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Citations sur La Maladie de l'Islam (38)

Christian Jambet, l'un des rares penseurs qui maîtrisent la tradition philosophique occidentale et islamique, dans ses versions arabe et persane (il est spécialiste des néoplatoniciens de Perse), enseigne notamment à Hec. Beaucoup de ses étudiants viennent de pays francophones comme la Maroc ou le Liban. Lorsque Jambet présente à son public des pensées émanant du Moyen Age islamique, et surtout lorsqu'il évoque la tradition herméneutique, très souvent ses étudiants musulmans, futurs gestionnaires du "grand capital", protestent et l'interrompent en affirmant que de telles doctrines ne peuvent appartenir à l'islam. En agissant ainsi, ils révèlent l'influence vvahhabite: amnésiques de leur propre culture, ils se croient les dépositaires du vrai islam. Et la diffusion d'un tel islam provient de l'Arabie Saoudite et de ses pétrodollars, et il prospère sur l'accumulation des échecs dont j'ai déjà dénoncé les méfaits.
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A travers l'exemple des bouddhas se révèle encore une fois le fossé creusé par les intégristes wahhabites, schématiques et unidimensionnels, pour s'éloigner de la tradition d'islam, polyphonique, interrogative, problématique, plurielle dans les réponses.
Tel est l'écart entre l'islam ancien, intelligent et aimable, et les formes politiques de l'islam actuel, bêtes et détestables.
A cette aune se mesure la distance qui sépare l'homme du ressentiment, réagissant pour abolir l'altérité, et le sujet souverain, osant se confronter à l'autre dans sa différence, pour approfondir la connaissance de soi et entretenir la diversité du monde.
De telles occultations caractérisent justement l'enseignement wahhabite, destiné à instaurer une amnésie généralisée.
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On remarquera avec quel discernement Sade n'associe pas le péril purificateur au seul islam : il en fait un problème universel et menaçant dès lors qu'au nom de la lettre pure, en quelque religion que ce soit, le zélateur cherche à créer un mouvement révolutionnaire et insurrectionnel.

Appeler à conduire les affaires humaines au nom du dieu ne peut qu'engendrer des fanatiques capables de tous les désastres.
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Cependant, un seul aspect a semblé rédhibitoire au poète allemand; c'est le despotisme de Dieu dans son interprétation islamique et le modèle qu'il constitue pour la figure qui incarne l'autorité politique; il en parle dans les notes et dissertations qui doublent le volume des poèmes de son Divan:

"Mais ce qui n'entrera jamais dans l'esprit des Occidentaux, c'est la servilité spirituelle et corporelle envers un seigneur et maître qui dérive des temps les plus anciens, où les rois prirent d'abord la place de Dieu (...) Quel Occidental pourra trouver supportable que l'Oriental non seulement frappe neuf fois la terre avec son front, mais livre sa tête au bon plaisir du roi pour qu'il en use selon son caprice ?"

