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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Un joyau dans la cuvée littéraire de l'année 2012 !
Eva dormait lorsqu'un petit paquet est arrivé pour elle et que sa maman l'a renvoyé à l'expéditeur : 1397km aller et pareil au retour, de la Calabre jusqu'au Sud-Tyrol ou Haut-Adige, c'est selon... 30 ans plus tard, Eva entreprend de faire ce voyage, les yeux grand ouverts sur son pays, pour retrouver l'expéditeur ; au fil des kilomètres qui la séparent de la Calabre, on découvre l'histoire du Haut-Adige, une région insolite et meurtrie de la frontière austro-italienne, détachée de l'Autriche pour être attribuée à l'Italie en dépit de ses habitants très majoritairement germanophones, italianisée par la force dans la violence et le déni des cultures, terreau de terrorisme... Histoire identitaire donc, histoire de l'Italie, oui mais c'est aussi un exceptionnel portrait de femme : celui de Gerda, bouleversante beauté nordique, mère célibataire dans une région pauvre et reculée dans l'Italie d'après-guerre, luttant pour conserver son emploi de cuisinière dans un grand hôtel, avec sa fille, Eva. Mais qu'on ne s'y trompe pas, aucune mièvrerie dans cette histoire là, il ne s'agit pas d'un roman à l'eau de rose et loin s'en faut. Avec une construction impeccable, un texte très maîtrisé restituant à merveille les particularismes régionaux, une écriture lumineuse et pleine d'humour, Francesca Melandri réussit là un magnifique premier roman empreint d'une émotion palpable, un roman qui envoûte de la première à la dernière ligne, Sans aucun doute, un des meilleurs romans de l'année, UNE VRAIE RÉUSSITE A NE PAS MANQUER !
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Excellent roman, qui, sur le thème de l'autonomie de la région du Haut Adige, aussi appelé Tyrol du Sud, entrelace un récit consacré à la figure de la mère de la narratrice, Gerda, et à son difficile parcours de mère célibataire ayant réussi à la force des poignets, avec des chapitres d'aujourd'hui où l'héroïne, Eva, traverse l'Italie en train pour retrouver son presque père, le calabrais Vito, le compagnon que Gerda n'a pas pu épouser et dont les jours sont désormais comptés par la maladie.
Travail de mémoire, ce livre est presque autant consacré à la solitude de Gerda, abandonnée par son père, un homme dur et insensible, qui la confie très jeune comme aide à la cuisine d'une grand hôtel, où elle se fera faire un enfant par un fils à papa irresponsable, qu'à la question de cette région germanophone qu'est le Haut Adige. Terre rattachée à l'Italie par une des nombreuses aberrations du Traité de Versailles, ce Tyrol du Sud totalement autrichien de coutumes et de langue, fut italianisé de force par le fascisme, sans grand résultat, si ce n'est l'appauvrissement et la perte de repère des paysans incapables de la moindre démarche officielle en italien. L'histoire de cette région fut particulièrement douloureuse pendant la seconde guerre mondiale, ceux qui refusaient les sirènes du nazisme étant rejetés de toutes parts. Même dans les années 60 de nombreux attentats séparatistes agitent la région... La famille de Gerda n'est pas à l'écart de ces déchirements car son père a choisi — mal lui en a pris — le Reich nazi, tandis que son frère est un terroriste indépendantiste qui le paiera de sa vie, mais surtout la division est dans les âmes, dans ce monde de tradition où tout se pense en allemand et où chacun peine à se sentir italien.
Le rapport entre Gerda, cette femme indépendante, belle et volontaire qui, sans instruction ni formation, se retrouve à la tête des cuisines du grand hôtel de Bolzano, et sa fillette Eva née hors mariage, est émouvant car elle doit laisser l'enfant à des voisins accueillants qui lui feront place au sein de leur grande famille... La petite Eva, toujours anxieuse de retrouver sa mère à la basse saison hôtelière, mène cependant une vie normale aux côtés de son cousin préféré Ulli et de sa famille adoptive. Pour elle s'ouvre une période de grand bonheur quand Gerda se lie avec le brigadier calabrais Vito, paternel et humain, qui ne peut cependant épouser celle qu'il aime, en partie en raison de l'éloignement et de la différence de leurs régions d'origine.
Cette Italie si longue à traverser et si diverse dans ses régions, ses coutumes ou ses dialectes, son nord prospère et son mezzogiorno si différent, est aussi la réalité à laquelle se réfère Eva dans son long voyage en train qui parcourt la botte italienne et lui permet de visualiser les facettes variées de son pays - qui n'est pas seulement son Heimat tyrolien natal.
Une très belle écriture, excellemment traduite par Danièle Valin, donne chair et épaisseur à ce voyage dans le temps et dans l'espace, de même que la composition habile qui laisse le lecteur haletant, allant de l'angoisse à la tendresse, de l'émotion à la réflexion. On pourrait peut-être noter quelques longueurs sur la question politique de l'autonomie du Haut Adige, mais elles sont rachetées par un final où les retrouvailles d'Eva et de Vito mourant sont évoquées avec pudeur et sensibilité. D'autres thèmes s'entrecroisent comme celui de la paternité, au coeur du livre, et celui de l'homosexualité, niée ou rejetée par cette société alpine traditionnelle. Cela ne fait qu'ajouter à la richesse de l'oeuvre, une véritable réussite.
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Qu'ajouter aux commentaires précédents ? Rien. Et pourtant,je veux dire à quel point cette histoire sur trois générations est particulièrement bien transmise.
Tous les personnages,même très secondaires, ont une existence palpable.
J'ai découvert le désarroi du sud du Tyrol qui,en 1919,suite à le défaite de l'empire austro-hongrois ,s'est trouvé rattaché à l'Italie et à l'arrogance du régime de Mussolini.
Cette tranche d'histoire sanglante, que je ne connaissais pas ,démontre bien,s'il en est besoin, l'absurdité des découpages arbitraires des territoires ,après guerres ou après colonisation.
le talent de l'auteur est de mêler évènements réels à ceux de fiction.
Mon plaisir et mon intérêt n'ont pas faibli tout au long de cet excellent ouvrage.
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Eva, une jeune femme libérée et moderne entreprend un long voyage en train de mille trois cent quatre-vingt-dix-sept kilomètres, du nord au sud de l'Italie. Elle veut voir celui qu'elle a considéré comme un père et qui, sous le poids des traditions, n'a pu vivre avec sa mère. Il est mourrant.
Les paysages défilent et en flash-back on découvre toute l'histoire d'Eva, celle de Gerda sa mère et celle de son Sud-Tyrol natal.
Je ne connaissais pas l'histoire compliquée du Tyrol du sud avant de lire ce livre. Pourtant cette région pauvre avant l'arrivée du tourisme de masse et des sports d'hiver a été souvent opprimée. le fascisme a essayé de l'italianiser de force et encore dans les années 70 le terrorisme pour besoin d'indépendance était présent.
Petite et grande histoire : j'ai eu l'impression de voyager avec Eva et de mieux comprendre ce qu'est l'Union européenne. C'est un coup de coeur
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Un roman en forme de fresque historique et familiale dans le Haut Adige / Südtirol de 1919 à nos jours. Un roman qui mérite un large détour, comme le mérite ce Südtirol au destin épique.
Le sud du Tyrol a été donné à l'Italie en 1919 alors que le Traité de Versailles scelle juridiquement la paix de la première guerre mondiale. Mais quid de ces populations allemandes qui se retrouvent du jour au lendemain en territoire italien ?

