- Et vous avez vu tout ça ?
- Chaque mot. "
Par une sombre nuit d'hiver, sept enfants se blottissaient près d'une grille de ventilation sur Mulberry Street. Chacun à leur tour, pendant environ une minute, ils s'asseyaient directement sur la grille en fer pour profiter de la vapeur qui s'échappait de la chaudière des locaux de la police de New York. À peine vêtus de haillons informes et répugnants, le visage et toutes les parties à nu noircis par la crasse, ils semblaient dans cette ruelle obscure n'être que des ombres chétives, une assemblée de gobelins dégénérés. Une stridente dispute éclata parmi eux pour savoir si l'une des filles, qui portait dans ses bras un nourrisson à la respiration sifflante, avait le droit de rester plus longtemps sur la grille. Mais avant que les chamailleurs n'aient le temps de se mettre d'accord, leur querelle fut noyée dans le soudain carillon de toutes les cloches de la ville.
L'an de grâce 1881 devenait l'an de grâce 1882.
(INCIPIT)
En effet, dit Marian d'un ton songeur, pas si elle ressemble à la plupart des irlandaises, qui sont vulgaires, illettrés et dont les cheveux roux jurent invariablement avec le mobilier.
Plusieurs messieurs lui adressèrent la parole, mais elle ignora leurs remarques flatteuses avec le même dédain qu'elle réservait aux insultes.
Les six journaux dépêchèrent des reporters, car cette histoire - si elle était vraie - semblait des plus prometteuses. La turpitude morale dans les hautes sphères était au moins aussi intéressante que la corruption du bas-monde, et tout un chacun éprouvait de la satisfaction devant la chute d'un hypocrite, surtout s'il avait une réputation et de l'influence.
Les détails de l'affaire tels que rapportés par le journaliste, dépassaient tout ce qu'elle pouvait imaginer. Ce méli-mélo de prostituées aux lunettes d'ambre, d'addiction à l'opium, de détenus évadés, de chantage de meurtre et de détroussage de cadavres tenait du roman gothique
-Des détrousseurs de cadavres, des voleurs de haillons. Dans le quartier, même un rat mort garde pas ses poils.
< Si terrifiants et irrationnels que fussent ces abominables rêves, ils n'étaient jamais pires que la réalité à laquelle ils finissaient inévitablement par laisser place. >
< Je ne demande ni sa mort, ni sa ruine, ni qu'il chute de la position qu'il a atteinte dans la société [...], mais seulement que sa conscience le démange en pensant à moi >
< Il fallait être chanceux et travailleur pour survivre à ces vicissitudes. La vertu n'y avait aucune part.>