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Critique de Yaena


New York an de grâce 1882. L'histoire s'ouvre sur des instants de vie, comme des photos prises sur le vif. On passe de l'une à l'autre sans transition dans un esprit très cinématographique.

Une nouvelle année s'annonce pour les familles Shanks et Stallworth.

Les Shanks un clan plus qu'une famille. Une matriarche : Lena la noire, un parrain au féminin. Dans les bas fonds de New York elle est connue, craint mais surtout respectée. Rusée et discrète elle est prête à tout pour protéger sa famille. Celle du sang, et celle du coeur. Intelligente et taiseuse cette femme a bâtie un empire basé sur la criminalité : avortement, travail de faussaire, blanchiment d'argent, recel, son clan a plus d'une corde à son arc. Ses filles sont des criminelles de haut vol pas de celles qu'on arrête, de celles qui sont des ombres, des fantômes des rumeurs. de celles que tout le monde connaît mais que personne n'oserait dénoncer. Et la relève est assurée, les petits enfants en formation ont déjà la malice de leur grand-mère et le talent des Shanks qui coule dans leurs veines.

Les Stallworth, le fleuron de la bourgeoisie. Des citoyens modèles bien sous tous rapports qui s'arrangent avec la morale et l'éthique en tout légalité. Un patriarche : le juge Stallworth, connu pour ses jugements sévères, il est incorruptible et implacable. Il en veut toujours plus. C'est un vampire avide de pouvoir. Éliminer la vermine et rendre New York aux honnêtes citoyens, tel est son but. Les pauvres sont coupables d'être pauvres et donc forcément de la mauvaise graine à exterminer. La charité selon Stallworth : la pendaison ou la prison.
Un gendre avocat, une fille maîtresse de maison irréprochable, et des petits enfants qui ont tout de jolies poupées que l'on place sur une étagère pour les faire admirer. Sans oublier le fils pasteur et les enfants de ce dernier. Une fausse note au tableau ces deux là : un vilain petit canard et une gamine un peu trop honnête avec elle même. Une rebelle qui s'ignore.


Chacun chez soi et les vaches seront bien gardées. Mais quand la soif de pouvoir pousse le juge Stallworth à occuper le triangle noir, territoire des crèves la faim, des criminels de bas étages, des prostituées au rabais, mais surtout de Lena la noire, l'ordre des choses s'effondre et aucun retour en arrière n'est désormais possible. On se dirige alors vers une fin implacable, aussi imprévisible qu'inéluctable. Son ombre plane sur chaque page.

Mais avant vous pourrez arpenter les bas quartiers, vous rouler dans la fange, visiter les fumeries d'opium, pénétrer dans les bouges infâmes où un tord boyaux infecte vous sera servi, et où vous pourrez parier sur des combats de catcheuses, pénétrer dans des maisons closes où les soeurs variole, syphilis et béri-béri guettent les visiteurs innocents, vous divertir en jouant dans la plus grande illégalité, regarder crever ces pauvres âmes dévorées par la misère et le désespoir. Puis vous retournerez dans ces maisons bourgeoises où le petit personnel répondra au moindre de vos désirs, où chaque chose est à sa place cadrée par l'étiquette la bienséance et le quand dira-t-on. Ces maisons où la maîtresse des lieux vous accueille avec un sourire resplendissant aux dents acérés avec des enfants parfaitement bien dressés à l'art de recevoir et de ne pas se comporter comme des enfants. Nous ne sommes pas chez les pauvres ! Dans cet univers entre Dickens et Zola essayez tout de même de ne pas vous perdre. Cela pourrait se révéler dangereux.

Mais passer d'un monde à l'autre ne vous dispensera pas de choisir votre camp. La haute société ou les grandes criminelles ? Réfléchissez bien, mais ne vous trompez pas, cet affrontement sera sans pitié même envers vous pauvre lecteur.

J'ai d'ailleurs eu trop peur pour y aller seule, j'ai embarqué mon propre clan avec moi :Berni, Nico, Xavier, La chouette-So, Patounet, Hélène, djdri25 et Altervorace mais avant Sandrine était partie en éclaireuse. On n'est jamais trop prudente.

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