Francesca Melandri, au travers du destin de la famille Huber, va nous conter l'aventure de ce territoire alpin, "plus connu pour sa géographie que pour son histoire".

Eva, la fille de Gerda, traverse toute l'Italie du nord au sud pour se rendre au chevet de Vito, un ancien carabinier en poste au Tyrol du Sud. Pendant ce voyage long de 1397 km elle nous livre ses réflexions. Ces chapitres alternent avec une progression chronologique de la vie familiale et de la vie politique de ceux qui cherchent la reconnaissance de leur identité culturelle. Ce voyage est un double voyage.

C'est une histoire forte que celle de Gerda, fille mère et de la petite Eva, des personnages peints avec tendresse et passion, des caractères à la fois bien trempés et empreints de doute, qui mènent une vie qui ne les épargne pas entre travail "d'esclave" et séparations. le contexte géopolitique va marquer les familles sur des générations, entre ceux qui rejoindront les rangs nazis à la fin des années 30, ceux qui émigreront vers les terres germaniques du Reich, ceux qui resteront malgré eux, et plus tard, ceux qui se battront violemment et ceux qui chercheront le compromis avec l'Etat italien pour pour la reconnaissance. Que de péripéties !

Francesca Melandri maîtrise son sujet et tient le lecteur en haleine. Elle dépeint une société complexe avec justesse et sans jamais sombrer dans la facilité ou la caricature et les questions des rapports sociaux ne sont pas éludés (poids de la tradition, fille-mère dans les années '60, perception de l'homosexualité ...). C'est fin. Bravo.

Un très bon roman à lire. Il permet de découvrir une région particulière et une problématique que la France ignore superbement : le combat des minorités ethniques face au rouleau compresseur de la république une et indivisible. Un nouveau coup de coeur, à faire partager.

