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EAN : 9782020788472
222 pages
Seuil (28/01/2005)
4.05/5   11 notes
Résumé :
Si, selon Voltaire, l'intolérance fut la maladie du catholicisme, si le nazisme fut la maladie de l'Allemagne, l'intégrisme est, comme le démontre ce livre, la maladie de l'islam.
Pour comprendre la genèse de cette maladie, il faut remonter loin dans l'histoire, à la Médine du Prophète (VIIe siècle), à la ville de Bagdad au temps des Abassides (IXe siècle), à celle de Damas au XIVe siècle... C'est à ce voyage que nous invite ce livre, pour comprendre les rais... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Les voies qui nous amènent à nous intéresser aux choses sont parfois tortueuses ou imprévues. Rien ne me prédisposait à lire Meddeb sans un tweet d'août 2016 que Xavier Marquet, rédacteur en chef de TV5MONDE, avait intitulé "En Marche Vers l'Au-Delà" et que vous trouverez ci-dessous en lien (lisez-le!)

Donc, pour résumer, Meddeb entend départager si l'Islam est seulement malade ou carrément une maladie (d'où l'ambiguïté apparemment voulue du titre). Il n'envisage pas la possibilité que l'Islam soit organiquement "sain" tel qu'il est, suivant sa propre logique interne et son rapport à l'écosystème "Monde", ce qui - qu'on soit d'accord ou non - laisse l'édifice bancal.

Il y a quelques points valables, mais mal exploités, comme, par exemple, le fait que l'impérialisme mondialisateur force toute opposition, même laïque, même légale, et surtout légitime, à endosser l'étiquette "islamiste", ce qui la discrédite aux yeux de l'opinion internationale, permet d'étouffer les revendications strictement juridiques et politiques, et enfin de l'instrumentaliser à volonté en provoquant une instabilité géopolitique qui justifie l'interventionnisme pour des raisons soi-disant "humanitaires". Mais là, je vais déjà beaucoup plus loin que Meddeb. Nulle part il ne s'aventure à effleurer ne serait-ce que légèrement les paramètres parfaitement identifiés d'une stratégie du chaos planifiée à l'échelle mondiale.

Mais surtout, chez Meddeb, il y a un mélange complètement hétéroclite de cas sans aucun rapport les uns avec les autres et dont on se demande s'il les mélange par naïveté, par manque d'imagination, ou par conformité à un politiquement correct typiquement germanopratin. Ainsi, on est vraiment très surpris d'assister, pêle-mêle, à la "comparaison" de l'IRA, du catholicisme, d'Hitler (bien entendu, que serait un bouquin qui oublierait Hitler au XXIe siècle!), de l'ETA, et du 11 septembre (hein??) Tout ça n'a AUCUN rapport. Espérons que cette confusion n'est qu'une maladresse et non du confusionnisme pour noyer le problème.

J'ajoute au passage que, pour n'être aucunement catholique, je n'en connais pas moins très bien les évangiles et que je n'y ai vu aucune injonction au meurtre, à la guerre ou à la conquête et qu'en conséquence, la "maladie" du catholicisme n'avait rien d'incurable. Mais c'est vrai que Meddeb se réfère principalement à la Bible, c'est-à-dire à l'Ancien Testament.

Enfin, il y a des évidences, mais là aussi, traitées bizarrement. Ainsi, Meddeb nous explique que les actes comme celui du 11 septembre traduiraient en gros un réflexe d'auto-défense.... parce que le terrorisme, c'est la seule arme qui reste à l'opprimé sans moyens pour se faire entendre de l'oppresseur.

Alors, là, non, ça, ça ne passe pas. Encore une fois on mélange tout, et je trouve à ce mélange un caractère franchement pervers. Car ce sont les anarchistes russes et français qui ont élaboré le principe de la "propagande par le fait" (ou "par l'action"). Jamais ces anarchistes ne prenaient comme cible des innocents. Jamais. Ainsi, quand le 9 décembre 1893, Auguste Vaillant place la bombinette qui l'enverra à l'échafaud, c'est dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale, pas dans une pouponnière, pas dans les bureaux d'une petite administration.

