans la seconde .
Je vous l'ai dit , j'ai retrouvé les auteurs de ma jeunesse , ceux qui me passionnaient au point de me voir m'endormir , à bout de fatigue , le livre entre les mains ...
Les personnages ? Ils sont nombreux et le petit arbre généalogique des premières pages est bien utile .Quant à leurs caractères , je vous laisse les découvrir mais c'est " du lourd ".
Trés bien écrit et traduit , ce livre devrait plaire à ceux et celles qui aiment ce " noir " tellement lointain qu'il nous semble inimaginable dans notre monde d'aujourd'hui ( ?) .
Pour ceux qui voudraient s'y rendre , ne comptez pas sur moi , je suis retraité et ne recherche plus ce genre d' aventures . A lire certaines critiques , je suis certain que vous trouverez un guide plus compétent que moi .Bienvenue dans le monde d'une bourgeoisie avide de tout et d'une société où la survie quotidienne n'empêche pas une certaine idée de l'honneur , fût elle discutable .
je vous laisse pour ce soir , amis et amies , je vais regarder un certain film , " La vie est un long fleuve tranquille ". Je ne sais pas pourquoi .Il y a sans doute un rapport mais ..lequel ?
Mille excuses à Babelio pour avoir rédigé ce petit commentaire le 31 août au lieu du 30 .
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La couverture de ce roman est un petit bijou.
Si celles de la saga Black Water étaient déjà magnifiques, ici la maison d'édition s'est surpassée.

Ce roman est manichéen, il commence doucement, trop doucement même. Et puis insidieusement, les choses se mettent en place. Les personnages et les lecteurs sont pris dans les filets d'un scénario implacable.

L'auteur, fait une critique acerbe de la société du XIXe et de l'abus de pouvoir de certains puissants.
J'ai adoré l'écriture de l'auteur, emprunt d'humour très cynique. Ce qui est tout a fait a l'image du roman.

Un roman très noir, qui même si la mise en place est un peu longue, emporte le lecteur dans les méandres du Triangle noir

Une fois encore, les éditions Monsieur Toussaint L'ouverture ont fait un travail remarquable.
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Monsieur Toussaint Louverture a l'habitude de nous gâter avec la couverture de ses éditions. Pour les Aiguilles d'Or, il ne déroge pas à la règle. Il nous livre à nouveau une reliure à la magnifique livrée rouge et or, digne des enluminures qui faisait la réputation des beaux ouvrages Hetzel du début du siècle dernier. Mais comme le dit si bien le proverbe "qu'importe le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse"…cette ivresse, cette joie de lire, voyons si je l'ai trouvée.

Michael McDowell est un écrivain mais c'est aussi le scénariste de l'Étrange Noël de Monsieur Jack et du Beetlejuice pour lequel il obtient un Saturn Awards en 1990. Ce professionnel du scénario sait grâce à son style et sa prose nous tenir en haleine du début à la fin de son roman. Son écriture a le mérite de se lire facilement et sans prise de tête. Il nous prend par la main sans nous lâcher et nous emmène ainsi à sa suite dans les rues et les recoins du New York de cette fin du XIXe siècle. le rythme est enlevé et les actions sont carrées et bien construites. Il n'y a rien à y redire et on se retrouve dans un vrai page-turner. Les scènes sont cinématographiques et permettent aux lecteurs d'imaginer sans effort les rebondissements et autres péripéties du livre.

Si McDowell semble être à l'aise avec sa caméra-plume, celle-ci reste pourtant assez superficielle quand elle survole les personnages du roman. On est très loin voire éloigné de l'approche détaillée des Balzac et autre Victor Hugo. Chez ces auteurs classiques, le personnage n'est pas seulement un individu avec un nom, il a une dimension humaine qui lui donne une réalité évidente, une existence certaine, une épaisseur tangible. Ici on se place plutôt dans l'univers du « soap opéra » celui des séries télévisées où « les mélodrames, le sexe, l'argent et les crimes sont les maîtres mots ». Les Stallworth et les Shanks du livre n'ont rien à envier aux Capwell, Lockridge ou autres Abbots et Newman des feuilletons TV à succès. Notre Triangle Noir newyorkais des Aiguilles d'Or n'est pas très éloigné de l'univers « impitoyable » d'une certaine ville texane, célèbre par son JR dans les années 80.

