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Fiona May,brillante juge aux affaires familiales ,une belle femme à l'orée de ses soixante ans,aprés trente de mariage sans problème majeur, fait face à un mari, qui faute de ne plus avoir accomplie "ses devoirs d'épouse au plumard" depuis sept semaines et un jour,veut aller voir ailleurs.C'est exprimé vulgairement de ma part,car c'est exactement avec la même vulgarité que se déclare Jack,le mari. Je dois dire un début qui ne m'a pas vraiment enthousiasmée.Mais McEwan nous sort vite de cette scène clichée et nous plonge dans le métier de cette femme sans enfant, qui paradoxalement doit trancher sur des questions vitales concernant des destins d'enfants. L'affaire qui est au cœur de ce récit est justement celle d'un jeune garçon de dix-sept ans, atteint de leucémie,dont les parents ,témoins de Jéhovah,refusent toute transfusion sanguine qui le sauverait. Fiona n'arrivant pas à trancher au tribunal,se rend à son chevet et passe une heure avec ce beau garçon intelligent et sensible,qui apprend le violon sur son lit de malade.Un poème de Yeats,"Down the Salley Gardens" qu'elle chantera,lui l'accompagnant au violon,va sceller un lien fatal entre eux... C'est un livre foisonnant,où l'auteur aborde beaucoup de thèmes crucials avec sensibilité et finesse.Il confronte la question du droit à celle de la foi,s'interroge sur la fragilité des relations humaines, qui peuvent basculer sur un rien,un malentendu,un mot déplacé ,un geste,sur la complexité des sentiments amoureux et sexuels...et sur l'equitabilité de la justice. Il sonde l'âme humaine,mélangeant affaires judiciaires avec affaires intimes,les premiers régis par des lois écrites noir sur blanc,les seconds par des lois morales et sociales beaucoup plus complexes et individuelles,mais toutes sujettes à la conscience morale. On penserait que c'est trop,mais non il le fait avec précision et justesse sans jamais nous lasser. Ian McEwan n'est pas un auteur que j'apprécie particulièrement, mais ce dernier livre,trés fort,m'a conquise! + Lire la suite |
Ian Mc Ewan commence à publier des nouvelles à la fin des années 1970, avant de s'aventurer avec le Jardin de ciment (1978) dans le territoire du roman. Il s'attache depuis à arpenter le genre romanesque dans ses moindres recoins, change d'univers et de registre à chaque nouvelle publication, et passe avec virtuosité de la fresque historique (Expiation, 2001) au roman d'espionnage (Opération Sweet Tooth, 2012), du drame familial (L'Enfant volé, 1987) à la comédie satirique (Solaire, 2010). Au fil des métamorphoses de son oeuvre, l'inscription de la fiction dans le réel demeure un point d'ancrage : la guerre en Irak, le réchauffement climatique, le Brexit ou encore l'évolution des nouvelles technologies – thème de son dernier livre, Une machine comme moi – font irruption dans la trajectoire de ses personnages pour bousculer ou faire basculer leurs vies.
Héritier du grand roman du XIXe siècle, De Balzac à Jane Austen, McEwan a pour ambition de réconcilier cet héritage avec les leçons du modernisme et du post-modernisme. Pour cela, il s'appuie à la fois sur la force et le charisme de ses personnages, sur des structures narratives complexes et sur une écriture visuelle qui explique sans doute le grand nombre d'adaptations cinématographiques que ses romans ont connu.
Animés par des producteurs et productrices de France Culture, les entretiens du cycle « En lisant, en écrivant » sont réalisés en public à la BnF, puis diffusés dans la grille d'été de France Culture et disponibles en podcast. Genèse des oeuvres, sources d'inspiration, aléas de la vie quotidienne d'un auteur ou d'une auteure, édition et réception des textes – autant de sujets que ces rencontres permettent d'aborder, au plus près de la création littéraire.
En savoir plus : https://www.bnf.fr/fr/masterclasses-litteraires