De même, ceux qui s'inspirent des méthodes anarchistes comme le Russe blanc Paul Gorgulov ne commettent aucun dégât collatéral et ne tuent ni femme ni enfant ni personne en dehors de leur cible. L'assassinat de Paul Doumer, le 6 mai 1932 à l'hôtel Salomon de Rothschild n'a fait aucune autre victime.

Donc, en fait, Meddeb - sous prétexte de réfuter les "amalgames" à sens unique (d'ailleurs il y a dans tout le livre une tonalité victimaire de basse intensité, mais lancinante, et un petite musique d'inversion accusatoire) - amalgame en revanche sans complexe les peuples "d'Occident" et leurs gouvernements dont il sait pertinemment qu'ils ne les représentent plus en RIEN. N'a-t-on pas assez répété "Not In My Name!" quand on bombardait l'Irak, la Lybie, la Syrie? N'a-t-on pas été assez nombreux, nous autres en Occident, de gauche, de droite, d'extrême gauche, d'extrême droite, les sans-parti, les "au-dessus des partis"... à dire que nous étions CONTRE? Donc où est la justification des camions fonçant dans une foule d'enfants à Nice un 14 juillet ou sur un marché de Noël? Et même s'il faut se montrer très prudent avec le 11 septembre (que Meddeb incorpore à son propos sans un gramme de recul), où serait la "culpabilité" de:

- Christine Lee Hanson, 2 ans, vol 175, à destination de Disneyland
- David Gamboa-Brandhurst, 3 ans, vol 175
- Juliana Valentine McCourt, 4 ans, vol 175
...etc.

Elle est OU? Quel était leur rapport avec G.W. Bush et son armée de MERCENAIRES? Non, mon vieux, non. N'insulte pas notre intelligence à ce point-là.

Je passe sur les antiennes moisies de la gauche bien-pensante (qu'on est censé ressasser comme des mantras pour s'aveugler sur la réalité). Par exemple, Meddeb suggère fortement la contre-vérité stupide que le terrorisme serait associé à l'imbécillité et au manque d'éducation. Or il est remarquable que la plupart des chefs terroristes recensés ont au contraire un pedigree impressionnant: quotient intellectuel très supérieur à la moyenne, études supérieures (ingénieurs, médecins, universitaires, etc.) Donc, là encore: mauvaise foi? On est sérieusement tenté de s'interroger.

Reste aussi à éclairer des points qui demeurent étonnamment dans l'ombre de l'analyse. Meddeb suggère que "les Occidentaux" (les gouvernements?) sont hypocrites et ne font semblant de respecter la différence de l'autre que tant qu'ils peuvent l'exploiter, et pour mieux l'abolir en substance afin de la neutraliser. Même si ce n'est pas la vérité, il y a "du" vrai, là-dedans. Mais d'abord cela ne touche pas que les seuls Musulmans. La mise au pas est générale. Ensuite, il y a le problème de fond à aborder: l'Islam est-il compatible avec l'histoire, la culture, les lois, la façon dont les Européens se sont conçus pendant presque un millénaire et demi en dehors de (et en opposition à) la sphère d'influence de l'Islam et avec la façon dont ils ont pris l'habitude de se projeter dans l'avenir? Avec ce qu'ils conçoivent comme "Progrès", c'est à dire comme le développement de l'être historique qui leur est propre? Ne pas avoir touché à ça, c'est ne rien avoir traité du tout!
Lien : https://twitter.com/xavierma..
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"Qui diagnostique le mal prescrit le remède".
1/Repérer les causes de la maladie: a/ causes internes b/causes externes
2/ Ne pas confondre le malade avec sa maladie, même si on a trouvé la part indéniable qui y prédispose.
Dans la confusion générale actuelle, qui soulève un tourbillon de passions, voilà un essai remarquablement bien mené qui remet chaque chose à sa place et qui peut nous aider à garder l'esprit lucide.
Au lieu de commencer par rejeter notre part d'ombre sur les autres, comme c'est très souvent le cas, l'auteur nous propose de suivre une méthode beaucoup plus efficace: commencer par faire le ménage devant sa propre porte! et il a raison!
Ici, pas de légion d'honneur pour les pharisiens et les hypocrites!
Sous une plume savante et assérée comme un fouet, les wahhabites haineux et fanatiques à l'âme toute crottée (et autres maniaques du genre), se sont ramassés une belle féssée déculottée!
et çà vaut pour tout le monde!