Le côté manichéen des Aiguilles d'Or domine à toutes les pages. Cette lutte entre le Bien et le Mal bien que simplifiée à son extrême par McDowell, n'en demeure pas moins la force du roman, le pivot de son histoire. Cette lutte sans merci entre les bons et les méchants sans réussir à différencier le vrai camp des principaux protagonistes, nous tient tout au long de l'histoire. Ce qui n'est pas sans rappeler le magnifique film de Claude Lelouch de 1976 le Bon et les Méchants. On retrouve dans ce film tourné en couleur sépia cette même dualité qui nous met mal à l'aise. Une inoubliable interprétation que l'on doit au formidable trio d‘acteur que sont Dutronc, Cremer et Villeret.

Vous l'avez compris les Aiguilles d'Or est une histoire qui se lit facilement et sans prise de tête. Malheureusement une fois la dernière page tournée, on se demande ce que l'on va bien pouvoir retenir de son récit…Si J'ai eu un beau flacon, le liquide à l'intérieur avait une teneur en alcool à faire pâlir un « Canada Dry ». Michael Mcdowell a fait son boulot et on ne peut rien lui reprocher. Et tant pis pour moi si mes aiguilles d'or ressemblaient plutôt à de simples épingles dorées…

Merci aux Doriane (@Yaena), Nicola (@NicolaK), Xavier (@Aquilon62), Anne-So (@dannso), berni (@Berni_29), Hélène (4bis), djdri25 et Altervorace et à notre amie Sandrine la défricheuse.

« C'était l'avant-guerre, Parfum de naguère, En couleurs sépia, ou noir et blanc. C'était l'insouciance Parfum d'innocence. Il n'y avait ni bon ni méchant.
Dis, est-ce que tu m'aimes? Bien sûr que je t'aime, quelle question! Sur les photos de ma jeunesse. Une étrange tendresse. L'amour en noir et blanc.
« La Ballade du Bon Et Des Méchants » par Jacques Dutronc.
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Ames sensibles s'abstenir...
On est dans un roman noir . " Rien n'était exotique, rien n'était charmant, rien n'était pittoresque ; tout n'était que misère crasseuse et noire, que pauvreté infâme et puante. "
Et, surtout, rien ne vous sera épargné , à vous lecteurs, aucun détail !

On est à New York en 1882 et les ruelles que décrit Michael McDowell ressemblent étrangement à celles de Londres décrites par Dickens. La pauvreté est la même partout dans le monde...
Nous avons d'un coté la famille bourgeoise du juge Stallworth, qui vit dans les beaux quartiers. persuadée de détenir la vérité, le bon goût, et même la morale . Grace au fils, pasteur, et au beau-fils, avocat, le juge s'est lancé dans une croisade : nettoyer les rues de sa ville de la vermine et une des familles qu'il a dans le collimateur, c'est les Shanks. Il faut dire qu'ils présentent mal... Ils sont tous (même les deux enfants, des jumeaux ) aguerris et impliqués dans toutes sortes d' affaires qui vont du vol à l'arnaque en passant par les avortements clandestins et les meurtres. Une famille peu recommandable.

