Regard accaparé
par la beauté
la vie devient chant
(Louis Calaferte,
p. 105)
Dans le prunier blanc
la nuit désormais
se change en aube
Buson
Au milieu de la nuit
un vent bleu
hurle autour d'une maison
Kenneth White
Nous devrons vivre
Avec l'herbe apaisée
et le rire des catacombes
(Tomas Tranströmer
p. 55)
Gouffres et sombres abysses
révélant
des jardins de délices
(Kenneth White)
en exergue, une phrase de Roland Barthes est un bon rappel :
le haïku n’est pas une pensée riche réduite à une forme brève, mais un évènement bref qui trouve d’un coup sa forme juste
et p. 17 Santoka enfonce le clou : « Tout ce qui n’est pas réellement présent dans le coeur ne relève pas du haïku« …
Voici un extrait de la présentation du livre qui souligne toute la force de ce type d’écriture : De l’ordinaire extraire l’extraordinaire. Telle est la force du poème court japonais, le haïku, considéré comme la forme littéraire zen par excellence. Il met en œuvre le satori, suspension du temps, il saisit le merveilleux tapi au cœur de l’ordinaire, l’absolu au cœur du relatif, le sacré au cœur du banal. Une émotion, une intuition, un sentiment, une perception au sommet d’une montagne, dans un jardin, en pleine tempête ou au coin de la rue ; dans sa fugacité même, un instant est saisi au vol.
Franck Médioni qui a choisi et commenté les haïku reprend à la fin de son introduction une très jolie formule : le haïku est fragile comme l’aile d’un papillon pour en souligner l’exigence scripturale.
Au-delà du silence immobile
ah!
ce rire dans l'air
Kenneth White