Nous retrouvons finalement avec cette remarque l'incompatibilité occidentale avec le despotisme orientale.
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Il y a dans les révélations monothéistes une part guerrière, fanatique, violente, redoutable. C'est cette face que la maladie favorise. De ce point de vue, le Coran est un livre analogue à la Bible telle que la redécouvre Voltaire dans son Traité sur la tolérance. Et la maladie repérée par Voltaire chez ses coreligionnaires relève, elle aussi, de l'état maniaque:
"Le grand moyen de diminuer le nombre de maniaques, s'il en reste, est d'abandonner cette maladie de l'esprit au régime de la raison, qui éclaire lentement, mais infailliblement les hommes."
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J'aurais renvoyé de tels propos à leur vanité, à leur inanité, à leur pauvreté logique et conceptuelle, s'ils ne constituaient pas un redoutable vecteur pour la diffusion de la haine, laquelle, depuis le 11 septembre, s'avère capable de porter le crime à son sommet. (...)
Dans le texte d'al-Banna', on repère la matrice de l'anti-occidentalisme, qui s'exprime à travers un discours élémentaire, assénant ses convictions comme des évidences. Nous avons constaté combien le discours d'Ibn 'Abd al-ahhâb, homme du XVIIIe siècle, était pauvre au regard des maîtres médiévaux, et nous voici,, avec ce texte écrit en 1946, face à un discours encore plus pauvre. La médiocrité se creuse, elle est sans fond. Le nivellement par le bas semble être le signe du malheur où l'on reconnaît un des symptômes de la maladie de l'Islam. Avec pareille citation, le lecteur se trouve face à un échantillon pathétique des discours rudimentaires accueillis par les oreilles avides des semi-lettrés minés par le ressentiment.
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Ce mouvement théologique est devenu l'idéologie officielle de l'Etat -le calife en personne, al-Ma'mûn (786-833), fils de Harûn al-Rashîd, voulait l'imposer à tous ses sujets. Le pouvoir califal créa même une sorte d'inquisition (la Mihna, inaugurée en 833) pour s'attaquer très violemment à l'école littéraliste, qui était contemporaine et dont le représentant le plus éloquent était Ibn Hanbal (780 -circa855). Il importe de rappeler ce moment d'histoire parce que, dans la généalogie de l'intégrisme, il est impossible de ne pas remonter à ce personnage du IXe siècle, qui a subi les pires sévices parce que au nom de son littéralisme, il refusait d'adhérer aux thèses des Mo'tazilites. Sa résistance trouva écho et soutien auprès du peuple qui était sensible au retour à l'orthodoxie coranique.
Cependant, la grande limite du mouvement rationaliste des Mo'tazilites est qu'il n'a pas connu le couronnement des Lumières. D'abord, ses tenants ont voulu imposer leur point de vue par la plus radicale des violences, selon les moyens dont disposait le despote oriental (...)
Ensuite, l'orthodoxie fut rétablie au centre du pouvoir dès l'avénement de Mutaakkil (en 847), troisième successeur d'al-Ma'mûn; les Mo'tazilites eurent alors à subir à leur tour, jusqu'à leur marginalisation, puis leur lente mais sûre exctinction, ce qu'ils avaient fait subir à leurs adversaires- qui non seulement survécurent mais encore prospérèrent.
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En effet, si quelque autorité voulait à tout prix soumettre sa communauté à une lettre univoque, il s'avérerait pour elle nécessaire d'interdire la lecture des soufis et théosophes qui ont osé penser avec audace, comme Ibn'Arabî. Elle serait conduite à détruire les beaux textes qui ont participé à notre éveil d'adolescents. (...)
De même, il lui faudrait brûler Les Mille et Une Nuits qui ont tant marqué mes oreilles d'enfant, m'adaptant à la vérité du mal qui loge dans le monde et confirmant, par le voyage à travers les mots, l'empreinte islamique qui m'a structuré comme sujet parlant, capable de symboliser et d'imaginer pour répondre à la violence du réel.
Il faut comprendre que l'émergence de cet islam maigre et pauvre agit en premier lieu contre l'islam lui-même en tant que civilisation et culture.
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Thomas Mann eut à traiter de la maladie allemande, ce qui l'amena à écrire Docteur Faustus (paru en 1947), amplification et radicalisation de La mort à Venise (1919). L'auteur y dénonce l'excès d'esprit prométhéen qui apporta tant de nuisances à la pensée et à l'art allemands et, par voie de conséquence, au peuple germanique lui-même.
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Depuis longtemps, je fais de la séparation des instances un art de vivre, pour n'être pas victime de la réduction qu'impose la logique de la raison.

En politique, j'use de prudence, de modération, de bon sens, je me déclare réaliste et terrestre et me soumets aux enseignements d'Aristote, Voltaire, Kant. Bref, dans ce champ, je me projette appolinien.

Alors qu'en poésie, en art, dans l'aventure de l'expérience intéreieur, je me transforme en homme de l'excès, de la démesure, je deviens céleste, je cingle dans le sillage de Platon, Rousseau, Nietzsche, Georges Bataille. Et je me découvre dyonysiaque. Dans cette logique paradoxale, l'amour des "Lumières" ne me conduit pas à occulter la face enténébrée de l'homme.
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