On a donc le bien contre le mal , oui mais...
Avec Michael McDowell , ça ne sera pas aussi simple et les gentils ne le sont pas tant que cela et les méchants, non plus.
Petits glissements de points de vue de la part d'une lectrice qui a bien failli abandonner ce livre entre les pages 70 et 100, accablée devant tant de violence, tant de misère intellectuelle, affective, et financière. Noir, c'est noir et il y a peu d'espoir... Mais c'est cette ambivalence qui m'a intéressée, celle du bien (pas si bien que ça) et du mal ( avec cinquante nuances de gris).
C'est que voyez-vous, dans la famille bourgeoise, on s'aime si peu. le plus important : ce que pensent les autres, la morale, l'ambition, le pouvoir.
Chez les pauvres, on fait peut-être pis que pendre à l'extérieur, mais entre eux, il y a une vraie solidarité. A tel point que si l'on touche un cheveu de l'un, "on" le payera cher. Or le premier acte signant la "guerre" qui opposera les Stallworth aux Shanks, c'est la condamnation à mort, par pendaison, ordonnée par le juge contre le mari de la matriarche.
Dés lors, le combat peut commencer. Il ne faut jamais sous-estimer son adversaire, je ne vous dit que ça.
Cet angle est intéressant : les faux gentils et les faux méchants et démontre l'hypocrisie qui régne chez les puissants, les respectables et le mépris dont ils font preuve à l'égard de tout ce qui est différent d'eux.
Il y a chez cet auteur, un style très personnel, on reconnait la même noirceur, la même façon de décrire ses personnages ( à la limite de la caricature) que dans les eaux boueuses de la Blackwater ( le genre fantastique en moins).
C'est sombre, mais par instant offrant des éclaircies. Original et offrant pourtant une géméllité troublante avec la série Blackwater. Parfois sordide et pourtant beau. Simple mais clinquant.
Un véritable objet de curiosité que vient renforcer son écrin : cette sublime couverture offerte par la maison d'édition Toussaint Louverture, dorée, rouge comme le sang et noire comme les rues malfamées de ce New York de 1882 .
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1882 : Une nouvelle année qui commence, qui verra de nombreux changements pour deux familles de New-York, les Stallworth et les Shanks, et ceux qui s'en sortiront le mieux ne seront sans doute pas ceux que l'on aurait pu penser au départ.

On est à New-York, où la ville est gérée par les démocrates. Une famille de républicains, les Stallworth, désireuse de les discréditer, va lancer une campagne de presse contre un quartier de misère et de délinquance le triangle noir, causant par la même, dommages et morts dans une famille de ce quartier, une famille de femmes, qui règne dans l'ombre, et gère quelques activités très lucratives, les Shanks. Et cette famille jurera de se venger. On lira le récit de cette vengeance dans une deuxième partie, plus enlevée que la première, mettant en place décors et personnages et relatant la campagne de presse qui prend parfois un peu trop son temps.
Un vieux contentieux opposait d'ailleurs déjà la matriarche de ce clan au patriarche des Stallworth, juge impitoyable. Et rien que ces deux termes, patriarche d'un côté, matriarche de l'autre révèlent une des oppositions entre ces deux familles

Un roman foisonnant, truffé de détails sur le New-York de cette époque, qui évoque de façon quasiment cinématographique cet univers. J'ai évidemment pensé au Londres de Dickens, au Paris de Hugo, des lieux où règnent le vol, la vente de cadavres, la prostitution et son corollaire les avortements clandestins, les salles de jeu, les pugilats, les crimes de toutes sortes, la maladie, la mort. Et l'opposition est d'autant plus grande avec ces beaux quartiers, où les femmes de la Haute réunies en comité soi-disant d'aide à ces indigents, discutent surtout de la façon dont elles doivent s'habiller pour leur visite dans ce quartier.

L'auteur n'est tendre ni pour les unes, ni pour les autres, et aucun des personnages n'est vraiment attachant. Et c'est peut-être ce qui m'a manqué pour être plus séduite, même si j'ai été fascinée par le récit de cette vengeance, orchestrée de main de maitre, par la profusion de détails sur la vie à cette époque. J'ai lu ce livre avec plaisir, mais sans être pressée par le désir de le reprendre dès que possible.


Je fais partie de ceux qui n'ont pas lu la saga Blackwater. À tous ceux que six tomes effraient, ce livre est une bonne façon de découvrir l'auteur, conteur émérite.

Merci à Nicola, Doriane, Xavier, Hélène, Pat, Berni, Sandrine, djdri25 et Altervorace pour cette lecture commune
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Lorsque la pentalogie Blackwater a déferlé sur les réseaux sociaux, avec regrets, je n'ai pas pris la vague. Et si j'ai trouvé original et plutôt bienvenue que la maison d'édition Monsieur Toussaint Louverture respecte la ligne éditoriale imaginée par l'auteur en publiant, vingt ans après son décès, les six volumes de la saga, à raison d'un épisode tous les quinze jours, ce rythme effréné était trop rapide pour moi et j'ai repoussé cette lecture à plus tard.

