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Critique de daniel_dz


Ces nouvelles sont les premiers textes publiés par Ian McEwan. Certaines vous feront passer un agréable moment de lecture. D'autres sont insupportablement dérangeantes, mais vous dévoileront d'autres aspects de l'auteur, qui vous intéresseront si vous l'appréciez pour ses romans ultérieurs. Permettez-moi de vous guider pour mieux savoir ce qui vous attend…

De Ian McEwan, j'avais beaucoup apprécié quelques romans, en particulier « Sur la plage de Chesil » et « L'intérêt de l'enfant »; je les avais commentés sur Babelio. C'est donc tout enthousiasmé que je me suis lancé dans la lecture de son recueil de nouvelles « Sous les draps et autres nouvelles ». Ces treize textes ont initialement été publiés en deux temps: « First love, last rites » (1975), qui lui a valu le prix Somerset-Maugham, et « In between the sheets » (1978). La quatrième de couverture en décrit très bien le fil conducteur: « Toutes ces nouvelles parlent de l'amour, de son excès ou de son absence, du désir et de ses frustrations, de ses fantasmes, de ses délires sadiques ou masochistes… ».

Je vous recommande ce livre pour deux raisons différentes et même, opposées.

La première raison ne vous surprendra pas: certaines nouvelles m'ont procuré un réel plaisir de lecture ! Je vous en cite quelques unes, en commençant par celles que j'ai préférées. Dans « Morte jouissance », on voit un monsieur aisé tomber amoureux d'une dame qu'il voit chaque jour derrière sa vitrine. Il finit par l'emmener chez lui, entamant une relation dont on comprend vite qu'elle sera bizarre. D'abord, j'ai ri comme on rit du roi nu du conte d'Andersen. Et puis une sorte de malaise s'est installé, où je me suis demandé si, finalement, un tel personnage ne pourrait pas exister. Et enfin, j'ai trouvé que cette relation irréelle et caricaturale faisait fort bien ressortir les problèmes de communication qui peuvent miner un couple.

Je me suis également bien amusé à la lecture de « Pornographie », un joyeux plaidoyer pour le respect des femmes. On y apprend ce qui peut arriver à un homme qui mène de front des relations avec deux maîtresses…

« Premier amour, derniers rites » est un joli portrait d'un jeune couple. J'y ai trouvé les prémisses de la sensibilité qui m'avait séduit dans « Sur la plage de Chesil », même si les couples des deux histoires sont fort différents.

Je saluerai enfin l'érotisme joyeux de « Bande à part » et l'imagination surprenante de « Géométrie dans l'espace » et de « Réflexions d'un singe captif ».

Par ailleurs, ma deuxième raison pour vous recommander ce livre s'adresse plus spécialement aux amateurs de Ian McEwan, qui trouveront peut-être de l'intérêt à découvrir cet auteur sous un autre jour. de l'intérêt, donc, mais pas vraiment du plaisir de lecture ! Si je ne me trompe, les textes de ce double recueil sont les premiers que Ian McEwan a publiés et j'ai lu que pendant cette première partie de sa carrière, il était surnommé « Ian Macabre ». Macabre n'est pas le mot que j'aurais employé, mais plusieurs textes sont glauques, pervers, dérangeants. Je ne suis pas bégueule, mais certains m'ont réellement mis mal à l'aise. Certes, les mots ne sont pas crûs (ou très peu) et je ne les qualifierais pas de vulgaires. Mais l'ambiance en est néanmoins pesante. Ainsi « Papillons » décrit un pédophile qui attire une fillette; je ne crois pas que cette littérature suffirait à satisfaire un pédophile (je ne connais pas trop ces gens-là…) mais elle m'a procuré plus de malaise que « Lolita ». « Masques » raconte l'emprise d'une vieille belle sur son jeune neveu, qu'elle oblige à se travestir. « Le dernier jour de l'été » est plus sage, mais l'ambiance de la fin est… comment dire… d'un mystère dérangeant…

Contrairement aux premiers que j'ai cités, je ne compte pas relire ces textes-là une deuxième fois. Mais je ne regrette pas d'avoir découvert cet aspect plus dérangeant de Ian McEwan. Je dirais même que cela me donne envie de le connaître mieux et de comprendre d'où il vient et comment il a murit.

Pour ces deux raisons, je vous recommande ce recueil, quitte à vous limiter à une partie des textes que j'ai cités. Les différentes nouvelles sont indépendantes les unes des autres. Je vous conseille modestement de tenir compte de mes commentaires pour choisir les nouvelles que vous lirez, et l'ordre dans lequel vous les lirez: je peux comprendre que certains lecteurs aient abandonné leur lecture en les lisant dans l'ordre du livre, ce qui les aura privés de quelques textes réellement plaisants.
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