Lien : http://animallecteur.canalbl..
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Formidable roman qui mêle avec adresse la petite et la grande histoire ... Celle de l'attachante famille Uber dans le sud-tyrol/alto-adige du nord italien, entre 1919 et nos jours... Très beaux portraits de femmes, habileté dans la gestion des flahs-backs qui enrichissent peu à peu la narration et belle écriture/traduction... L'air de rien Francesca Melandri en dit beaucoup, en à peine 400 pages, sur l'histoire italienne du 20e siècle avec une mention toute particulière pour les passages en cuisine. Captivant.
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Eva, jeune femme moderne, parcourt l'Italie du nord au sud en train pour rejoindre un certain Vito qui vit ses derniers jours. En parallèle, nous remontons dans le passé en découvrant le Haut-Adige en 1918. Cette région d'Italie, partagée entre les communautés italophone et germanophone, connaît alors une période trouble. L'auteur nous la décrit avec brio à travers le parcours de Gerda, la mère d'Eva.
Alternant les deux époques, nous entrons dans l'intimité de ces deux femmes au caractère trempé, éprises de liberté et d'indépendance, chacune à sa manière.
Faits historiques, amours, quêtes d'identité et secrets de famille se mêlent adroitement. L'écriture est claire et équilibrée. le tout est beau, sensible et lumineux. Les personnages sonnent justes et gardent confiance en la vie quoi qu'il advienne. J'ai adoré.
Et si les femmes dorment, les hommes ne doivent pas croire qu'ils vont faire tourner le monde à leur guise…
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Eva, moderne quadra italienne, rejoint la Calabre pour y retrouver un homme qui a beaucoup compté dans son enfance. Amant de sa mère, Gerda, attentif et aimant avec cette fillette sans père, il a disparu brutalement de sa vie: absence inexpliquée et souffrance dont elle n'a jamais guéri. Pendant son long trajet en train, elle se remémore son enfance, sa vie avec Gerda, mère célibataire dans les années 50, qui s'est sortie de la misère « à la force du poignet ». Résumé ainsi, rien de bien nouveau, me direz vous. ? Et bien si… car son originalité tient dans le fait que la destinée de ses personnages est intimement liée à celle de leur terre : le Tyrol du Sud. A travers leurs vies, nous est contée l'histoire de ces hommes et femmes, nés autrichiens, et qui deviendront italiens, en 1919, lors de la cession de cette région à l'Italie. de langue et de traditions germaniques, ils vont subir l'italianisation forcée voulue par Mussolini et poursuivie par l'état républicain : manifestations pacifiques contre les discriminations, puis actions « terroristes » contre les répressions, lutte armée (marginale) et intervention de l'armée…60 ans de combats et d'incompréhensions jusqu'à l'obtention pour le Tyrol du Sud devenu le Trentin- Haut Adige du statut de région autonome !
Une page d'histoire méconnue , une intrigue sans mièvrerie et bien menée, de beaux portraits de femmes avec lesquelles nous faisons vite cause commune, une écriture agréable, une belle fin émouvante : tous les éléments pour un bon roman à lire sans tarder !
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Qui peut imaginer la souffrance d'un peuple frontalier qui, du jour au lendemain, par la folie de la guerre, doit être assimilé à un côté de la frontière ?
Sans préparation aucune, ne parlant pas la même langue, cohabitant de loin et dans la défiance avec des italiens du sud que rien ne peut rapprocher de ces Allemands devenus Italiens.
L'histoire de Haut Adige est aussi captivante et instructive que celui d'une gamine trop tôt mère qui va gagner sa liberté au mépris de l'hostilité de la société.
La destinée de cette mère et de cette fille traverse l'histoire d'après-guerre jusqu'à aujourd'hui, magnifiquement écrit, émouvant sans jamais de pathos, encore une superbe histoire de femmes.
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Ce roman, très bien documenté, m’a fait découvrir un pan d’histoire de l’Italie que je ne connaissais pas : le Tyrol du Sud, région germanophone faisant partie de l’Autriche-Hongrie, a été rattaché à l’Italie suite aux traités mettant fin à la Première Guerre mondiale.

C’est dans cette région du Haut-Adige et sur fond d’Histoire, que le livre relate la saga d’une famille et d’une communauté germanophone isolée et rejetée par une nation en proie aux difficultés économiques et sociales, puis à la montée d’un fort nationalisme, l’arrivée du fascisme et de la 2e Guerre Mondiale, l’instabilité politique d’après-guerre et les années ‘’de plomb’’ pendant lesquelles ont sévi des groupuscules révolutionnaires ; le statut d’autonomie, maintes fois promis, ne sera appliqué qu’au début des années 90 et, ‘’Un matin du printemps de 1998, à la suite des accords de Schengen, en présence des autorités italiennes et autrichiennes, on enleva la barrière séparant les deux pays au col du Brenner. Plus aucune frontière physique ne séparait le Tyrol du Sud de l’Autriche, sa terre mère perdue’’ (citation du roman).
La saga est passionnante avec une large palette de personnages, le fil rouge étant Eva et sa mère Gerda.

J’ai beaucoup aimé la structure du roman : les chapitres alternent présent et passé relatés par Eva. Le présent est un voyage en train la menant du Haut Adige en Calabre (un chapitre = une étape) : des descriptions magnifiques et pleines de sensibilité des différentes régions traversées et de la diversité des paysages. A chaque chapitre de ce présent qui mène Eva vers un personnage qui a marqué son enfance répond un chapitre dans lequel elle évoque la vie de sa mère, sa propre vie et celle de sa communauté dans l’ordre chronologique : un puzzle sur fond d’Histoire.

Un très beau premier roman et un excellent auteur à découvrir.
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