Alors lorsque Babelio m'a proposé de lire en avant-première le nouveau roman de Michael McDowell dans le cadre d'une masse critique privilégiée, j'ai secrètement espéré être sélectionnée et être dans les tous premiers lecteurs à prendre la seconde vague.
Je ne peux que remercier très chaleureusement Babelio et les éditions Monsieur Toussaint Louverture pour ce très beau cadeau. En ouvrant le colis, je n'ai pu m'empêcher d'admirer l'esthétique de la couverture magnifiquement illustrée par Pedro Oyarbide. Quelle réussite ! On ressent immédiatement combien ces éditions, portées par leur passion de la littérature, attachent de l'importance aux livres, tant par leurs choix judicieux de textes décalés de grande qualité que par leur soin extrême apporté à l'objet-livre.
L'éditeur a renouvelé sa confiance envers l'artiste espagnol et il faut avouer que j'ai eu un gros coup de coeur pour la couverture finement travaillée, gaufrée et sertie de dorures.

Vous aurez compris, je ne vais pas être particulièrement objective concernant les éditions Monsieur Toussaint Louverture, je n'ai pour l'instant jamais été déçue par leurs livres.

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Michael McDowell tisse ici une fascinante histoire de lutte et de vengeance entre de deux familles de classes sociales diamétralement opposées.

L'histoire se déroule à New York au début des années 1880, dans un quartier malfamé appelé le Triangle noir. Cet endroit abrite des voleurs, des assassins, des prostituées, des avorteurs, des fumeries d'opium, des établissements de jeux d'argent.
Avec ses deux filles et ses petits-enfants, Lena Shanks y dirige, d'une main de fer, un réseau criminel uniquement féminin. Cette lignée de femmes est liée par le crime : corruption, recel d'objets volés, meurtre, avortement, faux et usage de faux. Leurs multiples talents et leur discrétion sont reconnus dans le milieu.

A quelques rues de là, dans le quartier élégant et huppé de Gramercy Park, l'impitoyable juge républicain James Stallworth décide de s'attaquer à la criminalité galopante et à l'immoralité qui ternissent l'image de la ville de New York.
Avec l'aide de plusieurs membres de sa famille et d'un journaliste, il décide de mener une guerre impitoyable contre le clan des Shanks. Mais cette volonté cache des desseins plus obscurs et des ambitions beaucoup plus personnelles .

Dès lors, déterminé à détruire chaque membre de la famille Shanks en qui il voit l'image du mal et du vice, le juge va s'engager dans un bras de fer acharné contre Lena Shanks. Tous les coups sont permis, et pour tout dire, par moments, il est difficile de voir dans ce jeu du chat et de la souris qui est le chat et qui est la souris.

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J'ai lu que Michael McDowell était considéré aux Etats-Unis comme l'un des meilleurs écrivains d'horreur, proche de Stephen King.

Dans cette fresque romanesque, l'auteur se situe dans un monde à la frontière du réel et du fantastique.
L'histoire est foncièrement ancrée dans le New York du XIXème siècle. J'ai eu l'impression d'être dans l'univers sombre et triste de Charles Dickens, un monde fait de grisaille et de laideur qui se heurte au clinquant et au m'as-tu-vu des beaux quartiers. Michael McDowell brosse un tableau vivant de la vie à cette époque, ses mots soulignent d'un trait féroce et précis l'opulence des uns, la misère des autres.

Mais en même temps, j'ai ressenti une forme d'irréalité, entretenue par le mystère qui entoure la famille Shanks et en particulier de sa doyenne, Lena.

Il y a également une forme d'horreur, mais ce n'est pas celle tapageuse et sanglante des romans d'épouvante. L'auteur installe ici une ambiance menaçante et angoissante qui se diffuse par le biais des descriptions de ces quartiers sinistres et lugubres, mais aussi par ses personnages et les travers de leur âme.

*
Michael McDowell prend son temps pour mettre en place les décors de la ville, la personnalité de chaque personnage et les enjeux autour de ces deux familles qui s'affrontent dans un duel à mort.