"Il y a dans les révélations monothéistes une part guerrière, fanatique, violente, redoutable. C'est cette face que la maladie favorise. de ce point de vue, le Coran est un livre analogue à la Bible telle que la redécouvre Voltaire dans son Traité sur la tolérance. Et la maladie repérée par Voltaire chez ses coreligionnaires relève, elle aussi, de l'état maniaque:
"Le grand moyen de diminuer le nombre de maniaques, s'il en reste, est d'abandonner cette maladie de l'esprit au régime de la raison, qui éclaire lentement, mais infailliblement les hommes."
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Citations et extraits (38) Voir plus Ajouter une citation
Christian Jambet, l'un des rares penseurs qui maîtrisent la tradition philosophique occidentale et islamique, dans ses versions arabe et persane (il est spécialiste des néoplatoniciens de Perse), enseigne notamment à Hec. Beaucoup de ses étudiants viennent de pays francophones comme la Maroc ou le Liban. Lorsque Jambet présente à son public des pensées émanant du Moyen Age islamique, et surtout lorsqu'il évoque la tradition herméneutique, très souvent ses étudiants musulmans, futurs gestionnaires du "grand capital", protestent et l'interrompent en affirmant que de telles doctrines ne peuvent appartenir à l'islam. En agissant ainsi, ils révèlent l'influence vvahhabite: amnésiques de leur propre culture, ils se croient les dépositaires du vrai islam. Et la diffusion d'un tel islam provient de l'Arabie Saoudite et de ses pétrodollars, et il prospère sur l'accumulation des échecs dont j'ai déjà dénoncé les méfaits.
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Ce mouvement théologique est devenu l'idéologie officielle de l'Etat -le calife en personne, al-Ma'mûn (786-833), fils de Harûn al-Rashîd, voulait l'imposer à tous ses sujets. Le pouvoir califal créa même une sorte d'inquisition (la Mihna, inaugurée en 833) pour s'attaquer très violemment à l'école littéraliste, qui était contemporaine et dont le représentant le plus éloquent était Ibn Hanbal (780 -circa855). Il importe de rappeler ce moment d'histoire parce que, dans la généalogie de l'intégrisme, il est impossible de ne pas remonter à ce personnage du IXe siècle, qui a subi les pires sévices parce que au nom de son littéralisme, il refusait d'adhérer aux thèses des Mo'tazilites. Sa résistance trouva écho et soutien auprès du peuple qui était sensible au retour à l'orthodoxie coranique.
Cependant, la grande limite du mouvement rationaliste des Mo'tazilites est qu'il n'a pas connu le couronnement des Lumières. D'abord, ses tenants ont voulu imposer leur point de vue par la plus radicale des violences, selon les moyens dont disposait le despote oriental (...)
Ensuite, l'orthodoxie fut rétablie au centre du pouvoir dès l'avénement de Mutaakkil (en 847), troisième successeur d'al-Ma'mûn; les Mo'tazilites eurent alors à subir à leur tour, jusqu'à leur marginalisation, puis leur lente mais sûre exctinction, ce qu'ils avaient fait subir à leurs adversaires- qui non seulement survécurent mais encore prospérèrent.
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A travers l'exemple des bouddhas se révèle encore une fois le fossé creusé par les intégristes wahhabites, schématiques et unidimensionnels, pour s'éloigner de la tradition d'islam, polyphonique, interrogative, problématique, plurielle dans les réponses.
Tel est l'écart entre l'islam ancien, intelligent et aimable, et les formes politiques de l'islam actuel, bêtes et détestables.
A cette aune se mesure la distance qui sépare l'homme du ressentiment, réagissant pour abolir l'altérité, et le sujet souverain, osant se confronter à l'autre dans sa différence, pour approfondir la connaissance de soi et entretenir la diversité du monde.
De telles occultations caractérisent justement l'enseignement wahhabite, destiné à instaurer une amnésie généralisée.
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J'aurais renvoyé de tels propos à leur vanité, à leur inanité, à leur pauvreté logique et conceptuelle, s'ils ne constituaient pas un redoutable vecteur pour la diffusion de la haine, laquelle, depuis le 11 septembre, s'avère capable de porter le crime à son sommet. (...)
Dans le texte d'al-Banna', on repère la matrice de l'anti-occidentalisme, qui s'exprime à travers un discours élémentaire, assénant ses convictions comme des évidences. Nous avons constaté combien le discours d'Ibn 'Abd al-ahhâb, homme du XVIIIe siècle, était pauvre au regard des maîtres médiévaux, et nous voici,, avec ce texte écrit en 1946, face à un discours encore plus pauvre. La médiocrité se creuse, elle est sans fond. Le nivellement par le bas semble être le signe du malheur où l'on reconnaît un des symptômes de la maladie de l'Islam. Avec pareille citation, le lecteur se trouve face à un échantillon pathétique des discours rudimentaires accueillis par les oreilles avides des semi-lettrés minés par le ressentiment.
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Cependant, un seul aspect a semblé rédhibitoire au poète allemand; c'est le despotisme de Dieu dans son interprétation islamique et le modèle qu'il constitue pour la figure qui incarne l'autorité politique; il en parle dans les notes et dissertations qui doublent le volume des poèmes de son Divan:

