Je sais qu'en cette heure tardive, je pourrais aussi bien oublier ton nom que la nourriture grâce à laquelle je subsiste. Mais que nenni : j'aurais plus tôt fait d'oublier la nourriture - elle ne rassasie que si misérablement mon corps, après tout - que ton nom, qui abreuve à la fois mon corps et mon âme, et emplit l'un comme l'autre d'une telle douceur que je ne sens ni fatigue, ni peur de la mort aussi longtemps que ma mémoire te préserve dans mon esprit. Songe un peu, si mes yeux pouvaient eux aussi recevoir leurs dû, dans quelle extraordinaire disposition je me trouverais.
~ Michel-Ange à Tommaso Cavalieri, 1533