Mary Cassatt fut bien cette artiste entre deux mondes, significative de ce croisement culturel entre les deux continents à l'époque ou l'un et l'autre prennent, à des rythmes et avec un passé différent, un nouvel essor industriel.
Les impressionnistes après avoir déstructuré le monde compact aux volumes fermes, aux perspectives immuables de l'art classique, ont inventé cette nouvelle représentation d'un monde instable et singulier qui fondera leur succès mondial actuel.
Peinture, dessin, et gravure se mêlent dans tous leurs procédés jusqu'à l'extrême: les variations d'encrage d'une épreuve à l'autre, la multiplication des états, l'estampe rehaussée de pastel ou le monotype que Degas, Pissaro et Cassatt pratiquèrent les premiers.
La nouveauté de l'estampe impressionniste, c'est que tout l'arsenal encore largement tourné vers la reproduction, fut mise au service de l'invention.
Contrairement à l'usage qui était de respecter les règles d'une sortie d'écriture laborieuse de la gravure par un réseau de traits plus ou moins réguliers, elle travaille ses planches comme des tableaux en apportant des teintes, des glacis, des transparences et des opacités, des effets de texture et de matière que l'eau forte n'avait jamais connus.
Au fil du temps le personnage et l'œuvre de Mary Cassatt s'affirment dans l'histoire de l'impressionnisme. les raisons pour lesquelles elle apparaît de plus en plus comme une figure emblématique de cette période de l'art sont celles, qui au début de sa carrière, auraient pu la condamner: c'était une étrangère, une femme, et elle consacrait à l'estampe, art frivole et populaire, l'énergie et le temps et le talent qu'on aurait pu lui reprocher de volet à la peinture.
L'œuvre gravé de Mary Cassatt participe pleinement au renouveau de la pratique de la gravure initiée par les impressionnistes: exploration de toutes les techniques (eau forte, monotype, pointe sèche, aquatinte), gout pour les différents états de l'œuvre et les tâtonnement du processus créateur, fascination pour la gravure japonaise.