"Mais ce qui n'entrera jamais dans l'esprit des Occidentaux, c'est la servilité spirituelle et corporelle envers un seigneur et maître qui dérive des temps les plus anciens, où les rois prirent d'abord la place de Dieu (...) Quel Occidental pourra trouver supportable que l'Oriental non seulement frappe neuf fois la terre avec son front, mais livre sa tête au bon plaisir du roi pour qu'il en use selon son caprice ?"

Nous retrouvons finalement avec cette remarque l'incompatibilité occidentale avec le despotisme orientale.
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Videos de Abdelwahab Meddeb (13) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Abdelwahab Meddeb
1/5 L'émission “À voix nue” diffusée du lundi au vendredi sur France Culture se consacre pendant une semaine à délivrer sous forme d'hommage des entretiens avec le poète, islamologue, essayiste et romancier, Abdelwahab Meddeb. 1) Portrait du poète en soufi : diffusion le 22 décembre 2014.
Par Christine Goémé. Réalisation : François Caunac. Attachée d'émission : Claire Poinsignon
Cette série d'émissions a été enregistrée dans d'étranges conditions : notre ami, Abdelwahab Meddeb, était très gravement malade et se savait perdu. Mais il avait décidé de faire face jusqu'au bout. Né à Tunis en1946, Abdelwahab Meddeb était philosophe, romancier, essayiste et homme de radio. Il est mort à Paris le 6 novembre 2014. Dans son émission hebdomadaire du vendredi, « Cultures d'Islam », il a fait connaître pendant 17 ans tous les aspects de l'Islam spirituel dont il mobilisait avec un savoir immense les ressources poétiques, esthétiques et théoriques. Sa conception de l’Islam était l'antidote le plus efficace contre l'Islam radical. Il a analysé dans plusieurs livres importants, ce qu'il appelait « la maladie de l'Islam ». Lui-même se réclamait d'une tradition bien plus riche et bien plus ancienne, celle du soufisme, incarnée notamment par la figure du grand maître de la fin du XII° siècle et du début du XIII°, Ibn'Arabi. Pour Ibn'Arabi comme pour Abdelwahab Meddeb, l'essence divine est certes une et inconnaissable, mais elle se dévoile dans la diversité des créatures. Abdelwahab aimait citer ce vers d' Ibn'Arabi : «Mon cœur est capable d'accueillir toutes les formes ». Cette branche de l'Islam, pour laquelle la femme est un guide vers le Beau et vers l'amour, promeut l'hospitalité, l'accueil de l'étranger, la générosité, la bienveillance, le dialogue, et le débat, et bien entendu la sagesse et la connaissance. Cet Islam-là place au coeur de son dispositif l'imagination créatrice : Abdelwahab Meddeb était avant tout poète... Son dernier livre, paru quelques jours avant sa mort, s'intitule “Portrait du poète en soufi” (éd. Belin).
Source : France Culture
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