Et le pari de décrire avec minutie la dureté des conditions de vie dans les bas-fonds de la ville, les taudis insalubres et crasseux, l'air empoisonné d'odeurs putrides et de fumées de cheminées, la dangerosité des rues font que le lecteur plonge avec ravissement dans cette atmosphère malsaine et sinistre à l'ambiance gothique.

Dans ce climat délétère et pesant, l'auteur a su brosser des personnages sans complaisance et à alimenter une ambiguïté entre gentils et méchants. Les personnages sont nombreux, mais je n'ai eu aucun mal à les reconnaître grâce à leur caractérisation.
Sa plume singulière, puissante et grave, fouille la malveillance, la cruauté ou la beauté des sentiments ; elle dessine de manière réaliste et terriblement crédible, une galerie de portraits qui compose à leur manière un paysage symétrique de ces deux familles.

Les personnages féminins sont particulièrement marquants et se révèlent au final inoubliables.

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Autour de cet affrontement, l'auteur décrit avec force les inégalités de classe et la condition féminine.
Il aborde aussi la politique, l'injustice, l'arbitraire de système judiciaire, l'influence et la manipulation de la presse.

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Pour conclure, « Les Aiguilles d'or » nous entraîne dans un récit de lutte, lutte des classes, lutte de pouvoir. Dans ce face à face addictif, l'auteur explore avec habileté la complexité de la nature humaine tout en restituant l'époque, la ville et l'ambiance des quartiers par des descriptions détaillées.
On tourne les pages sans s'en rendre compte tant le scénario, prenant, tient la route et l'écriture est belle, fluide, agréable à lire.
Un superbe thriller historique, un remarquable roman noir, une intrigue imprévisible et une fin saisissante qui laisse un arrière-goût étrange, teinté de douceur et d'amertume.

A découvrir bien sûr, le livre sort en librairie le 06 octobre prochain.
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Aïïïïïe, ah ben voilà, j'étais sûre que j'allais me piquer avec ces aiguilles !
Après avoir englouti goulument tous les tomes de Blackwater, j'attendais avec impatience de dévorer Les aiguilles d'or (en espérant que ça ne pique pas trop au passage tout de même !).
Alors ? Alors ? Ben, comment dire, ce n'est pas tout à fait la lecture que j'avais espérée.
Tandis que dès les premières lignes de Blackwater j'avais surfé avec enthousiasme sur les eaux boueuses de la Perdido, j'avoue avoir eu beaucoup plus de mal à me maintenir à flot dans les eaux tumultueuses et les turpitudes des Aiguilles d'or.
J'ai franchi sans enthousiasme le cap des 250 premières pages avec leurs descriptions sans fin et des personnages masculins dont je n'arrivais jamais à me rappeler qui était qui, m'obligeant sans cesse à revenir au petit arbre généalogique des premières pages. Les 250 pages suivantes se sont déroulées sans surprise dans un petit jeu de loi du talion pas désagréable, mais dont j'attendais vraiment plus de machiavélisme, tout cela s'avérant trop attendu et convenu à mon gout.
Si les bas-fonds de New-York sont minutieusement décrits, j'ai n'ai pas été séduite par les personnages caricaturaux et sans profondeur qui n'ont pas réussi à me transporter dans leur monde, aucun ne m'a vraiment accroché, je suis restée à distance en regardant ces microcosmes s'agiter pour finir par s'entretuer.
D'un côté du ring, les Shanks, clan essentiellement féminin spécialisé dans le recel, la fonte de bijoux volés et de l'autre, les Stallworth, clan essentiellement masculin basé sur la richesse, l'apparat, le qu'en-dira-t-on et la maîtrise des pouvoirs juridiques avec un juge et un avocat à leur tête.
Quelques scènes particulièrement réussies viennent égayer l'ensemble, mais une fois la dernière page refermée, je pense qu'il ne me restera pas grand-chose de cette lecture dans quelques mois.
A priori, les éditions Monsieur Toussaint Louverture prévoient de continuer à exploiter la poule aux oeufs d'or en publiant d'autres romans de Michael McDowell. Il faudra que je me méfie un peu plus la prochaine fois et que je ne me laisse pas subjuguer par les ors de la couverture …
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